Fausse couche : la députée Paula Forteza propose un "congé spécial de trois jours"

Une femme sur dix a déjà fait une fausse couche. La perte d’un embryon ou d’un fœtus concerne environ 20% des grossesses. Ainsi, chaque année dans le monde, environ 23 millions de femmes subissent une fausse couche.

Parmi elles, la députée écologiste indépendante, Paula Forteza. « En tant que femme, j’ai réalisé que je n’étais pas armée pour traverser cette épreuve. Je me suis sentie seule, isolée, sans information concrète », explique la députée au Nouvel Obs.

Trois ans après son expérience personnelle, Paula Forteza amène le sujet de la fausse couche, tabou de la société délaissé par la santé publique, au cœur du débat politique. Le 30 mars 2022, la députée a dévoilé son projet de loi « pour une meilleure prise en charge de la fausse couche. »

La femme politique y propose huit mesures pour mieux informer, mieux prendre en charge et mieux prévenir les causes de la fausse couche.

Le droit à l’information

L’un des piliers de cette proposition de loi est : le droit à l’information. Paula Forteza espère ainsi « parler de la grossesse et des risques associés et cela, dès l’école. »

Comme le constate la député auprès du Nouvel Obs, « il est totalement incompréhensible que cela ne soit pas évoqué lors des cours d’éducation sexuelle. C’est un sujet qui mérite d’être compris et appréhendé des femmes, mais aussi des hommes. »

Pour cela, la député propose plusieurs mesures : intégrer les sujets de la grossesse et des risques associés aux cours d’éducation à la santé sexuelle et reproductive, et la création une campagne d’information publique sur le sujet. 

C’est un moyen de reconnaître officiellement et symboliquement l’existence de ce moment.

« Toujours dans cette volonté d’améliorer la connaissance de la fausse couche, je souhaite la création d’un livret à destination du public qui serait diffusé par l’entremise des professionnels de santé. Il faut trouver les bons mots, les bonnes informations », détaille Paula Forteza.

Même si un problème majeur reste de mise, « celui de la pénurie de statistiques et d’études entourant la question des fausses couches. »

Un tout nouveau parcours de soins

Autre axe de cette proposition de loi. La prise en charge concrète des fausses couches, médicale et psychologique, des professionnels de santé.

« L’idée est de pouvoir donner l’éventail des possibilités de traitements à toutes les femmes qui affrontent une perte de grossesse. Cela implique une prise en charge psychologique et des propositions d’hospitalisation », démontre la députée écologiste.

Ainsi, le projet de loi présente la mise en place d’un parcours de soin complet et intègre la Formation des soignants à la prévention des violences gynécologiques et obstétricales. Sur Twitter, Paula Forteza développe davantage ces axe en évoquant la possibilité d’un suivi psychologique avant la grossesse et/ou après une fausse couche, un examen médical 4 semaines après…

Dans son projet, la femme politique dévoile aussi une mesure phare : « Je propose l’instauration d’un congé spécial de trois jours pour la survenue d’une fausse couche [pour la femme et le ou la conjoint(e), ndlr]. Cela existe en Nouvelle Zélande. C’est un moyen de reconnaître officiellement et symboliquement l’existence de ce moment, et du deuil qu’il induit. »

« Les sages-femmes, quant à elles, devraient être habilitées à prescrire un arrêt de travail », précise-t-elle à l’hebdomadaire français.

Prévenir des risques liées à la grossesse 

Un troisième axe se dessine dans cette proposition de loi. Celui de la prévention. Et plus précisément, améliorer la prévention des risques associés à la fausse couche. 

Pour cela, la députée propose deux mesures. D’abord, la création d’un « droit au télétravail » pour les femmes enceintes afin de limiter l’exposition au stress, qui pourrait augmenter le risque de fausse couche de 42%. 

Ensuite, Paula Forteza souhaite mettre en place un dépistage gratuit, rapide et précoce de l’endométriose. Cette maladie constitue un véritable facteur de risque pour les fausses couches.

La députée rappelle toutefois que « la fausse couche n’est pas une maladie, mais c’est un événement marquant qui nécessite du temps pour s’en remettre. Tant pour la femme que pour le conjoint. » D’où l’importance d’un tel projet de loi.

  • Endométriose : un test salivaire permettrait de détecter la maladie en quelques jours
  • Atteintes d’endométriose, elles ont pu devenir mères

Proposition dans le viseur des législatives 

Mais cette proposition ne sera pas débattue dans les prochaines semaines. Les travaux législatifs de l’Assemblée nationale sont interrompus depuis le 27 février 2022, en respect du calendrier des élections présidentielles.

« Je sais bien qu’il n’y a plus de possibilité d’examiner ce texte avant les législatives [juin 2022, ndlr]. Ce travail est donc plus un travail de mise en page et de documentation qui permettra, je l’espère, aux prochains législateurs de s’en saisir au plus vite afin de déployer facilement et rapidement un dispositif clé en main. »

Les enjeux de ce projet de loi sont de plus en plus mis en avant ces dernières semaines, et le silence autour de ce fait de société commence à se briser petit à petit. Plusieurs personnalités ont raconté publiquement leurs expériences. 

Meghan Markle a révélé dans un texte bouleversant avoir subi une fausse couche, alors qu’elle était enceinte de son deuxième enfant, Demi Moore, Michelle Obama, Courteney Cox ou encore Beyonce ont elles aussi partagé leur vécu et le traitement de leur proche

Le 29 mars 2022, le collectif « Fausse couche, vrai vécu » a publié une tribune dans Le Monde : « Finissons-en avec l’expression ‘faire une fausse couche’, parce que rien n’est faux, et que tout est vrai ».

Ces six femmes engagées souhaitent remplacer l’expression « fausse couche » par « arrêt naturel de grossesse » et lever l’insinuation culpabilisante du terme.

Une pétition a été lancée pour donner de la visibilité à leurs propositions sur le site Change.Org. Plus de 16 500 signatures ont déjà été récoltées.

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  • La pré-éclampsie, une complication de la grossesse soudaine et parfois gravissime

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