Émancipation et sororité : les films et séries féministes incontournables à regarder

Plus besoin de le prouver, la représentation à l’écran est essentielle pour faire avancer la société et façonner des modèles inspirants. Si le cinéma, et la fiction en général, n’ont pas toujours été tendres avec les femmes, alimentant les injonctions qui leur sont déjà imposées, parfois ils sont un vrai outil de sensibilisation féministe.

Défricher les sujets sensibles

De Thelma et Louise à Mononoké, plusieurs personnages féminins ont brillé, dans les salles sombres comme dans notre salon, par leur profondeur. Fortes, ambitieuses, rebelles et intransigeantes, elles ont marqué des générations de téléspectatrices et certainement créé des vocations.

De plus en plus, les réalisateurs et réalisatrices se servent de leur art pour se saisir de sujets essentiels, et parfois tabous, comme le viol, l’avortement ou l’orientation sexuelle. Qu’elles soient frontalement engagées ou tout simplement éloignées des standards voici les productions qui font du bien aux femmes et leurs combats.

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"Le sourire de Mona Lisa"

C’est la rencontre entre des jeunes étudiantes brillantes, conditionnées pour la plupart à être de bonnes épouses, et Katherine Watson, une professeure d’art qui espère leur offrir un avenir épanouissant, mais surtout, qu’elle ont choisi.

Sorti en 2003, Le sourire de Mona Lisa prend place dans une prestigieuse école pour filles des années 50. Ses héroïnes, incarnées par Julia Roberts, Maggie Gyllenhaal, Julia Stiles et Kirsten Dunst, se démènent et tentent de s’épanouir malgré les carcans du patriarcat et le sexisme intégré qu’on leur insuffle depuis toujours. Une quête de liberté inspirante et émouvante.

Le sourire de Mona Lisa, de Mike Newell, 2003.

"The Handmaid’s Tale"

Série choc adaptée du roman dystopique culte La servante Écarlate, de Margaret Atwood. Produite par Hulu, The Handmaid’s Tale est une série haletante et qui, d’années en années, s’approche dangereusement proche de la réalité des droits des femmes à disposer de leur corps.

Alors que le monde moderne est touché par une crise de fertilité sans précédent, les États-Unis sombrent dans un régime totalitaire conservateur. À Gilead, les hommes ont toute puissance, et les femmes sont réduites à n’être que des épouses, des bonnes, des ouvrières ou des utérus sur jambes.

June, personnage principal rebelle incarné de façon magistrale par Elisabeth Moss, met sa vie en péril à chaque épisode pour sauver sa fille, ses soeurs de calvaire et sa liberté.

The Handmaid’s Tale, de Bruce Miller. Avec Elisabeth Moss,Yvonne Strahovski, Ann Dowd et Samira Wiley. Disponible sur Hulu et OCS.

"Les figures de l’ombre"

Connaissez-vous l’histoire occultée de Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson ? Ces trois scientifiques afro-américaines ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale en mettant en orbite l’astronaute John Glenn, premier voyage spatial habité en 1962.

Le film Les figures de l’ombre met en scène leur travail acharné, et en arrière-plan. Celui ci a d’abord été raconté par l’écrivaine Margot Lee Shetterly dans son livre éponyme en 2016.

Les figures de l’ombre, de Theodore Melfi. Avec Taraji P. Henso, Octavia Spencer, et Janelle Monáe. 2016.

"Borgen, une femme au pouvoir"

Dans la vraie vie, les femmes sont toujours peu représentées en politique, c’est l’une des raisons qui rend Borgen si unique. Le show raconte la bataille électorale d’une femme qui brigue le poste de Première ministre du Danemark. La série dresse le portrait d’une héroïne ambitieuse et tenace, mais loin des clichés autoritaires accolés aux femmes de pouvoir.

Un rôle sur-mesure pour l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen, qui a grandi en Tanzanie et qui parle donc un français impeccable. 

Borgen, d’Adam Price. Avec Sidse Babett Knudsen, Pilou Asbæk et Birgitte Hjort Sørensen. Disponible sur Netflix et arte.tv.

"Thelma et Louise"

Une belle histoire de sororité sur fond de violences sexistes. L’escapade sympathique de Thelma et Louise se transforme en cavale jusqu’au Mexique après que l’une d’elle ait tué son violeur. Ce roadmovie et thriller des années 90 est un porté par un duo flamboyant et iconique.

Cultissime et avant-gardiste en son temps.

Thelma et Louise, de Ridley Scott. Avec Susan Sarandon, Geena Davis et Brad Pitt. 1991.

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"Clueless"

Teenmovie feel good par excellence, on se passionne pour une bande de riches adolescentes de Berverly Hills, mais surtout l’amitié inébranlable qui les lie. Une relation bienveillante racontée par la réalisatrice Amy Heckerling, qui ferait presque oublier les sorties insuportables de l’attachante personnage principale Cher Horowitz.

