Face à la pression, le directeur du Théâtre d'Ivry a démissionné

« Je suis au clair avec ma conscience. Je ne renonce à la direction du Théâtre des Quartiers d’Ivry que pour préserver cette magnifique institution, mais je ne laisserai ni salir mon honneur ni fouler au pied ma présomption d’innocence », a affirmé le directeur. Jean-Pierre Baro, à la tête du Théâtre des Quartiers d’Ivry dans le Val-de-Marne, est impliqué depuis un an dans une affaire de viol présumé. Il a annoncé jeudi qu’il quittait ses fonctions, au lendemain d’une grève du personnel de l’établissement appelant à sa démission.

Une plainte a été déposée contre lui en 2018 par une jeune femme et ancienne collaboratrice, pour des faits qui se seraient déroulés en septembre 2011, des années avant qu’il ne prenne la direction du théâtre. Elle a été classée sans suite en mars 2019, faute de preuve.

Rarissime en France

Ce genre de démission est rarissime en France depuis le début du mouvement #MeToo en 2017. Au théâtre, il s’agit du cas le plus notable, alors que le cinéma est encore secoué par les affaires Luc Besson et surtout
Adèle Haenel et Roman Polanski.

Affirmant vouloir faire entendre sa voix « face au tombereau d’accusations et d’injures » dont il fait l’objet, M. Baro a clamé à nouveau son innocence.

« J’ai été longuement interrogé en garde à vue. Une confrontation entre elle et moi a été organisée. Lors de cette confrontation et devant les policiers, il est apparu que je n’avais jamais forcé cette relation », assure le directeur, également metteur en scène, dans le communiqué. « Je n’ai ce soir-là exercé aucune forme de violence ni de pression. Cette relation, je l’ai vécue comme totalement consentie (…) Ce n’est que sept ans plus tard que j’ai appris qu’elle considérait ne pas avoir désiré cette relation ».

Chute des réservations

« Le public déserte nos salles. De nombreux artistes refusent de mettre les pieds au théâtre ou d’avoir affaire à sa direction. Les partenaires territoriaux se désengagent », a indiqué le personnel dans un communiqué. Un représentant du personnel ayant requis l’anonymat avait affirmé à l’AFP que l’établissement ne pouvait « pas survivre dans ces conditions ». Deux spectacles s’étaient retirés de la programmation et au moins trois membres de l’équipe ont claqué la porte, selon lui.

D’après le même représentant, une pièce montée par M. Baro en novembre au théâtre a fait seulement 23 % de remplissage. Pire, « les réservations scolaires ont totalement chuté cette année ».

Metteur en scène de plusieurs pièces, M. Baro avait été nommé par l’ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen en juin 2018.

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