Dissonance cognitive : définition, symptômes et solutions

Lorsque ce que l’on ressent n’est pas en accord avec ce que l’on fait, on parle de dissonance cognitive. Le point avec une psychiatre.

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Qu’est-ce que la dissonance cognitive ?

Première info : la dissonance cognitive n’est pas une maladie.  » C’est un phénomène, un état d’esprit que l’on a tous (un jour ou l’autre) ressenti ; il s’agit d’un inconfort moral et mental, lié à un non-alignement entre ce que l’on ressent et ce que l’on fait  » explique le Dr. Fanny Jacq, médecin psychiatre.

Un exemple pour comprendre. La dissonance cognitive peut notamment se manifester dans la vie professionnelle :  » lorsque les valeurs de votre entreprise sont très différentes des vôtres (une entreprise très axée  » chiffres « , par exemple), il y a une inadéquation entre votre comportement au quotidien (vous travaillez pour cette entreprise) et ce que vous ressentez (vos valeurs humanitaires ou écologiques, par exemple). Ce conflit intérieur peut s’avérer épuisant et même conduire certaines personnes au burn-out. « 

Autre exemple : le tabagisme.  » En votre for intérieur, vous savez que fumer est mauvais pour la santé : vous vous sentez coupable de mettre votre santé en danger, d’enrichir le lobby du tabac et de mettre vos proches en danger à cause du tabagisme passif. Il n’empêche : vous n’arrivez pas à cesser de fumer. Il y a un non-alignement entre ce que vous faites et vos valeurs, et cela peut aussi générer de l’épuisement  » illustre le Dr. Fanny Jacq.

Dissonance cognitive : quels sont les signes à repérer ?

À savoir. Chez certaines personnes – ce sont surtout des personnes très rigoureuses, très perfectionnistes, qui souhaitent toujours  » bien faire « , voire obsessionnelles et/ou souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) – la dissonance cognitive peut être à l’origine d’un mal-être constant :  » on observe un épuisement, une anxiété ou un stress persistant, de l’embarras…  » précise le médecin psychiatre. La dissonance cognitive, lorsqu’elle se prolonge, peut même amener à la dépression.

 » Les personnes qui souffrent de dissonance cognitive au quotidien, c’est-à-dire qui sont constamment dans cette situation de conflit intérieur, se posent énormément de questions, ont tendance à s’épuiser à force de s’interroger sur le sens de leur vie, ont beaucoup de difficultés à faire des choix au quotidien (même les plus simples)…, ajoute la spécialiste. Elles peuvent avoir la sensation d’avoir  » loupé quelque chose  » dans leur vie, d’avoir pris les mauvaises routes, d’avoir été insuffisantes… « 

Pire :  » les personnes qui souffrent de dissonance cognitive peuvent même ressentir de la culpabilité, voire de la honte, vis-à-vis de leurs actes quotidiens et de leurs actions passées « . Cette sensation de dissonance cognitive peut concerner la vie professionnelle, mais aussi la vie sentimentale ou amoureuse, la vie amicale…

Dissonance cognitive : quelle prise en charge ?

À savoir. La dissonance cognitive, lorsqu’elle constitue un handicap au quotidien, peut être prise en charge par un médecin psychiatre ou par un psychologue, éventuellement après redirection par le médecin traitant dans le cadre du parcours de soin.

 » Les personnes qui souffrent de ce conflit intérieur permanent, de cet inconfort moral et mental, ont tendance à consulter un médecin psychiatre ou un psychologue en raison des  » dommages collatéraux  » de la dissonance cognitive : le stress, l’anxiété, les crises d’angoisse, le burn-out, la sensation de malaise persistante, l’impression de se faire des  » nœuds au cerveau « , de se  » prendre la tête  » en permanence…  » explique le Dr. Fanny Jacq.

La prise en charge de cette dissonance cognitive quasi-pathologique passe principalement par une thérapie cognitive et comportementale (TCC). Cette thérapie brève s’intéresse à deux choses : le sens donné aux choses par le patient (c’est la partie cognitive) et son comportement face aux choses en question (c’est la partie comportementale). En résumé, l’objective d’une TCC, c’est de repérer et de corriger les pensées dysfonctionnelles à l’origine de comportements problématiques.

Et aussi…  » En parallèle, le patient va progressivement apprendre à lâcher-prise, à laisser filer les pensées pathologiques qui sont à l’origine de ce conflit intérieur destructeur : cela peut notamment passer par de la méditation en pleine conscience  » ajoute le Dr. Fanny Jacq.

Merci au Dr. Fanny Jacq, médecin psychiatre et directrice de la santé mentale chez Qare.

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