Pour affronter l’hiver et les prix de l’énergie, nombreuses sont les communes à tenter de trouver des solutions pour permettre aux enfants d’étudier au chaud, sans l’aide des radiateurs. En Normandie, un maire a décidé de baisser le chauffage et d’acheter des polaires pour les élèves. Des mesures qui laissent les parents frileux.
- Des parents d'élèves se mobilisent
- Une université ferme
- Des décisions qui font réagir
Alors que les températures baissent au fur et à mesure que l'automne s'installe, l'absence de chauffage dans certaines écoles suscite de vives réactions. D'un côté, les mairies se défendent de réduire simplement leur consommation d'énergie, de l'autre, les parents d'élèves se mobilisent pour le bien-être de leurs enfants. En effet, ces derniers jours plusieurs municipalités ont dû prendre des mesures pour faire face à la hausse des prix de l'énergie. Dans la commune normande de Périers par exemple, le maire Gabriel Daube, avec le conseil municipal, ont décidé de baisser le chauffage à 19 degrés dans les écoles, comme le recommande le gouvernement, et d'acheter une polaire aux 350 écoliers pour qu'ils puissent mieux supporter les températures hivernales. "C'est une des mesures qui vient compléter toute une série de dispositifs pour réduire la facture énergétique de la ville", a-t-il expliqué au micro de France Bleu Cotentin. Le coût des polaires, lui, est estimé à 6 000 euros. "Quand on rapporte ça à la réduction des coûts d'énergie, j'ai demandé à ce qu'on réduise de 10% en deux ans, c'est à peu près 20 000 €, donc on est à 6 000 €. Chacun aura sa polaire, un peu comme la région donne un ordinateur ou le département, un dictionnaire, nous, on donne une polaire pour chaque élève."
Des parents d'élèves se mobilisent
Dans ce contexte de crise, un peu partout en France, des parents d'élèves se mobilisent pour dénoncer ces mesures énergétiques qui impactent la scolarité mais aussi la santé de leurs enfants. À Evreux, en Normandie, depuis plus d'une semaine les familles de l'école maternelle Le Bois Bohy constatent que leurs enfants ont cours dans des salles de classes où la température ressentie est entre 10 et 13 degrés. Après avoir sollicité en vain la municipalité pour que le chauffage soit allumé, les parents ont décidé le 27 septembre dernier de bloquer l'accès à l'établissement scolaire. "Pas de chauffage, pas d'école", pouvait-on lire sur des banderoles. "Il est nécessaire que notre mécontentement soit entendu, que nos enfants reçoivent un enseignement dans un climat digne et acceptable, et que la municipalité comprenne que les enfants entre 2 et 5 ans ont besoin de ce chauffage. Nous ne demandons pas une température excessive, simplement qu'elle soit digne." "Beaucoup d'enfants sont malades, il est inadmissible de laisser des petits dans des conditions pareilles", s'est indignée une mère de famille à Actu.fr. Même son de cloche dans la ville de Longwy, dans le Grand Est. Un groupe de parents d'élèves, qui représente cinq établissements scolaires, dénonce l'absence de chauffage dans les classes. "J'ai décidé de retirer ma fille de 3 ans de l'école tant qu'il n'y aura pas de chauffage. C'est aberrant", déclare le père d'une petite fille en classe de maternelle au Républicain Lorrain. Dans les écoles, les thermomètres affichent des températures basses. Selon ces familles, jeudi dernier dans certaines écoles maternelles, les températures étaient de "13,8 degrés", et "14,3 degrés". Le primaire n'est pas le seul concerné, dans les universités aussi le problème de l'énergie se pose.
Une université ferme
Pour réduire ses coûts énergétiques, le 19 septembre dernier, la direction de l'université de Strasbourg a annoncé dans un communiqué de presse la fermeture pendant quinze jours de l'ensemble de ses bâtiments cet hiver. Deux semaines qui s'ajoutent au calendrier initial. Mais cette décision n'a pas été prise par hasard. Elle s'inscrit dans un plan de sobriété énergétique voulu par la direction, afin de faire face à la crise énergétique. "Les évolutions récentes confirment cette importante tendance haussière tant pour le gaz que pour l'électricité. Cela aura inévitablement des conséquences sur notre facture énergétique", explique Michel Deneken, le président de l'université. L'objectif donc, est de faire des économies pour réduire les coûts mais aussi de s'inscrire dans une transition énergétique et socio-écologique globale. L'université strasbourgeoise prévoit également de repousser la date de mise en route du chauffage, et de maintenir le thermostat dans les locaux à 19 degrés.
Concrètement, les bâtiments de l'université seront inaccessibles une première semaine en janvier d'abord, la rentrée aura lieu le lundi 9 janvier au matin et non pas le 3, puis une seconde semaine au moment des vacances scolaires en février. "Pendant ces périodes de fermeture des locaux, peu d'étudiants seront présents sur les campus et peu de cours seront assurés, même en distanciel et les personnels – sauf cas exceptionnels justifiés – mèneront leurs activités depuis leur domicile, en télétravail", détaille la direction.
Des décisions qui font réagir
Cette annonce soudaine de l'université de Strasbourg a fait réagir les élèves mais également le personnel de l'établissement. Les syndicats d'enseignants et des personnels administratifs, techniques et des bibliothèques ont déploré, dans un communiqué, "le manque de concertation et les risques que pourraient faire peser cette fermeture sur les personnels et les étudiants", rapporte France 3 Grand Est. Les cours en distanciel et le télétravail sont pointés du doigt, car ils seraient mal vécus par les étudiants et les enseignants, "générant de grandes souffrances" comme pendant la crise sanitaire. Et une question peut aussi se poser : si l'université fait des économies grâce à ces fermetures, en sera-t-il de même pour les étudiants et les enseignants qui devront rester chez eux au chaud pour travailler ? Qui payera le surcoût de chauffage et d'électricité pour eux ?
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