Motif fréquent de consultation, la douleur mammaire, ou en terme médical « mastodynie », peut être localisée ou diffuse, aigüe ou pas, se manifester par une sensation de brûlure ou une simple tension, concerner un seul sein ou les deux. Faisons le point sur les douleurs que les femmes peuvent ressentir au niveau de la poitrine.
Restez informée
Si elle apparaît de façon brutale, se manifeste par un sein rouge et chaud ou un gonflement localisé, il faut consulter. Dans 95% des cas, ces manifestations ne sont pas liées à un cancer et ont pour cause des variations hormonales, qu’un traitement peut soulager.
Des seins gonflés et douloureux
Des seins gonflés et douloureux à l’adolescence
« Pendant la deuxième phase du cycle, après l’ovulation, un excès d’estrogènes par rapport à la progestérone induit un gonflement des seins, souvent bilatéral. Il ne faut pas s’en inquiéter car, l’arrivée des règles déclenchent une chute hormonale, les seins dégonflent et la douleur disparaît« , explique le Dr Joëlle Bensimhon, gynécologue à l’hôpital Cochin-Port Royal à Paris. Cette douleur, plus commune chez les jeunes filles, peut survenir à n’importe quel âge jusqu’à la ménopause.
Des seins douloureux avec la pilule
Les jeunes femmes peuvent aussi connaître le même désagrément, pour la même raison : trop d’estrogènes ! « Le médecin peut en prescrire une moins dosée ou qui ne contient pas du tout d’estrogènes« , précise le Dr Bensimhon.
Des seins douloureux à la ménopause
Elle est caractérisée par une chute brutale du taux d’estrogènes, donc plus de raison d’avoir mal ! Mais certaines femmes ne supportent pas les effets secondaires (bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, problèmes de sommeil..). « Le traitement hormonal de la ménopause (THM), qui permet de rétablir l’équilibre hormonal, ne doit pas être source de douleurs. Si c’est le cas, le médecin le rééquilibre en adaptant les doses« , conseille le Dr Bensimhon.
Une boule dans le sein
Un kyste au sein
Il est fréquent mais bénin dans 99% des cas. « Rempli d’eau, il peut être très gros, comprimer la glande mammaire et entraîner des douleurs. Il faut immédiatement consulter. Il sera ponctionné pour soulager les patientes et le liquide analysé pour éliminer le diagnostic de cancer« , précise le Pr Mahasti Saghatchian, cheffe de l’unité de sénologie de l’Hôpital Américain de Paris.
Un adénofibrome
Il s’agit d’une lésion toujours bénigne, qui apparaît quand les glandes sont serrées les unes contre les autres et pas assez entourées de graisses.
Une mastose fibrokystique
« Bénigne et relativement fréquente entre 30 et 50 ans, elle est le signe d’un tissu mammaire trop dense« , souligne le Dr Bensimhon.
Des seins tendus
Certaines femmes devinent qu’elles sont enceintes avant même d’avoir fait un test ! « Cette douleur, qui peut durer tout le premier trimestre, est due aux hormones de grossesse, œstrogènes, prolactine, progestérone, produites en quantités importantes. Pas d’inquiétude, c’est normal« , souligne le Dr Bensimhon.
4 / Un sein rouge et chaud
Une thrombophlébite veineuse superficielle
Appelée aussi maladie de Mondor, les veines superficielles du sein sont obstruées par un caillot sanguin. « Cela doit être confirmé par une mammographie couplée à une échographie. On traite par des anti-inflammatoires. Il n’y a aucun caractère de gravité« , précise le Dr Bensimhon.
Une mastite inflammatoire
« L’allaitement peut provoquer une inflammation d’un canal galactophore qui s’infecte. Le sein est chaud, gonflé, la maman a de la fièvre. Il faut traiter par des antibiotiques. Sans oublier les fameuses crevasses qui surviennent lorsque le bébé ne tète pas correctement le mamelon. Ces lésions superficielles sont améliorées efficacement par des crèmes spécifiques« , ajoute le Dr Bensimhon.
Un traumatisme sur le sein
« Un choc, une blessure, un accident ne provoquent pas de cancer du sein. Mais il faut consulter en cas d’hématome douloureux. Si on découvre un cancer à cette occasion, c’est de façon fortuite« , souligne le Pr Saghatchian. Et ce « hasard » permet un dépistage et un traitement précoce qui augmentent les chances de guérison.
Des ganglions sous l’aisselle
« C’est le signe d’un cancer avancé. Mais cette situation est rare ((5 à 10% des cas) grâce aux progrès du dépistage » explique le Pr Saghatchian. « Après la chirurgie, qu’on ait retiré la tumeur ou tout le sein, la cicatrice ou la radiothérapie peuvent générer des douleurs pendant plusieurs années« , précise la spécialiste.
Un suivi régulier par le gynécologue
« Faute de formation, de budget, de volonté gouvernementale (le numerus clausus a été relevé en 2021, mais il faut dix ans pour former un gynécologue), il ne va plus rester que 1.000 gynécologues médicaux en France. Cette spécificité hexagonale n’aurait jamais dû être remise en cause. Elle a offert aux femmes un meilleur accompagnement, à commencer par la contraception. Même si la pilule fait l’objet de diverses polémiques, elle reste un rempart contre l’IVG. Et si elle ne convient pas, le gynécologue pourra aider à trouver un autre moyen de contraception. Les frottis réguliers ont permis, eux, de pratiquement éradiquer le cancer du col de l’utérus, et la mammographie, de dépister le cancer du sein à un stade précoce. Et que dire de la ménopause, l’infertilité, les maladies cardiovasculaires… Les sages-femmes font un travail formidable avant, pendant et après la grossesse, mais ne remplacent pas le gynécologue pour tout le reste. Les réseaux sociaux relaient souvent des fake news angoissantes. Dans mon ouvrage La Vie intime des femmes, je leur livre des réponses en attendant qu’elles puissent consulter. Informer pour ne pas subir.«
Merci au Dr Anne de Kervasdoué, gynécologue et auteure de La vie intime des femmes, Editions Odile Jacob.
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