- Une fois la nuit venue, la lumière perturbe notre cerveau
- Les paupières, d’efficaces boucliers contre la lumière
- Quid de la sieste à la lumière du jour ?
- Le rituel de coucher est plus important que la luminosité
En mars 2022, une étude est venue appuyer ce que nombre de spécialistes du sommeil avancent depuis des années : dormir dans le noir complet bénéficie à la qualité de nos nuits et protège notre santé.
En effet, les résultats des recherches parus dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences arguent que dormir avec de la lumière (même peu) pourrait heurter notre organisme.
« L’étude montre qu’une exposition modérée à la lumière a fait passer le corps dans un état d’alerte plus élevé. Dans cet état, la fréquence cardiaque augmente, ainsi que la force avec laquelle le cœur se contracte et la vitesse à laquelle le sang est conduit vers vos vaisseaux sanguins pour un flux oxygéné”, résument les chercheur.ses.
Mais pourquoi est-il recommandé de se barricader dans la pénombre une fois le soir venu et surtout, est-ce bien nécessaire ?
Une fois la nuit venue, la lumière perturbe notre cerveau
Pour la Dre Sarah Hartley, médecin coordonnateur, médecin généraliste spécialiste du sommeil, praticien hospitalier APHP et membre du Réseau Morphée, il n’y a pas là une vérité vraie, mais plutôt « une question intéressante à nuancer ».
« Déjà, il faut se demander pourquoi on conseille cela. Et c’est parce que la lumière peut poser problème car elle a un effet sur notre vigilance », commence la spécialiste.
En effet, la lumière « réveille » le cerveau et a également un effet sur notre horloge biologique. Dormir avec la lumière allumée pourrait donc perturber notre rythme de sommeil, car notre organisme aura plus de mal à faire la différence entre le jour et la nuit.
« Pour résumer simplement, la lumière passe pas des récepteurs spécifiques dans la rétine. Ces derniers activés, ils passent un message à la partie du cerveau qui est responsable de l’horloge biologique et agit sur la production de mélatonine pour nous réveiller alors que notre nuit n’est pas nécessairement terminée ou peuvent provoquer des difficultés d’endormissement ».
Les paupières, d’efficaces boucliers contre la lumière
Pour autant, cela est surtout remarqué si vous passez du temps sur les écrans – émettant de la lumière bleue – avant de vous endormir. Car Dre Hartley explique que ce n’est pas dormir avec une veilleuse ou un rai de lumière passant au travers de nos rideaux qui vont mettre en péril nos nuits.
« Il ne faut pas oublier que les paupières nous protègent. Fermées, elles filtrent plutôt bien la lumière bleue. Ça sous-entend que si l’on s’endort avec une lumière tamisée, il est peu probable que celle-ci influence de façon négative le sommeil« , poursuit-elle. Elle concède toutefois que « si la lumière est très forte, elle peut traverser la paupière et nous empêcher de dormir, mais ça reste rare comme condition de sommeil ».
Pour les enfants – qui ont des paupières moins épaisses, précise l’experte – nul besoin de les priver de veilleuse (d’autant plus si elle rassure lors de l’endormissement). « Après, ça reste une question de bon sens, il faut qu’elle soit positionnée de façon optimale et pas devant les yeux de l’enfant », nuance la médecin.
Quid de la sieste à la lumière du jour ?
Mais que se passe-t-il quand nous nous endormons à la pleine lumière du jour, typiquement quand le besoin d’une sieste post-déjeuner se fait ressentir ? Faut-il alors se retirer dans ses quartiers et baisser les stores ?
Non, répond la spécialiste du sommeil. Tout simplement parce qu’il est recommandé de limiter son roupillon d’après-midi à quelques dizaines de minutes. Et qu’en si peu de temps, nous n’atteignons pas de phase de sommeil profond. « C’est l’occasion de restaurer une vigilance, le sommeil reste donc léger, pas besoin donc de se plonger dans le noir, sauf si l’on préfère ».
Le rituel de coucher est plus important que la luminosité
Car selon la Dre Hartley, tout est une question d’accoutumance, de préférence et de rituels. « Le fait de bien dormir est aussi lié aux habitudes et à notre routine de coucher, donc si vous avez besoin de garder vos volets ouverts pour dormir et que ça fonctionne pour vous, il n’est pas forcément nécessaire de se forcer de le faire dans le noir« .
En clair, « pour certaines personnes être dans le noir absolu va déranger, quand d’autres ne vont pas pouvoir fermer l’oeil si un rayon de lumière perce. C’est normal, nous sommes tous différents et les qualités de sommeil ne vont pas différer pour autant ».
Pour la médecin, le plus important est donc de soigner sa routine, notamment en se tenant loin des écrans, plusieurs heures avant le coucher. « Si l’on utilise son téléphone juste avant de dormir, le fait d’avoir une chambre plongée dans une obscurité parfaite ne va pas être miraculeux », illustre-t-elle.
Enfin, il convient de rappeler que lumière allumée ou non, si des troubles du sommeil apparaissent et persistent, consulter un professionnel de santé reste primordial. Il se peut qu’un réajustement de vos habitudes de fin de journée soit à appréhender, mais un repos perturbé peut aussi être un signe de souci physique et/ou psychique.
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