Pour son dixième roman, la Lilloise nous plonge dans une histoire sur deux époques au cœur d’un village où tout se sait et où, surtout, rien ne s’oublie…
France Dimanche: Votre roman parle d’un village dont les maisons se retrouvent « aux quatre vents ». Comment vous est venue cette idée romanesque ?
Amélie Antoine: J’ai toujours été fascinée par les endroits désaffectés. Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui s’est passé pour que tout ait été ainsi laissé à l’abandon. Et en 2019, l’illustrateur Jack Koch m’a confié en quelques phrases le scénario d’une histoire qu’il porte en lui depuis des années, mais qu’il n’écrira jamais, car il n’envisage pas de prendre un jour la plume. J’ai imaginé les images, les scènes de désolation et j’ai aussitôt eu l’intime conviction que ce projet devait exister.
FD : Votre roman se passe en partie sous l’Occupation…
AA : J’ai l’habitude d’écrire des récits contemporains et c’est la première fois que je situe une intrigue dans le passé. Construire un roman sur cette période, c’est avoir la liberté de la fiction grâce aux personnages qu’on invente, tout en étant contraint par une réalité très documentée. Un vrai défi que j’ai adoré relever, car j’ai toujours aimé effectuer des recherches, enquêter, lire et voir des documentaires.
FD : Comment avez-vous imaginé le village de Sabran-sur-la-Lys ?
AA : Je travaille de manière très visuelle. Aussi j’ai réalisé des esquisses pour avoir le village bien en tête. J’ai dessiné un plan avec le nom des rues, les maisons des personnages et l’emplacement des commerces. Je pourrais presque avoir l’impression que cet endroit existe réellement !
FD : Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de votre roman ?
AA : L’idée qu’on ne connaît jamais totalement les autres. On croit tout savoir sur nos proches, nos origines ou notre histoire. Et pourtant, il suffit d’interroger notre famille pour prendre conscience qu’en réalité, on ne sait rien. Ou si peu.
FD : Quels sont vos projets ? AA : Je viens d’achever un roman, cette fois à nouveau bien ancré dans notre époque, qui parle d’une mère et sa fille qui ne sont jamais parvenues à s’entendre… Et que la vie, de façon aussi brutale qu’imprévue, va forcer à se rapprocher.
Aux quatre vents, d’Amélie Antoine, XO éditions, 20,90 €.
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“Lockdown”
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C’est l’histoire des Baltimore, une famille américaine, depuis les années 50 jusqu’au récent confinement (lockdown, en anglais). Entre des parents conflictuels et des enfants aux caractères bien trempés, on suit avec délectation cette saga avec ses moments heureux et chaotiques. Un régal !
Perché
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Après Toute la lumière que nous ne pouvons voir – à lire absolument ! –, l’écrivain américain était attendu au tournant. Mais pas dans un tel registre. Ce vrai roman choral sur plusieurs siècles suit un vieux manuscrit de la Grèce antique qui traverse le temps en unissant passé, présent et avenir de l’humanité.
Il faut s’accrocher mais ça vaut la peine !
Bouquet final
• Sous les feux d’artifice, de Gwenaële, Robert, Le Cherche Midi éditeur, 18 €.
On adore tout de Gwenaële Robert ! Après Marat (Le Dernier Bain) et Napoléon (Never Mind), l’autrice bretonne nous convie ici sur les deux rives de l’Atlantique, entre Cherbourg et le Mexique aux prises avec l’expédition militaire française. Sur fond de romance entre un journaliste et une jolie noble, vivez les derniers vestiges du vieux monde. Un vrai feu d’artifice d’émotions.
Amélie Descroix et Yves Quitté
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