En Floride, parler de règles à des élèves de maternelle et de primaire pourrait bientôt être illégal. Comme le relate le Washington Post, le 17 mars 2023, le « projet de loi 1069 » qui prévoit d’interdire de mentionner les règles avant la classe sixième a été adopté par une sous-commission parlementaire chargée de l’Éducation de Floride.
Le républicain conservateur Stan McClain, qui porte ce texte, a déclaré mercredi 15 mars lors de l’audition à la Chambre des représentants, qu’il autoriserait uniquement l’enseignement du « syndrome d’immunodéficience acquise, des maladies sexuellement transmissibles ou de l’éducation à la santé » entre la sixième et la terminale. À cette période, les enfants ont généralement entre 11 et 18 ans.
Les détracteurs du texte craignent notamment que les fillettes qui interrogeraient leurs camarades ou le corps enseignant à propos de leurs menstruations soient punies. À ce sujet, le membre du Congrès américain qui défend la loi est resté vague.
Un texte « absurde » pour l’opposition
Le média américain USA today news précise que ce projet de loi va « à l’encontre des conseils des professionnels de la santé qui recommandent de parler aux enfants de la puberté et des changements de leur corps avant qu’ils ne se produisent. »
Dans une vidéo publiée sur Instagram le mardi 16 mars 2023 la députée démocrate Ashley Gantt, membre de la commission parlementaire, dénonce elle aussi cette loi dangereuse : « Imaginez une petite fille en CM1, allant aux toilettes, trouvant du sang dans sa culotte et pensant donc qu’elle est en train de mourir. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive et sa maitresse n’a même pas la possibilité de lui dire que cela fait partie de la vie. »
Pour la directrice politique de la Florida Alliance of Planned Parenthood Affiliates (Alliance de Floride des affiliés du Planning familial, en français), Annie Filkowski, qui s’est exprimée dans un communiqué cité par The Guardian, il n’y a aucun doute, la législation est « absurde » et « met en lumière la soif perpétuelle de pouvoir des dirigeants politiques de Floride ».
Stan McClain nuance ses propos
Le projet de loi qui a été adopté à 13 voix contre cinq se dirige maintenant vers le parquet de la State House, relate le Washington Post. « S’il passe devant la chambre contrôlée par les Républicains, il doit encore être validée par la chambre des représentants de l’État, majoritairement conservatrice, puis par le Sénat local avant d’être définitivement promulgué par DeSantis [le gouverneur de Floride, ndlr] », informe-t-il. NBC Miami, précise qu’un autre texte similaire est déjà en cours d’examen au Sénat.
Face aux critiques, le conservateur s’est dit prêt à modifier le futur projet de loi et indique que l’objectif est « d’uniformiser l’éducation sexuelle » dans tout l’État afin de « fournir davantage de voies aux parents pour s’opposer aux livres ou à d’autres documents qu’ils jugent inappropriés pour les jeunes enfants », cite le Time. Par ailleurs, le média indique que les écoles devront donner aux enfants un enseignement également transphobe puisqu’ils enseigneront « que l’identité sexuelle d’une personne est déterminée biologiquement à la naissance ».
Stan McClain a annoncé, cite à nouveau le Washington Post, que son « intention » n’était pas de punir les filles qui poseraient des questions aux enseignants concernant leur cycle menstruel. Pourtant, lors de la session au parlement, Ashley Gantt a demandé au législateur du parti républicain et député d’Ocala (ville en Floride), si « ce projet de loi interdit les conversations sur les cycles menstruels « . Ce dernier y avait répondu favorablement : « Oui, cela serait le cas. »
Pour rappel, une série de lois très discriminante envers les personnes LGBTQIA+ a déjà été votée en Floride au cours de l’année 2022. Ces législations portées par Ron DeSantis, concurrent direct de Donald Trump pour les élections présidentielles de 2024, interdisent notamment aux professeurs d’évoquer l’orientation sexuelle et l’identité de genre avec leurs élèves.
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