Carmen Mola est une autrice espagnole de romans policiers. Madrilène née en 1973, mère de trois enfants et enseignante en lycée, elle a signé une trilogie dont les deux premiers volets, La fiancée gitane et Le réseau pourpre ont été publiés en France chez Actes Sud. C’est pour un autre livre, La Bestia, qu’elle a reçu vendredi le prestigieux prix Planeta, doté d’un million d’euros – bien plus que les 10 euros remis au lauréat du
Goncourt, son équivalent français. Seulement voilà : Carmen Mola n’existe pas.
Derrière ce pseudonyme se cachaient en réalité trois hommes : Jorge Díaz, Agustín Martínez et Antonio Mercero. « Trois écrivains, trois scénaristes et trois amis (…), qui, un jour, il y a quatre ans, ont eu l’idée folle de combiner leurs talents pour écrire une histoire ensemble », a révélé Jorge Díaz après la remise du prix. « Cette histoire a eu du succès et en a donné une autre, une autre, une autre… et à la fin, elle nous a amenés ici ce soir », a-t-il ajouté.
« Un faux profil qui a dupé lecteurs et journalistes »
Tout le monde n’a cependant pas apprécié la supercherie. « Au-delà de l’utilisation d’un pseudonyme féminin, ces gars-là donnent des interviews depuis des années. Ce n’est pas qu’un nom, c’est un faux profil qui a dupé lecteurs et journalistes », a réagi l’autrice féministe Beatriz Gimeno sur Twitter. El Pais a retrouvé un post Facebook visionnaire d’
une autre écrivaine, Ana Ballabiga. En juillet 2020, elle suggérait que derrière Carmen Mola se cachaient trois hommes. Elle les imaginait dans un bar en train de se plaindre que leurs livres ne se vendent pas et échafauder une stratégie marketing autour d’un pseudonyme féminin.
Dans les colonnes d’El Pais, Antonio Mercero a nié une telle démarche cynique : « On ne s’est pas caché derrière une femme mais derrière un nom ». « Je ne sais pas si le pseudonyme féminin est plus vendeur que le pseudonyme masculin, je n’en ai pas la moindre idée, mais cela ne me semble pas être le cas », a-t-il également déclaré.
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