L’Histoire n’a pas vraiment retenu son nom, et pourtant Alice Milliat est une pionnière, à qui les sportives professionnelles doivent beaucoup. C’est elle qui a popularisé la pratique du sport par les femmes, malgré l’hostilité des hommes, au début du XXe siècle. « Une femme faisant du sport, ça voulait dire s’habiller dans des tenues pas correctes. C’était aussi considéré comme mauvais pour la santé, pour la procréation. Et les femmes risquaient de se désintéresser des hommes. » explique Anne-Cécile Genre, autrice et réalisatrice du documentaire Les incorrectes diffusé mardi 31 mai à 22h25 sur Histoire TV.
À base d’archives flmées inédites et de commentaires de grandes championnes comme l’Algérienne Hassiba Boulmerka ou la boxeuse française Sarah Ourahmoune, le film retrace le combat d’Alice Milliat. Née à Nantes en 1884, elle découvre l’aviron lors d’un séjour à Londres. À son retour en France, elle se met aussi à la natation et créé les premiers clubs sportifs féminins qui rendent accessibles aux femmes l’athlétisme, le football ou le hockey sur gazon. Au sortir de la Première Guerre mondiale, elle lance des championnats de France, puis en 1922, ce sont les premiers Jeux Olympiques féminins, à Paris. « Ces jeux qui ont eu lieu il y a 100 ans, je n’en avais jamais entendu parler. J’étais persuadée que c’était tombé dans l’oubli parce que ça n’avait pas été vraiment couvert par la presse, qu’il n’y n’avait pas d’archives. Et j’ai découvert que si ! La presse française et étrangère en avait parlé, il y avait même deux caméras dans le stade, » déclare Anne-Cécile Genre.
Elle est morte « dans l’oubli le plus total »
Les derniers Jeux olympiques féminins se sont déroulés à Londres en 1934 et ont signé la fin de la vie publique d’Alice Milliat : « Elle était épuisée par ce combat. La Deuxième Guerre mondiale est passée par là et a remis les femmes à leur place, c’est-à-dire à la maison. Alice Milliat est morte en 1957 dans l’oubli le plus total. Il n’y avait pas son nom sur sa tombe jusqu’à très récemment. Donc elle est redécouverte aujourd’hui, tant mieux. De plus en plus de stades portent son nom, le Comité olympique français a inauguré une statue à son effigie l’année dernière. Elle fait même face à Pierre de Coubertin, son grand adversaire, dans les locaux du Comité olympique, et je trouve que c’est un beau symbole, » conclut Anne-Cécile Genre. En 2024, pour les JO de Paris, il y aura autant d’athlètes hommes que femmes. Une première ! Alice Milliat en aurait été très fière.
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