- C’est la vie, le troisième opus du groupe niçois Hyphen Hyphen paraît ce vendredi 20 janvier.
- Cet album comporte douze titres, teintés de positivité et de résilience. Il a été conçu pendant une période marquée par les crises et les discours de haine.
- « Il y a une forme de décadence de ce monde et si nous ne proposons pas une porte de sortie à tout ça en tant qu’artistes, on peut être très moroses », explique Santa, la chanteuse du trio à 20 Minutes.
Epidémies, montée des haines, homophobie latente, harcèlement scolaire… Hyphen Hyphen a vécu ces dernières années comme l’ensemble des Français et Françaises, chahuté entre les crises successives et confiné dans les studios ICP à Bruxelles. Avec C’est la vie, son troisième album, le groupe veut « danser sur ses peines » et propose un regard résilient sur le monde qui l’entoure.
Depuis la sortie des titres Like Boys et Mama Sorry dans leur précédent album HH, le trio est identifié comme ouvertement queer. Une image désormais revendiquée par ses membres. « On ne voulait plus se cacher, on avait besoin de le dire. Moi ça m’a fait du bien de m’assumer », assure Line, la bassiste, à 20 Minutes. « Dans le monde dans lequel nous vivons, il est malheureusement encore politique d’être queer. On s’affirme car ça permet de se sentir forts et fiers ensemble. Tant qu’il faudra, nous serons engagés », promet Santa, dont la voix éraillée transcende les chansons de ce nouvel opus. Avec Adam, à la guitare, ils forment un trio résolument pop, fier et engagé.
Avec ces douze nouveaux titres, Hyphen Hyphen poursuit le processus de métamorphose de ces amis dont la rencontre s’est faite au lycée. Chacun a le droit d’y prendre sa place dans un espace qu’ils veulent « safe » où chacun peut être qui il a envie d’être. Une ambition qui prévaudra lors d’une tournée que les trois artistes annoncent « folle ».
Porte de sortie à la « décadence »
C’est le soir du 14 juin 2019 que l’aventure C’est la vie est amorcée. Tout juste sorti de son concert au Zénith de Paris, le trio est surpris par Glen Ballard dans les loges. Le producteur et compositeur est à Paris pour travailler sur la bande originale de The Eddy pour Netflix. Il a assisté au concert. Récompensé par six Grammy Awards, le musicien a travaillé avec Michaël Jackson, Katy Perry ou encore No Doubt. « Il nous a invités dans l’appartement qu’il occupait à Paris le lendemain et c’est là qu’est né Don’t wait for me », rembobine Line.
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La collaboration s’est poursuivie au fil de la conception de ce nouvel album. « Ça a été hyper fluide, hyper simple », se souvient Adam, le guitariste. Mais la conception du disque n’a pas échappé à la fébrilité, d’abord avec la pandémie de Covid et ses multiples confinements. Ensuite avec la présidentielle qui a été une tribune pour des « fachos méchants », estime Line sans nommer de candidat ou de candidate. « Il y a une forme de décadence de ce monde et si nous ne proposons pas une porte de sortie à tout ça en tant qu’artistes, on peut être très moroses », renchérit Santa.
Pour cette raison, la première version de ce troisième album, « ultradéprimante », n’a pas été retenue. Les trois amis sont retournés en studio, ont retiré la moitié des chansons de cette mouture et en ont écrit cinq nouvelles pour faire pencher le tout du côté positif. « C’est là que le nom C’est la vie est arrivé », précise Line.
« Pousser la chance du bon côté »
Le trio raconte avoir fait partie des exclus du collège puis du lycée. Marginaux, les trois amis assurent désormais avoir transformé leurs souffrances en une force quasi indestructible qui les unit encore plus fort sur scène. Ils évoquent des années à « faire semblant » sans jamais sortir du malaise. Jusqu’à leur rencontre.
« L’incompréhension des personnes qui nous entouraient a créé beaucoup de rage en nous. C’est aujourd’hui ce qui a fait notre force et notre envie de revanche. On a envie de pousser la chance pour que cette fois-ci, elle tombe du bon côté », sourit Santa. Désormais, ils assument être « différents ensemble ». « Nous sommes plus libres car nous n’avons plus peur ! »
Plus question de retenir leurs envies musicales ou plus superficielles, Hyphen Hyphen joue de fantaisies pour s’affirmer et se faire plaisir. La transition la plus notable est celle d’Adam. Le guitariste arbore talons hauts et vernis à ongles. « Je veux montrer qui je suis, et, aujourd’hui, ça passe par tous ces vêtements que je n’osais pas forcément mettre sur scène avant. Des trucs très courts, très dénudés que j’ai toujours beaucoup aimés », reconnaît-t-il. Seul vestige visible des débuts du groupe, les lignes noires tracées sur le visage de ses membres, sont restées intactes.
« On se cherche toute une vie »
Témoin d’une violence très contemporaine, les membres d’Hyphen Hyphen disent recevoir des messages haineux en raison de leur positionnement politique, bien qu’ils estiment que leur trio relativement épargné lorsqu’ils en discutent avec d’autres artistes. Une raison supplémentaire pour être radical. « La parole se libère, donc nos problématiques identitaires sont devenus un angle à part entière. On peut en parler librement », constate Santa.
Elle est fière de voir émerger toujours plus d’artistes qui osent remettre en cause l’hétéronormativité. « On est tous différents, mais je suis contente que l’expression se fasse. » Des images multiples qui permettent aux jeunes une diversité de modèles auxquels s’identifier, ce qu’il aurait manqué à Santa, Adam et Line durant leurs années lycée.
Sont-ils au bout de la recherche d’eux-mêmes? « On se cherche toute une vie », tranche Line. Autant dire qu’Hyphen Hyphen n’a pas fini de nous réserver d’autres surprises.
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