Faut-il porter un masque lorsque l'on court ou pour tout autre sport en extérieur ?

À l’heure où le port du masque est obligatoire dans les transports en commun et fortement recommandé dans les commerces, qu’en est-il de la pratique sportive ? Trois experts répondent.

Le déconfinement du lundi 11 mai sonne, entre autres, l’heure de la reprise des activités sportives en extérieur, sans limitation de durée, de distance du domicile, mais en suivant les nouvelles consignes définies par le ministère des Sports. Seulement d’aucuns savent que nous soufflons lors de l’effort. Footing, vélo, marche, renforcement musculaire… faut-il porter un masque pour protéger les autres ? Nous avons posé la question à un médecin hygiéniste, un médecin du sport et un pneumologue.

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Une gêne lors de l’effort

Les trois professionnels sont unanimes : le port du masque n’est pas préconisé pour les efforts physiques intenses en plein air, et ce d’abord pour des raisons pratiques. «Quand vous pratiquez un sport, vous avez besoin de respirer, de souffler, de cracher. Avec un masque c’est quasiment impossible», rappelle Bruno Burel, médecin du sport (1) et vice-président du syndicat national des médecins du sport.

Le port d’un masque risque également de gêner la respiration lors de l’effort. «En moyenne, un individu en effort modéré respire entre 400 à 500 litres d’air par heure, lorsqu’on pratique une activité physique intense, on en respire 5 à 10 fois plus», précise le pneumologue et administrateur à la Fondation du souffle, Jean-Philippe Santoni. «Un masque filtre. Il diminuera donc l’apport d’oxygène», complète Pierre Parneix, médecin de santé publique et d’hygiène hospitalière au CHU de Bordeaux. Sans compter que le masque peut parfois aussi gêner la vue, ce qui peut compliquer et gâcher certaines activités comme la randonnée par exemple.

Un masque humidifié

Un masque pour les efforts d’intensité modérée

Soit la marche ou la pratique du vélo. Certaines règles doivent être respectées : On ne touche plus la partie absorbante du masque une fois que ce dernier est positionné. Si l’on veut boire, on veille à ne toucher qu’un seul élastique du masque pour le retirer, et à le laisser pendre sur le côté.

Bien sûr, la volonté de porter un masque découle d’une bonne intention : protéger les autres. Seulement l’initiative risque d’être contre-productive, souligne le pneumologue Jean-Philippe Santoni : «Comme le masque gêne le sportif pour respirer, il aura tendance à le baisser sous son nez ou à le mettre autour de son cou, il risque ainsi de se contaminer». Et si entre temps le coureur a touché des surfaces infectées, il peut le contaminer lorsqu’il repositionne le masque sur le visage.

Autre problème posé par le port du masque barrière durant l’effort : son humidification. «C’est notre respiration qui provoque le phénomène et cela altère son efficacité», indique le médecin hygiéniste Pierre Parneix. Si certains ne s’imagine pas courir sans masque, et pour limiter le phénomène d’humidification, Bruno Burel recommande un masque en tissu synthétique, «il sera moins fragilisé par l’humidité grâce aux différentes couches synthétiques».

La distanciation physique, ultime protection

Finalement, le seul geste barrière permettant de protéger celles et ceux qui nous entourent durant la pratique, reste le maintien de la distanciation physique. Le ministère des Sports exige une distance de 10 mètres minimum entre deux personnes pour les activités du vélo et du jogging, et une distance physique suffisante d’environ 4 m² pour les activités en plein air type tennis, yoga ou fitness. Enfin, les sportifs doivent éviter de cracher durant l’effort, «avec les mains, le crachat est un vecteur important du virus», conclut le pneumologue Jean-Philippe Santoni.

(1) Bruno Burel est également vice-président du Syndicat national des médecins du sport.

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