Eddy Mitchell : "Je suis le Français typique ! Je râle tout le temps"

Monsieur Eddy est de retour. À 79 ans, le chanteur signe Country Rock*, un album sincère où il évoque son ami Johnny Hallyday mais aussi les violences faites aux femmes, le rap et la mort. Interview d’un bougon sympathique que l’on retrouve samedi 18 décembre à 21 h 05 sur France 2 dans Un soir à Monaco avec Laurent Gerra et lundi 20 décembre à  à 21 h 05 sur France 3 dans Le Grand Échiquier.

Vous ouvrez votre album avec Un petit peu d’amour, un titre qui rend hommage à votre longue amitié avec Johnny Hallyday. Comment cette chanson s’est-elle imposée ?

Eddy Mitchell : Un soir, en regardant de vieilles photos, j’ai retrouvé plein de clichés avec Johnny. Je me suis dit : "C’est sur lui qu’il faut que je fasse une chanson." Comme il me manque, ça a été facile. On était comme deux frangins. On s’est connus, j’avais 15 ans, lui en avait 14. On ne s’est jamais quittés, jamais engueulés. Johnny était le parrain de ma fille Pamela, je suis le parrain de Laura. C’était la famille.

Dans la chanson, vous évoquez les amis qui l’ont souvent trahi…

Parce qu’il se laissait trahir. Il donnait beaucoup, sans distinction. Il se gourait souvent. Il voulait rester dans le coup, avoir toujours quelqu’un de plus jeune à ses côtés.

Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?

Quelques jours avant sa mort. Il regardait la télé. On parlait de tout et de rien. Il avait besoin de se distraire. Les adieux, ce n’était pas notre genre.

Vous n’avez pas participé au concert hommage qu’a organisé France 2. Pourquoi ?

Je n’ai rien à faire dans tous ces trucs qui sont faits maintenant. Je répète cette phrase qui n’est pas de moi mais du président du fan-club de Johnny : "On l’a tué une deuxième fois." Ça résume tout.

Vous prouvez aussi que l’actualité et les faits de société vous inspirent encore. Dans Droite dans ses bottes, vous évoquez les viols des enfants et la pédophilie ; dans Les Blessures d’amour, les violences conjugales. Qu’est-ce qui vous a décidé à en parler ?

Les femmes, ces derniers temps, se sont mises à parler, et il y a une liberté de parole extraordinaire. Par contre, la justice prend son temps pour juger ces hommes coupables.

Et le rap, dont vous parlez dans Né dans le ghetto, est-ce que vous en écoutez ?

Pas vraiment mais, comme je le chante, il y a un parallèle entre le rap et le rock’n’roll des années 50 ou 60. On était considérés comme des crétins. C’est la même chose pour les rappeurs aujourd’hui, que beaucoup prennent pour des voyous ou des dealers. Ils ne sont pas que ça. Ils racontent des trucs intéressants sur ce qui se passe dans les cités.

Dans Je suis comme toi, vous vous comparez au Français moyen : râleur, contestataire, de mauvaise foi… Êtes-vous vraiment ce citoyen lambda ?

Ah oui, je suis le Français typique ! Je râle tout le temps.

Le Français moyen, il peut aussi voter aux extrêmes…

J’accuserai le Français moyen si je m’aperçois qu’il est d’accord avec Éric Zemmour ou Marine Le Pen. C’est même pour cela que je vote d’ailleurs, pour faire barrage aux extrêmes.

Vous évoquez la mort dans Roulette russe. La mort vous fait-elle peur ?

La mort fait partie de la vie. Il faut bien l’accepter. Mais le plus tard possible et dans peu de souffrances. J’ai même déjà pensé à mon épitaphe : "Ne pas déranger." J’aime bien qu’on me foute la paix.

Vous aurez 80 ans en juillet prochain. Comment voyez-vous cette échéance ?

C’est un bel âge mais ça fait ch… quand même. (Il rit.)

*Country Rock, Polydor/ Universal Music, 16,99 €

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