- Le Dental Slim Diet Control et ses airs d’instrument de torture
- Un objet controversé qui a vite fait polémique sur les réseaux sociaux
- Une progression de l’obésité en France
Des chercheurs néo-zélandais et britanniques ont mis au point « des dispositifs magnétiques avec des boulons de verrouillage uniques fabriqués sur mesure » à placer dans la bouche, nous apprend un communiqué de presse de l’Université d’Otago, publié ce mardi 28 juin 2021. À sa lecture, la mâchoire nous en tombe…
Car le but de cet outil, nommé Dental Slim Diet Control, est de museler (au sens propre du terme) une personne obèse, qui ne pourra alors ingurgiter que des aliments liquides afin de perdre rapidement du poids.
Le Dental Slim Diet Control et ses airs d’instrument de torture
Les aimants – installés par un dentiste sur les molaires supérieures et inférieures – permettent une ouverture de la bouche de seulement 2 millimètres. D’après les scientifiques, ils auraient permis de faire perdre plus de 6kg en deux semaines aux sept femmes ayant testé le dispositif.
Une sombre technique qui n’est pas sans rappeler celle de la ligature des mâchoires, appliquée dans les années 80. Elle consistait à fermer complètement la bouche des patient.es. et provoquait des vomissements menant à des étouffements, des maladies au niveau des gencives, voire des troubles psychiatriques aigus.
Le chercheur principal de l’Université d’Otago, le Professeur Brunton, définit cette nouvelle technique comme étant « une alternative non-invasive, réversible, économique et attractive, aux interventions chirurgicales » et sans effets secondaires. Il précise que dispositif peut être ouvert en cas d’urgence (crise de panique, vomissements…etc.)
Le British Dental Journal – dans lequel l’étude a été publiée – explique que ces aimants seraient un atout « pour une perte de poids à court terme avec un objectif spécifique, par exemple chez les patients obèses qui doivent subir une opération de remplacement du genou ou de la hanche ou qui se préparent à une chirurgie bariatrique, mais qui ne subiront l’intervention que s’ils perdent du poids ». C’est aussi la possibilité de rompre avec les mauvaises habitudes alimentaires, selon le Professeur Brunton. Permettez-nous d’émettre de sérieux doutes là-dessus.
Un objet controversé qui a vite fait polémique sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, les réactions à propos de cette publication ne se sont pas faites attendre. « Et si quelqu’un ressent le besoin de vomir ? Si la personne s’étouffe, est victime d’une crise cardiaque ou a besoin d’être intubée rapidement ? Ça semble hautement contraire à l’éthique », réagit Natascha Strobl, une politologue autrichienne, sur Twitter.
« Si quelqu’un vomit en le portant, il s’étouffera. Aussi, mauvaise idée pour l’hygiène dentaire. Vous ne pouvez pas vous brosser les dents correctement ou utiliser du fil dentaire. C’est totalement une mauvaise idée », renchérit une autre internaute. « Je ne peux pas imaginer à quel point je serais mortifiée de porter cette chose. Désolée, je suis une personne grosse donc je ne peux pas parler, me brosser les dents, éternuer, tousser ?! », s’insurge de son côté Platinium Pixie.
Des milliers d’autres commentaires similaires ont été rédigés sous le post publié par l’Université d’Otago sur son compte Twitter.
En France, Daria Marx, membre du collectif Gras Politique, ne se dit même pas « surprise » par un tel engin sur le réseau social à l’oiseau bleu : « C’est une modernisation de l’ancienne proposition qui consistait à coudre les dents. Ça existe depuis 80 ans. Problème : si tu vomis tu meurs, si tu tousses tu meurs. Problème : tu remanges tu regrossis. » Sur son compte, Gras Politique appelle surtout à se révolter « quand on propose à des personnes en santé de les amputer d’un organe sain pour maigrir. »
Une progression de l’obésité en France
Selon une enquête publiée mercredi 30 juin 2021 par la Ligue contre l’obésité, « 17% de la population française souffre d’obésité, soit près de 8 567 128 d’individus et 2,0% sont en situation d’obésité massive soit plus d’un million de personnes. » Un « chiffre en forte hausse, par rapport à l’étude ObÉpi-Roche de 2012 (15% de la population soit 6 922 215 individus) », s’inquiète l’association.
Également, « si les femmes sont toujours plus touchées que les hommes c’est auprès de ces derniers que les progressions sont les plus fortes notamment sur l’obésité massive : elle a été multipliée par 3 en 8 ans (passant de 0,6% à 1,8%) », précise l’enquête. Enfin, « 34% des enfants de 2 à 7 ans et 21% des enfants/jeunes de 8 à 17 ans sont en situation de surpoids ou d’obésité », souligne la ligue.
L’obésité est classée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une « épidémie mondiale« . Depuis 1975, elle a presque triplé dans le monde.
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