Remake du roman d’apprentissage Emma de Jane Austen, publié en 1816, Clueless reste un film culte et plus profond qu’il n’y paraît, notamment car il aborde les thèmes de la sexualité, de l’altruisme, du consentement, du slut-shaming ou encore de l’homosexualité. Mention spéciale aux tenues pointues et inspirantes du trio.

Clueless, d’Amy Heckerling. Avec Alicia Silverstone, Stacey Dash, Brittany Murphy, et Paul Rudd. 1996

"Persepolis"

En quatre tomes de romans graphiques, la dessinatrice et cinéaste Marjane Satrapi a raconté son adolescence à Téhéran, en Iran, durant la révolution de 1979. Avec humour et à travers les yeux d’une jeune fille au caractère bien trempé, l’adaptation cinématographique dénonce les manoeuvres politiciennes, l’autoritarisme et l’intégrisme religieux. Une fresque fascinante d’un pays en mutation identitaire.

La réalisatrice française d’origine iranienne a remporté le prix du jury à Cannes, ex-æquo, pour cette animation.

Persepolis, de Marjane Satrapi. 2007.

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"Unbelievable"

Cette mini-série de 8 épisodes retrace l’histoire vraie de Marie, adolescente pupille de l’État, et son parcours du combattant pour se faire reconnaître comme une victime de viol en 2008. La jeune fille a été agressée sexuellement par un homme cagoulé et armé entré par effraction chez elle, alors qu’elle dormait. L’agresseur l’oblige ensuite à se doucher pour effacer ses traces d’ADN, et emporte les draps avec lui. Ne laissant aucune trace.

Le show Netflix aborde également l’amnésie traumatique qui peut altérer les souvenirs de l’agression des victimes, elles qui luttent souvent pour être entendues et crues par les enquêteurs.

Unbelievable, de Susannah Grant, avec Kaitlyn Dever, Merritt Wever et Toni Collette. Disponible sur Netflix.

"Easy A"

Emma Stone électrise dans cette comédie américaine, incarnant Olive, une lycéenne que l’on accuse d’avoir perdu sa virginité. Objet de moqueries, animal de foire, puis reine du campus, la jeune fille faussement traînée se joue des rumeurs et renverse le mécanisme slut-shaming.

Easy Girl, de Gluck Will. Avec Emma Stone, Penn Badgley et Amanda Bynes. 2010.

"Fleabag"

Brillante mini-série britannique dans laquelle l’héroïne brise le quatrième mur et nous immisce dans l’intime de sa vie de trentenaire paumée. Déceptions amoureuses, deuil et résilience sont les thèmes sous-jacents de Fleabag, une production aussi hilarante que tragique, écrite, produite, réalisée et interprétée par l’incroyable Phoebe Waller-Bridge. À ne pas rater.

"Princesse Mononoké"

Il n’est pas le plus connu des chefs-d’œuvre d’Hahayo Miyazaki, mais il est l’un des plus marquants par sa maturité et sa violence. Fable écologiste et féministe, Princesse Mononoké met en avant des personnages indépendantes et combatives, qu’elles soient du côté du bien ou du mal.

Ni l’amour, ni parfois le bon sens, ne les détournent de leurs objectifs.

Princesse Mononoké, d’Hahayo Miyazaki. 1997.

"I may destroy you"

Une série coup de poing sur les séquelles psychologiques qui suivent le traumatisme du viol, raconté du point de vue de la victime uniquement. Un fait plutôt rare pour être signalé.

I may destroy you est une œuvre unique et engagée, pensée, écrite, puis réalisée par l’actrice Michaela Coel et Sam Miller. La britannique détient le rôle principal d’Arabella, violée dans un bar lors d’une soirée londonienne, un drame qui va profondément altérer sa santé mentale.

I may destroy you, de Michaela Coel et Sam Miller. Disponible sur OCS.

"Portrait de la jeune fille en feu"

Une histoire d’amour lesbien comme elles se font rares au cinéma. En 1770, Marianne, une jeune peintre talentueuse est missionnée dans une demeure sur la côté pour réaliser le portrait de mariage d’Héloïse. Celle-ci refuse de poser pour quiconque, puisqu’elle ne veut pas se marier. Alors, Marianne se fait passer pour une dame de compagnie et la peint en secret dans sa chambre le soir.

Céline Sciamma, réalisatrice lesbienne, livre ici un film romantique et vibrant qui s’affranchit naturellement des clichés lesbophobes du grand écran. Adèle Haenel y est hypnotique.

Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma. Avec Adèle Haenel et Noémie Merlant. 2019.

"Girls"

Lorsqu’elle a été diffusée pour la première fois en 2012, Girls cochait toutes les cases de la nouvelle vague du féminisme, que l’on peut désormais jugé comme plutôt conventionnel. Mais le show de Lena Dunham a pour mérite d’avoir porté à l’écran des problématiques jusque là peu démocratisée comme la grossophobie, l’horloge biologique ou le désir féminin, et de montrer une nouvelle image, plus réaliste, du corps des femmes.

Girls, de Lena Dunham. Disponible sur OCS.

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