Eric Zemmour a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, ce mardi 30 novembre à la mi-journée, mettant fin à un suspense insoutenable (sic). Rarement un•e candidat•e au poste le plus important de la politique française aura affiché à son tableau autant de condamnations et accusations graves, aussi bien pour racisme que violences envers les femmes.
Alors qu’il s’attire 12% d’intention de vote dans les sondages à la mi-novembre, selon Les Échos, faisons le point sur les procès pour provocation à la haine raciale où Eric Zemmour a été condamné, et sur les accusations de violences sexuelles s’accumulant contre lui ces derniers mois.
Eric Zemmour, condamné deux fois pour provocation à la haine raciale
Le 17 novembre dernier, Eric Zemmour a été jugé dans une affaire d’incitation à la haine raciale, par la 17e chambre correctionnelle de Paris. En cause : le fait qu’il ait qualifié « d’assassins, de violeurs et de voleurs » les mineurs isolés, à l’antenne de CNEWS, où il était chroniqueur, en 2020. La chaîne a déjà été condamnée à 200.000 euros d’amende en février 2021.
La procureure a requis 10.000 euros d’amende contre l’ancien polémiste : « Les limites de la liberté d’expression ont été franchies », a-t-elle notamment défendu, cite Le Parisien. « Sous couvert de parler des mineurs, il vise la population immigrée ». L’avocat d’Eric Zemmour, Maître Olivier Pardo, dément le caractère racial des propos tenus par son client : « Les mineurs isolés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie ». Le jugement sera rendu le 17 janvier. M. Pardo a demandé la relaxe d’Eric Zemmour. 37 parties civiles sont en jeu, un nombre impressionnant.
Il s’agira peut-être de la troisième condamnation d’Eric Zemmour pour provocation à la haine raciale. En 2019, le chroniqueur du Figaro Magazine avait vu sa demande de pourvoi rejetée par la Cour de cassation, confirmant définitivement sa condamnation, l’année précédente, à 3000 euros d’amende par la cour d’appel de Paris. Il avait aussi été condamné à verser un euro symbolique à l’association CAPJPO EuroPalestine, et lui rembourser 1000 euros de frais de justice.
Cette fois, le polémiste avait été poursuivi pour ses propos tenus sur C à vous (France 5) en 2016, disant que la France vivrait « depuis trente ans une invasion », et que les musulmans doivent « choisir » « entre l’islam et la France ». Le procureur avait estimé que cette dernière phrase stipule « qu’il est incompatible d’être musulman et français », citait L’Obs. Eric Zemmour avait aussi affirmé que dans « d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées » aurait lieu une « lutte pour islamiser un territoire ». Pour la cour d’appel de Paris, ces propos « [visaient] les musulmans dans leur globalité et contiennent une exhortation implicite à la discrimination », relevait l’AFP, citée par Le Monde, en 2019.
En 2011, Eric Zemmour avait été condamné du même chef à 2000 euros d’amende avec sursis. Avaient été sanctionnés ses propos disant que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait », tenus le 6 mars 2010 sur le plateau de Salut les terriens ! (Canal plus). Il s’était drappé derrière la « liberté d’expression », et avait dit refuser de « (se) coucher devant le politiquement correct », citait Le Monde.
En 2011 également, Eric Zemmour est condamné pour provocation à la discrimination raciale. Il avait affirmé, l’année précédent, que les patrons « ont le droit » de refuser des candidats noirs ou arabes du seul fait de leur couleur de peau ou origines, à l’antenne de France Ô. Il n’avait pas fait appel.
Par ailleurs, Eric Zemmour est encore visé par un procès pour « injure raciste », après une plainte de la femme d’affaire et chroniqueuse Hapsatou Sy. Sur le plateau de Salut les terriens ! (Canal plus), il lui avait dit, en 2018, que son prénom « est une insulte à la France ». L’affaire doit être jugée en septembre 2022.
Eric Zemmour a aussi été relaxé dans plusieurs affaires similaires, dont pour avoir prétendu que des « bandes » d’Africains et de Roms « envahissent » la France, dans une chronique faite à l’antenne de RTL en 2014. Le parquet de Paris s’était auto-saisi, mais le tribunal correctionnel de la ville avait conclu à la relaxe. « Aussi excessifs, choquants ou provocants que ces propos puissent paraître », ces propos ne s’appliquent « qu’à une fraction des communautés visées et non à celles-ci dans leur ensemble », avait-il jugé, cite L’Obs.
Eric Zemmour, poursuivi pour contestation de crime contre l’humanité
Plus récemment, en février 2021, Eric Zemmour a bénéficié d’une relaxe pour contestation de crime contre l’humanité. Sur CNEWS encore, il avait affirmé, en octobre 2019, que le général Pétain avait « sauvé » des juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Face à la cour, le polémiste avait maintenu que « 90% des juifs français ont été sauvés par le maréchal Pétain », tout en réfutant le négationnisme de ce propos, cite Télérama.
Si le tribunal a reconnu que sa déclaration sur CNEWS relève bien du négationnisme, il a estimé qu’elle avait été prononcée « à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie ». Les parties civiles ont fait appel, qualifiant ce jugement d' »inadmissible ».
Eric Zemmour, accusé de violences sexuelles par 8 femmes
En tout, 8 femmes accusent Eric Zemmour d’agression sexuelle, ou comportement déplacé à caractère sexuel. Certaines ont d’abord témoigné auprès de Mediapart en avril, puis en mai dernier. Deux d’entre elles ont aussi témoigné dans Complément d’enquête (France 2), début novembre.
La plupart des ces victimes présumées travaillent dans les médias, et les faits présumés auraient eu lieu entre les années 90 et 2019. Elles sont nombreuses à décrire des mains sur la cuisse, des « avances explicites » dans un contexte professionnel, des « baisers forcés », et une forme de chantage sexuel, sous menace de nuire à leur carrière. Aucune d’elles n’a porté plainte contre Eric Zemmour, et la plupart des faits seraient prescrits.
L’une des deux femmes interviewées dans Complément d’enquête affirme qu’Eric Zemmour a « fourré [sa] langue dans [sa] bouche » en 2005, alors qu’elle était jeune journaliste. En 2018, il aurait envoyé par sms à une attachée de presse « J’attendrai que vous m’invitiez chez vous pour vous violer », sms authentifié par un huissier. L’année suivante, il aurait envoyé un SMS équivoque à une cheffe d’édition de CNEWS. Il aurait aussi « plaqué au mur » une maquilleuse, en loge.
Tout est parti du témoignage de Gaëlle Lenfant, conseillère municipale d’opposition à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et ancienne responsable aux droits des femmes du Parti socialiste (PS). Le 24 avril dernier sur Facebook, cette bibliothécaire d’université raconte qu’Eric Zemmour l’a embrassée « de force » lors d’une université d’été du PS, à La Rochelle, au début des années 2000. « Je me suis trouvée tellement sidérée que je n’ai rien pu faire d’autre que le repousser et m’enfuir en courant », écrit-elle.
Eric Zemmour n’a pas voulu répondre aux questions de Mediapart, ni Complément d’enquête. « Pas de plainte, des affirmations… comment voulez-vous répondre à cela ? Ça fait partie des attaques obligées : le sexisme, le racisme, l’extrémisme… tout cela ne tient pas, dans un moment de campagne politique », a défendu son avocat auprès de France 2.
- Pierre Ménès visé par une enquête pour « agression sexuelle »
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