On peut être seul et heureux, affirment les Sud-Coréens. Et si nous les écoutions…
Les deux confinements ont permis à certains de redécouvrir cette « si moderne solitude », comme le chante Souchon, parfois cruellement… D’après une étude réalisée en 2018 par BVA pour l’association Astrée, elle toucherait 5,5 millions de Français avec, contrairement à ce que l’on imagine, plus de 60 % de jeunes. Certains la redoutent comme la peste. Et pourtant, elle peut être aussi une vraie chance, voire un art de vivre. En Corée du Sud, on l’appelle « honjok », « tribu d’une personne ». Et si, là-bas, on la chouchoute, c’est parce qu’elle permet de lutter contre la trop grande pression sociale, habituelle sur le continent asiatique. « Avec la vague du néo-féminisme, les jeunes Sud-Coréennes y voient aussi une manière “de se libérer du corset du mariage” », précisent Francie Healey et Crystal Tai, les auteurs d’Honjok, le secret des Coréens pour vivre heureux dans la solitude (Leduc.S), qui vient de sortir en France.
Libéré de l’approbation sociale
Nous avons des leçons à prendre de nos amis Sud-Coréens. « Nous fuyons généralement la solitude à toutes jambes, en nous raccrochant aux réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok…) » , décrypte la psychothérapeute Béatrice Millêtre*. « Mais, à force d’être en relation avec des sortes de jumeaux numériques, nous finissons par dialoguer avec un “soi étendu”. Quid d’une relation authentique à l’autre ? On se sent encore plus seul ». Et si nous acceptions de ne plus fuir ces moments en solo et, plus encore, de les savourer ? « J’adore aller au cinéma ou au musée seule », confie Bérénice, 19 ans. « Moins influencée par les autres, je plonge totalement dans le film ou dans l’expo. Du coup, quand je vois mes amis, je suis plus attentive à eux ! ». « L’idée reçue selon laquelle le solitaire ne serait pas capable de tisser des liens profonds est infondée », analysent les auteurs d’Honjok. « Quand on consacre assez de temps à soi-même, on a des capacités d’écoute affinées ». Béatrice Millêtre renchérit : « Etre “honjok”, c’est alterner entre les moments de solitude et le lien aux autres. C’est un état de fluidité entre l’introversion et l’extraversion. Et, dans les moments en solo, on est heureux, car libéré de l’approbation sociale ». D’où les conseils des psys : chérissez les moments où vous êtes seuls, soyez à l’écoute de vous-même, créez vos rituels de solitude (moment de méditation, bain aux huiles essentielles…), établissez votre liste d’accomplissements (toutes les actions dans votre vie qui vous ont rendu fier), écrivez votre journal de gratitude, sélectionnez des livres qui vous nourrissent, explorez à fond votre créativité quinze minutes par jour… Et, enfin, méditez cette phrase : « C’est pendant une saison de solitude et d’isolement que poussent les ailes de la chenille ! ».
La nature, la meilleure des compagnes
Même si vous vivez seul, cultivez votre sentiment d’appartenance en participant à une œuvre collective (bénévolat), échangez avec les passionnés (cinéma, animaux…) et surtout immergez-vous dans… le vert ! « La nature rend la solitude magique ! Quand on effectue de longues randonnées et que l’on est ouvert à toutes ses sensations, on ne se sent jamais seul », souligne Béatrice Millêtre. D’où la vertu des bains de forêt et autres câlins aux arbres, dont raffolent les Sud-Coréens. « Le lien à la nature, professé par Thoreau ou Montaigne, est devenu un contrepoids à la solitude urbaine », poursuit la psychothérapeute, à tel point que l’on peut préférer ce contact à une relation humaine dénuée de sens. « Celle que, parfois, nous recherchons juste pour échapper à nous-même ».
*Auteure de l’Ennui des autres, Payot.
Honjok, le secret des Coréens pour vivre heureux dans la solitude, éditions Leduc.S, par Francie Healey et Crystal Tai
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