Episiotomie : quand la pratique-t-on, est-ce douloureux ?

L’épisiotomie effraie souvent les femmes enceintes, mais cette petite incision s’avère parfois nécessaire quand l’accouchement se complique. Dans quels cas la pratique-t-on, est-elle douloureuse ? Peut-on la refuser ? Les réponses à vos questions.

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Dans quels cas pratique-t-on une épisiotomie ? Peut-on l’éviter ? L’épisiotomie est-elle douloureuse ? Quelles sont les éventuelles complications après l’accouchement ? Plusieurs experts répondent à nos questions sur l’épisiotomie lors de l’accouchement par voie basse.

Episiotomie : qu’est-ce que c’est, comment ça se passe ?

Au moment de l’accouchement, le médecin obstétricien ou la sage-femme peuvent, lorsque cela est nécessaire, prendre la décision de réaliser une petite incision de 3 à 4 cm au niveau de la vulve sur la paroi vaginale et sur les muscles du périnée. Pour faire l’incision, la personne en charge de l’accouchement utilise un scalpel ou des ciseaux chirurgicaux, l’outil est introduit dans le vagin et permet de réaliser une épisiotomie dite « médio-latérale à 45° » : on sectionne le muscle transverse du périnée, au départ médiane sur 2 à 3 cm, puis latérale vers le côté droit ou gauche et ce, pour éviter d’atteindre le sphincter. « L’épisiotomie survient lors de la phase finale de l’accouchement : elle est réalisée au moment où la tête (ou les fesses si le bébé est en siège) est sur le périnée« , précise Thierry Harvey. Juste après la naissance, l’obstétricien ou la sage-femme suture l’incision avec des points et des fils résorbables : cela se fait sous l’effet de la péridurale, ou à l’aide d’une anesthésie locale. Ces fils s’enlèvent naturellement après deux semaines environ.

Dans quels cas pratique-t-on une épisiotomie ?

 

« Aujourd’hui, nous n’avons aucun argument scientifique pour justifier le recours ou non à l’épisiotomie : aucune situation n’exige une épisiotomie systématique, même lors d’un accouchement par forceps ou avec ventouse« , affirme Philippe Deruelle, avant d’ajouter que « l’épisiotomie n’a d’ailleurs pas démontré son efficacité pour prévenir les risques d »incontinence urinaire ou anale, de prolapsus féminins (descentes d’organes) ou encore de déchirures sévères« . C’est donc la personne en charge de l’accouchement qui va, sur des constatations visuelles, prendre la décision de recourir ou non à une épisiotomie : si le périnée est très distendu ou par peur d’un risque de déchirures très complexes. Mais dans tous les cas, « l’épisiotomie est réalisée seulement lorsqu’elle est indispensable : 

  • quand le périnée n’arrive pas à être franchi, malgré de bons efforts d’expulsion,
  • lorsque la tête du bébé coince
  • quand il y a une urgence à faire sortir le nourrisson (anomalies du rythme fœtal cardiaque, risques d’acidose…) ».

L’épisiotomie est-elle douloureuse lors de l’accouchement ?

C’est très certainement la question la plus redoutée des femmes enceintes ! Au moment de l’accouchement, l’épisiotomie est indolore grâce à l’action de l’anesthésie péridurale, voire de l’anesthésie locale si nécessaire. De plus, elle est toujours pratiquée lors d’une poussée donc quand le périnée blanchit et qu’il n’est quasi plus innervé. Toutefois, c’est au moment de la cicatrisation de l’épisiotomie que l’on peut ressentir des douleurs.

Peut-on refuser une épisiotomie ?

Légalement oui, la patiente a toujours la possibilité de refuser un soin. C’est d’ailleurs la « loi Kouchner du 4 mars 2002 » qui stipule qu’il est « interdit de pratiquer un acte médical sur une personne non-consentante ». Idéalement, « l’accord ou le refus de faire une épisiotomie devraient être discutés avant l’accouchement – au moment de la préparation à la naissance ou au cours des consultations prénatales – et que cela figure dans le dossier médical« , précise Philippe Deruelle. Toutefois, « grâce à un échange bienveillant et des discussions, on parvient à lever toute ambiguïté sur le caractère systématique de l’épisiotomie« , nuance-t-il. Pour vous rassurer, sachez que vous êtes en mesure de demander le taux d’épisiotomies pratiqué par l’établissement et bien évidemment toutes les indications sur cet acte chirurgical. Car oui, « c’est souvent le manque d’informations sur l’épisiotomie qui effraie le plus les femmes« , conclut-il.

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Voir un exemple

Si le taux de recours à l’épisiotomie a diminué en France suite aux recommandations du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) de ne pas faire d’épisiotomie de manière systématique, on est encore au-dessus de l’objectif fixé. Le Pr Philippe Deruelle, gynécologue et secrétaire général du CNGOF souhaite l’abaisser autour de 10 à 15 %. Par ailleurs, le recours à l’épisiotomie ne doit pas être systématique. Une étude argentine publiée dans la revue médicale The Lancet en 1993 parvient à prouver que l’épisiotomie systématique n’empêche ni la survenue de lésions du périnée, ni les risques de complications pour la mère (pertes de sang importantes, sur-déchirures sévères, infections…). Après la publication de plusieurs études n’ayant pas permis d’affirmer le rôle positif d’une épisiotomie systématique lors d’un accouchementles recommandations officielles du CNGOF et de l’Organisation mondiale de la santé ont préconisé, dans les années 2000, de limiter les épisiotomies au minimum nécessaire. Ainsi, le taux d’épisiotomie a bien diminué. Mais est-ce toutefois suffisant ? « C’est à chaque maternité d’avoir une politique pro-active pour réduire son taux d’épisiotomie, même s’il est évident qu’on n’atteindra jamais le taux zéro !« , reconnaît le Pr. Deruelle. « A l’époque, il n’y avait pas de recul suffisant pour prendre la décision de restreindre le nombre d’épisiotomie. Désormais, c’est à nous d’inciter les sages-femmes et les jeunes médecins à changer ces habitudes« , enchérit Thierry Harvey.

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L’Epi-no : une méthode pour éviter les épisiotomies ?

Bien que ce n’est qu’au moment de l’accouchement que le recours à l’épisiotomie est envisagé ou non, la pratique de l’Epi-no pourrait, lorsqu’elle est correctement réalisée, réduire le risque d’épisiotomie. A partir de trois mois et demi de grossesse et jusqu’à la veille de l’accouchement, la femme enceinte introduit une sorte de ballon dégonflé dans son vagin qu’elle gonfle à l’aide d’une pompe et qu’elle expulse en tirant sur un tuyau. « Ce n’est ni plus ni moins du stretching pour assouplir et détendre le périnée et faciliter le passage du bébé lors de l’accouchement », précise Thierry Harvey.

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