- Des trois finalistes annoncés le 15 janvier dernier, c’est le scénariste et dessinateur français Emmanuel Guibert qui l’emporte devant sa compatriote Catherine Meurisse et l’Américain Chris Ware.
- Peu connu du grand public, sauf pour ses scénarios d’Ariol, Emmanuel Guibert, 56 ans, est le premier français à recevoir le Grand Prix depuis l’instauration, en 2013, du vote des auteurs de BD.
- Le scénariste de « Walking Dead », l’Américain Robert Kirkman, remporte un Prix d’honneur.
À Angoulême, les jeux sont faits : c’est
Emmanuel Guibert, resté au pied du podium lors des deux dernières éditions, qui remporte le
Grand Prix, succédant à la Japonaise
Rumiko Takahashi, tandis que l’Américain Robert Kirkman, scénariste entre autres de Walking Dead, remporte un Prix d’honneur imprévu…
Le photographe © E. Guibert, D. Lefèvre & Dupuis
A 56 ans, Emmanuel Guibert, artiste complet qui écrit comme il dessine, est aujourd’hui à la tête d’une œuvre aussi dense que composite : de la montée du nazisme (dans Brune, sa toute première BD) au quotidien trépidant d’un jeune âne (avec la série Ariol, dessinée par Marc Boutavant) en passant par les souvenirs d’un ancien soldat (La Guerre d’Alan), les aventures déjantées d’une petite pirate (Sardine de l’espace) ou les mémoires d’un photographe de guerre (Le Photographe), Emmanuel Guibert touche tous les publics. Lesquels l’en remercient en faisant de chacun de ses livres de gros succès de librairie.
Ariol © E. Guibert, M. Boutavant & Bayard Presse
Un homme (et un artiste) heureux
Peu habitué aux honneurs mais toujours heureux d’en être lauréat (il a déjà reçu, en 2007, un Prix « Essentiel » du Festival pour Le photographe), Emmanuel Guibert arborait un immense sourire en se présentant sur la scène de la médiathèque L’Alpha d’Angoulême. Car derrière l’artiste se cache un homme foncièrement heureux ; et reconnaissant, comme il le confiait à 20 Minutes quelques heures avant son sâcre, dont il venait juste de prendre connaissance : « C’est difficile de dire quelque chose de futé à propos de distinctions pour lesquelles on ne postule pas… Mais ça fait très plaisir, bien sûr. Encore plus quand on se retourne vers les autres et qu’on voit leur réaction. Papa et maman, ma petite famille, mes copains… ils sont tous fous de joie. Bien plus que moi, étrangement ».
La guerre d’Alan © E. Guibert & L’Association
« J’ai longtemps été le cocu de service »
C’est peut-être qu’en vrai – et grand – professionnel, le nouveau Grand Prix refuse de s’emballer. Alors qu’il a fini sur une marche du podium en 2018 et 2019, Emmanuel Guibert a du mal à prendre de la hauteur : « J’ai longtemps été le cocu de service et voilà que je deviens cocu magnifique (rires). C’est une position plutôt voluptueuse, mais il va falloir que je m’y habitue ».
Et vite, a-t-on envie de lui souffler. Car s’il ne venait « plus que très rarement, ces dernières années » au festival d’Angoulême, il va devoir commenter son élection dans les jours à venir. « C’est sûr, je m’apprête à faire face, cette semaine, à quelques turbulences… mais ensuite, vous savez ce que c’est, on retourne au boulot. Et sans tarder, en ce qui me concerne, parce que j’en ai plus qu’il n’en faut en ce moment ».
La fille du professeur © E. Guibert, J. Sfar & Dupuis
Une vie consacrée à sa passion
C’est bien la marque de ce gros travailleur, qui déclare à 20 Minutes que « quand on exerce un métier qu’on aime, on peut, comme je l’ai fait ces quarante dernières années, tant bosser qu’on ne prend même pas de vacances. Pour que je ne travaille pas, il faut vraiment que j’aie une très très grosse crève ». Pour preuve, il confie qu’il oeuvrera sur pas moins de sept ouvrages en 2020 ! « C’est un pur hasard mais je n’aurais jamais autant publié que l’année où j’aurais reçu le Grand prix (rires) ».
Quand à sa future « présidence » – le fait de recevoir le Grand Prix du festival d’Angoulême implique qu’on en préside l’édition suivante et qu’on participe à sa programmation -, Emmanuel Guibert entend lui faire honneur : « Je crois que le fait d’avoir le droit, ou le devoir, de proposer des expositions est le principal attrait du statut de Grand Prix. Alors il va davantage falloir me restreindre que me pousser, croyez-moi (rires). C’est un peu tôt pour avancer des noms parce que je ne sais pas ce qui sera matériellement possible. J’aimerais, en tout cas, être très interdisciplinaire, en présentant de la sculpture, de la photographie, de la musique… Je vais voir, mais j’ai déjà énormément d’idées ». Et nous, tellement hâte de les découvrir.
Des cases au petit écran
La série culte Sardine de L’Espace d’Emmanuel Guibert, Joann Sfar et Mathieu Sapin, sera mise à l’honneur à l’occasion du lancement du dessin animé au Festival cette année. Avant-première dimanche 2 février, 11h30, au CGR d’Angoulême.
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