Surveillée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis mars 2022, l’épidémie d’hépatites infantiles d’étiologie inconnue aurait touché 1000 enfants dans 35 pays et causé 22 décès selon les dernières informations de l’AFP, reprises par Le Temps.
Et les théories s’enchaînent pour l’expliquer. Observant une prévalence de tests positifs au Covid-19 chez plusieurs enfants malades, des scientifiques avaient d’abord mis en accusation le coronavirus, écartant les pistes mettant en cause un adénovirus.
Relayés lundi 25 juillet 2022 par le média scientifique Stat News, de nouveaux travaux conduits en Écosse et en Angleterre, apportent un éclairage novateur sur l’épidémie.
Si ces études n’ont pas encore été adoubées par la communauté scientifique, elles avancent que les cas d’hépatites chez les jeunes enfants pourraient avoir été causés par le mélange du virus AAV2, un adénovirus, et plus rarement, le virus de l’herpès. Les enfants auraient aussi une prédisposition génétique et une “réponse immunitaire trop exubérante”, ajoute Stat News.
“Il semble que la co-infection joue un rôle clé », a commenté dans une déclaration Deirdre Kelly, professeure en hépatologie pédiatrique à l’université de Birmingham.
Un lien avec le Covid-19 soupçonné dès les prémices de l’épidémie
Très tôt, des investigations ont été menées de façon à confirmer ou infirmer, un lien avec le Covid-19.
Le 13 mai 2022, l’OMS publiait ainsi un bulletin dans lequel elle indiquait que 11,6% des 173 enfants atteints par l’infection au foie avaient été testés positifs au Covid-19.
Une relation s’établit alors peu à peu et les chercheurs parviennent à avancer une première explication : le virus aurait la capacité d’élever le taux d’enzymes hépatiques dans le sang, comme l’expliquait uneétude publiée le 10 mars 2021. C’était le cas de la bilirubine, qui cause la jaunisse dans certains cas d’hépatites, et qui était élevée chez les patients atteints par le coronavirus.
En mai 2022, une nouvelle étude paraît dans le Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition et fait savoir qu’un enfant de 3 ans a développé une forme auto-immune de l’hépatite, après une infection légère au Covid-19.
“Nous supposons que les cas récents d’hépatites pédiatriques sévères pourraient être la conséquence d’une infection par un adénovirus avec un tropisme intestinal chez des enfants précédemment infectés par le SARS-CoV-2 et porteurs de réservoir viraux”, avaient expliqué les chercheurs Petter Brodin et Moshe Arditi dans une correspondance parue dans la revue The Lancet Gastroenterology and Hepatology, en juillet 2022.
Hépatites infantiles : la piste du coronavirus supplantée par le mélange de virus
De telles observations ont poussé les scientifiques à s’éloigner lentement des autres hypothèses. Et la piste de l’adénovirus AD-41, ou d’une co-infection avec un autre virus, a perdu du galon. Pourtant, avant de mettre en cause le Covid-19, des scientifiques avaient spéculé sur la possibilité que d’autres types de virus soient responsables de cette épidémie d’hépatites chez les jeunes enfants.
Et pour les chercheurs des deux études publiées (auprès de la communauté scientifique, qui doit les appuyer) le 25 juillet 2022, le Covid-19 n’aurait rien, ou peu à voir avec ces inflammations du foie.
Selon les résultats de ces travaux qui doivent encore être validés par des pairs, le Sars-Cov-2 n’aurait pas été détecté dans le foie des enfants malades composant l’échantillon.
Pour les scientifiques anglophones, les cas d’hépatites résulteraient plutôt d’une co-infection. D’abord, à un dependovirus appelé AAV2 (virus adéno-associé 2), qui a été détecté à des niveaux élevés chez les enfants malades. Ne pouvant se répliquer seul, « il agirait en appui d’un adénovirus ou alors, dans de plus rares cas, avec le virus de l’herpès », précise Stat News.
« La combinaison de deux virus et d’un facteur de susceptibilité génétique correspond à l’hypothèse selon laquelle l’élévation du nombre de cas est devenue visible en raison de la survenue inhabituelle d’infections courantes, car les schémas de plusieurs virus endémiques ont été perturbés par les mesures de contrôle du Covid-19 », rapporte Mario Koopmans, chef du département de viroscience au Erasmus Medical Center de Rotterdam, aux Pays-Bas au micro de média scientifique.
« Je pense que ce qu’il faut garder à garder à l’esprit ici est qu’il s’agit d’une corrélation, pas d’une causalité. Plus de travail sera nécessaire pour établir la cause, y compris pour déterminer le mécanisme », a déclaré de son côté Angela Rasmussen, virologue à la Vaccine and Infectious Disease Organization de l’Université de la Saskatchewan.
« Mais il est possible qu’on n’en trouve jamais la cause », prévenait déjà le virologue Bruno Lina auprès du Parisien en juin 2022.
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