Finir les phrases de son partenaire est une preuve indéniable de la solidité d’un couple

  • Les couples solides développent des systèmes de mémoire interconnectés
  • La mémoire collective pour freiner le déclin cognitif
  • Les hommes s’appuient plus aisément sur la mémoire de leur compagne

Si vous vivez avec un ou une partenaire depuis quelque temps, c’est un phénomène que vous avez peut-être déjà observé. Au fil des années, les partenaires développent la faculté de deviner certaines pensées de l’autre, au point de pouvoir terminer ses phrases sans même qu’il ou elle les ne prononce à haute voix

Outre l’aura romantique d’une telle aptitude, celle-ci découle d’un mécanisme longuement étudié par la science que les chercheurs nomment “le système de mémoire transactive”. 

Les couples solides développent des systèmes de mémoire interconnectés

Ainsi, dans une étude datant de 2018, des chercheurs ont pu mettre en lumière des preuves “que les couples à long terme développent des systèmes de mémoire interconnectés”, et que ceux-ci permet à chaque membre du couple de mieux entretenir sa santé cérébrale. 

Pour ce faire, les auteurs de l’étude ont étudié 39 couples mariés entre 13 et 65 ans (avec une moyenne de 49 ans de mariage) et les ont soumis à trois exercices de mémorisation (se souvenir d’une liste de mots, citer les pays d’Europe, et faire la liste de leurs amis et leurs conjoints). “Les résultats ont démontré que les couples avaient de meilleurs résultats lorsqu’ils se rappelaient “ensemble” des éléments demandés”, commente la psychologue Valentina Stoycheva, dans un article de PsychologyToday.

Et d’ajouter : “ces effets étaient encore plus prononcés lorsque les individus du couple présentaient des capacités personnelles divergentes ou, en d’autres termes, qu’ils se complétaient”.

Pour expliquer ces compétences partagées de mémoire en binôme, l’experte en psychologie avance donc “le système de mémoire transactive” mentionné plus haut, tout en évoquant des études récentes (Shi et al.,2019) qui avaient prouvé que les relations longues durées avaient un impact sur les synapses cérébrales de l’autre. “Plus la durée du mariage est longue, plus la relation façonnerait l’organisation du réseau cérébral », cite-t-elle. 

Une étude datant de 2014 , menée par la même équipe de chercheurs, avait par ailleurs prouvé que les couples qui déclarent une forte intimité, bénéficiaient d’un plus fort impact “facilitateur de la mémoire conjointe”

La mémoire collective pour freiner le déclin cognitif 

Si les chercheurs des études susmentionnées se sont cantonnées à l’étude de couples mariés, d’autres recherches – datant notamment des années 80 (cf. Wegner et al., 1985, 1987) – avaient pu documenter le pouvoir de la mémoire collective face au déclin cognitif personnel. 

“Lorsque nous vieillissons dans les systèmes sociaux, par exemple les amis et la famille, nous tirons ensemble des ressources cognitives communes du groupe. C’est ce qu’on appelle un système de mémoire transactive (TMS). Dans un tel système, une personne peut puiser dans les connaissances et les ressources de l’ensemble, ce qui facilite son fonctionnement individuel”, explique Valentina Stoycheva.

Ainsi, dans un système à plusieurs personnes, nous pouvons orienter notre mémoire sur des domaines que l’on maîtrise, et en laisser d’autres à nos proches selon leurs compétences et leurs passions. Un peu comme une grande partie de Trivial Pursuit, où l’on se constituerait une équipe de personnes complémentaires pour balayer l’ensemble des domaines de compétences. 

Les hommes s’appuient plus aisément sur la mémoire de leur compagne 

Et si tout le monde peut profiter des bénéfices de ce système de mémoire transactive, il semblerait qu’il existe une différence entre les hommes et les femmes, notamment au sein des couples hétérosexuels (les recherches n’ont pas encore comparé ces résultats à des couples homosexuels longue durée, ndlr). 

“Lorsqu’il s’agit de s’appuyer les uns sur les autres, dans les couples hétérosexuels, il apparaît que les hommes ont tendance à s’appuyer beaucoup plus sur leur conjoint que les femmes, et encore plus avec l’âge”, explique l’autrice du billet sur PsychologyToday en citant notamment l’étude “Harris et al.”, datant de 2022. Un réflexe qui renforce les observations sur l’inégalité de la charge cognitive et du travail au quotidien dans les relations hétérosexuelles (Ahn, Haines et Mason, 2017).

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