- L’acteur Gaspard Ulliel est mort ce mercredi, à Grenoble (Isère), à l’âge de 37 ans, après avoir été victime d’un grave accident de ski mardi.
- S’il a commencé sa carrière à l’âge de 13 ans, c’est au début des années 2000, avec ses prestations dans Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc et Les Egarés d’André Téchiné qu’il a été repéré par la profession et le public.
- Parmi ses rôles les plus marquants, celui d’Yves Saint Laurent dans le biopic de Laurent Bonnello et le personnage principal de Juste la fin du monde de Xavier Dolan, qui lui a valu le César du meilleur acteur en 2017.
Le public l’a vu grandir et mûrir à l’écran. L’ultime image qu’une caméra aura capturée de lui le laissera figé à jamais dans ses 37 ans. Gaspard Ulliel est mort ce mercredi. Il était hospitalisé au CHU de Grenoble (Isère)
après avoir été victime, mardi après-midi, d’un accident de ski à La Rosière (Savoie). Selon la station, il serait entré en collision avec un autre skieur au croisement de deux pistes bleues. Les gendarmes avaient fait savoir que son pronostic vital était engagé.
Le cinéma français perd prématurément l’une de ses stars discrètes, dont la célébrité n’inspirait pas les magazines people et qui, malgré sa renommée, faisait rarement parler de lui en dehors de ses films.
Si Gaspard Ulliel a commencé sa carrière au début de son adolescence, il avait 18 ans quand il est vraiment entré dans les radars de la profession. Son apparition dans Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc en 2002, puis sa prestation face à Emmanuelle Béart dans Les Egarés d’André Téchiné l’année suivante laissaient entendre que le grand écran allait devoir compter avec lui. S’il a été nommé en catégorie meilleur espoir masculin aux Césars pour ces rôles, ce fut pour Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet qu’il a décroché le trophée, celui du second rôle masculin, en 2005.
« A 25 ans, je pensais avoir une vraie carrière derrière moi »
On aurait pu alors le penser embarqué dans le train du succès. Gus Van Sant l’a recruté pour son segment dans le film à sketches Paris je t’aime en 2006, Laurent Boutonnat a vu en lui son Jacquou le Croquant vingtenaire en 2007 et, la même année, il campait un jeune Hannibal Lecter dans Les Origines du mal de Peter Webber. Prestigieuses sur le papier, ces œuvres n’ont pas obtenu le succès public et critique escompté.
« A 25 ans, je pensais avoir une vraie carrière derrière moi. Et puis il y a eu un tournant délicat, j’ai changé physiquement et fait des films qui ont eu moins de succès. Du coup, à 31 ans, j’ai au contraire l’impression d’être au début de quelque chose, d’une autre perspective. Je suis enfin maître de mon propre chemin », déclarait-il à GQ en 2017.
A Grazia, deux ans plus tard, il confiait : « C’est Bertrand Bonello et Saint Laurent qui m’ont défini en tant qu’acteur. » Dans le rôle du couturier, ce fils de stylistes et égérie du Bleu de Chanel, a littéralement revêtu un nouveau costume, prenant une nouvelle densité, donnant à voir au-delà de sa belle gueule de jeune premier.
Certes, le long-métrage a enregistré un peu moins de 360.000 entrées, subissant la concurrence d’Yves Saint Laurent, autre biopic, signé Jalil Lespert, qui, sorti quelques mois plus tôt et plus grand public, a réuni 1,6 million de personnes dans les salles. Mais, même si, lors des Césars 2015, Gaspard Ulliel s’est incliné face à Pierre Niney dans le match des YSL en catégorie meilleur acteur, sa performance n’est pas passée inaperçue.
« J’ai eu besoin d’une sorte d’approbation de mes pairs »
Le réalisateur québécois Xavier Dolan a repris contact avec lui pour lui offrir le premier rôle de son adaptation de Juste la fin du monde, la pièce de Jean-Luc Lagarce. Le film est reparti du Festival de Cannes 2016 avec le Grand prix du jury et, aux Césars 2017, s’est joué le match retour pour la statuette du meilleur acteur. Cette fois-là, alors que Pierre Niney était nommé pour Frantz de François Ozon, c’est Gaspard Ulliel qui l’a emporté.
« J’ai eu besoin d’une sorte d’approbation de mes pairs, reconnaîtra-t-il auprès de Grazia au moment de la diffusion d’Il était une seconde fois, mini-série de Guillaume Nicloux, en 2019, sur Arte. Petit à petit, ce sentiment d’illégitimité, d’imposture, j’arrive à en faire le deuil. »
S’il s’était concentré ces dernières années sur le cinéma d’auteur, avec l’envie de défendre des propositions audacieuses, Gaspard Ulliel disait aussi son envie de retrouver des rôles plus accessibles, plus grand public.
C’est sans doute pour cela qu’il a rejoint le casting de Moon Knight, mini-série produite par Marvel Studios et qui arrivera fin mars sur Disney+. Il y tient l’un des rôles principaux, celui d’Anton Mogart, donnant la réplique à Oscar Isaac et Ethan Hawke. Cela aurait pu constituer un nouveau jalon de sa carrière si sa trajectoire ne s’était brusquement arrêtée un après-midi de janvier.
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