Héroïne d'un film Netflix, la nageuse et réfugiée syrienne Sarah Mardini jugée en Grèce pour avoir sauvé des migrants en mer

De la Syrie en guerre aux Jeux Olympiques de Rio, son histoire, et celle de sa sœur, Yusra, ont inspiré le drame Les Nageuses de Sally El Hosaini, succès sur Netflix depuis sa mise en ligne fin novembre 2022.

Sarah Mardini est jugée devant le tribunal de Mytilène, à Lesbos, depuis le 10 janvier 2023, pour « espionnage », comme 23 autres humanitaires.

Ils sont également poursuivis pour « trafic de migrants », « fraude », et « blanchiment d’argent », mais ce procès, qui devrait durer plusieurs jours, se concentre sur les accusations d’espionnage, a indiqué la présidente de la Cour à l’ouverture du procès, indique les correspondants à Athènes de l’Agence France-Presse (AFP).

Interdite d’entrer en Grèce, Sarah Mardini n’est pas présente à l’audience.

25 ans de prison encourus

Cette réfugiée syrienne installée à Berlin encourt jusqu’à 25 ans de prison en Grèce, a estimé Amnesty International. Sarah, comme les autres bénévoles visés dans ce procès, ont déjà passé plus de 100 jours derrière les barreaux, avant leur libération sous caution – 5 000 euros chacun – en décembre 2018.

J’ai été arrêtée parce que je donnais de l’eau et des couvertures aux réfugiés.

Entraînées à devenir une championne de natation depuis son enfance à Damas, Sarah a fui la guerre civile en Syrie en 2015 avec sa sœur Yusra, athlète olympique, à bord d’un canot pneumatique, pour rejoindre Lesbos. Cette année-là, Sarah sauve 18 réfugiés qui débarquaient sur cette île depuis les côtes turques voisines.

Bénévole depuis 2016 pour une ONG de sauvetage grecque Emergency Response Centre International (ERCI), la nageuse est interpellée par la police nationale le 17 février 2018, sur une plage de Lesbos, avec un autre bénévole, l’Allemand . Elle a alors 24 ans.

« La plus grande affaire de criminalisation de la solidarité en Europe »

Le 21 août 2018, la sauveteuse est une nouvelle fois arrêtée, à l’aéroport de Lesbos cette fois, alors qu’elle s’apprêtait à rentrer à Berlin, où elle étudie les sciences économiques et sociales (et où elle est actuellement installée). Elle sera placée en détention provisoire pour « espionnage », dans une cellule insalubre.

La criminalisation des défenseurs des droits des migrants-réfugiés et l’abandon en mer de réfugiés ne dissuaderont personne de traverser la Méditerranée.

« J’ai été arrêtée parce que je donnais de l’eau et des couvertures aux réfugiés », lâche Sarah Mardini, larmes aux yeux, lors de sa conférence TED, à Londres, en janvier 2020. 

Dans un communiqué partagé sur son site, Amnesty International dénonce les « accusations infondées » qui ont mené les bénévoles devant la justice grecques. « En Grèce, on peut aller en prison pour avoir essayé de sauver une vie », s’indigne l’ONG. Qui prévient : « La criminalisation des défenseurs des droits des migrants-réfugiés et l’abandon en mer de réfugiés ne dissuaderont personne de traverser la Méditerranée. Par contre, cela entraînera encore plus de morts. » Amnesty Internationnal conclue en rappelant que « La solidarité n’est pas un crime ». 

Un rapport du Parlement européen présente également ce procès comme « la plus grande affaire de criminalisation de la solidarité en Europe ».

  • « On part pour sauver nos enfants » : rencontre avec des réfugiées ukrainiennes qui ont tout quitté
  • Syrie, leur fierté et leur douleur : rencontre avec trois femmes réfugiées en France

Source: Lire L’Article Complet