- 20 Minutes se lance dans le monde des cryptos avec la maison de ventes Piasa et vous raconte, sous la forme d’un journal en plusieurs épisodes, toutes les étapes du projet.
- Chaque semaine jusqu’au mois d’octobre, retrouvez un épisode du « Journal d’un NFT », série dans laquelle on vous raconte comment on a organisé la première vente d’un NFT d’un journal en France avec la maison Piasa.
- Dans ce cinquième épisode, on vous raconte comment le NFT a été techniquement créé et ce n’était pas de la tarte.
Roulements de tambours. On arrive au cœur du sujet : la création du fameux NFT. Je m’apprête à aborder cette partie avec sérénité. Le plus difficile semble derrière moi : j’ai surmonté l’obstacle juridique lié à
l’interdiction de vendre un objet immatériel dans une vente aux enchères publique en accompagnant l’œuvre numérique d’une
plaque d’impression offset conçue spécialement pour l’occasion. Elle contiendra les quatre premières pages du supplément Les folles années 2020 qui n’a jamais été imprimé.
Je chantonne telle une Odile Deray dans La Cité de la peur : « Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant ». Quelle naïveté. Je vais découvrir à mes dépens que le monde des NFT, c’est la jungle. Si vous croyez qu’il existe des solutions technologiques clé en main dans le monde des cryptos, vous vous trompez lourdement. « Evidemment, si vous aviez un site Web intégré et que tout était géré par le même acteur, ce serait plus facile, mais le principe de base, c’est la décentralisation », explique Manuel Valente, directeur scientifique chez
Coinhouse, acteur de référence en France.
Conserver la seed phrase dans un endroit sûr
En fin connaisseur du monde des cryptos, Aurélien Capdecomme, directeur technique de 20 Minutes, reprend une partie du dossier en main. Vu l’ampleur du projet, je n’ai pas envie de me tromper. Il m’accompagne sur toutes les étapes techniques de la création du NFT. La première : créer le wallet (portefeuille, en français) de 20 Minutes sur la blockchain. «
MetaMask est l’outil le plus connu pour administrer un wallet sur ethereum. Ça prend 30 secondes », précise-t-il. L’équivalent de MetaMask pour les bitcoins serait Coinme par exemple. Le wallet va permettre de payer les gas, c’est-à-dire les frais de transaction, pour la création et pour le transfert du NFT. Il permettra aussi de conserver le jeton non-fongible dans le portefeuille numérique jusqu’à la vente aux enchères.
« Lorsque tu crées un wallet, tu récupères une adresse publique qu’on appelle « un hash », c’est une chaîne de caractères de chiffres et de lettres. C’est ce que tu peux communiquer aux gens pour qu’on t’envoie des tokens, par exemple, détaille Aurélien Capdecomme. Tu récupères également une clé privée qu’il ne faut pas partager, elle permet de signer des transactions numériques ». Pour retrouver son wallet d’un ordinateur à un autre, MetaMask génère une « seed phrase » composée de 24 mots qu’il ne faut jamais perdre et ne jamais donner. Elle permet de retrouver le contenu du portefeuille. Si vous avez un NFT à 5.000 euros et que vous perdez cette phrase, c’est foutu. Vous ne récupérerez jamais l’œuvre et ne pourrez jamais prouver en être le propriétaire.
La dure épreuve de l’achat de crypto-monnaie
Pour conserver des actifs, il existe trois possibilités : utiliser un logiciel sur votre ordinateur ou sur votre téléphone. « L’avantage c’est que vous contrôlez vos NFT, mais si votre ordinateur est piraté, cela devient relativement facile de voler le contenu du portefeuille », pointe Manuel Valente de Coinhouse. La deuxième solution pour conserver des actifs, comme des cryptomonnaies, c’est de les confier à une entreprise dont c’est le métier, comme Coinhouse. C’est le même principe que confier ses avoirs à une banque, on prend le risque que la banque se fasse braquer.
« Il peut arriver que des plateformes qui conservent des crypto se fassent hacker, ce sont des cibles. Même si, jusqu’ici, cela ne nous est jamais arrivé », se félicite-t-il. Cela dit, pour l’heure, Coinhouse ne permet pas de conserver des NFT, seulement des monnaies virtuelles. Dernière option, garder soi-même son actif. Cela reviendrait à cacher ses liasses de billets sous son matelas. « Le meilleur moyen, c’est d’utiliser un portefeuille matériel comme celui de l’entreprise française Ledger. C’est le même principe que MetaMask sauf que les clés cryptographiques qui protègent vos avoirs sont stockées sur une carte à puce », poursuit le spécialiste.
Pour le NFT de 20 Minutes, Aurélien Capdecomme a utilisé MetaMask et pour assurer ses arrières, il a ajouté à la seed phrase un mot de passe de 60 caractères. Une fois le portefeuille en poche, il nous faut du cash pour payer les fameux gas. Et là, ça se corse. En tant que particulier, acheter des monnaies virtuelles sur Coinbase, Kraken ou Coinhouse, pour ne citer qu’eux, c’est assez rapide. Il faut environ 24 heures pour que la plateforme analyse la pièce d’identité et le justificatif de domicile.
OpenSea ou Rarible ?
Pour une entreprise, « les plateformes demandent de nombreux documents administratifs et financiers, du type Kbis, liasse fiscale. J’ai dû trouver le justificatif de domicile du président de 20 Minutes [Frédéric Daruty], son passeport… », détaille Aurélien Capdecomme. La lourdeur administrative entre dans le cadre de la lutte antiblanchiment. Coinhouse applique exactement les mêmes règles que la finance traditionnelle pour la création d’un compte d’entreprise dans une banque, par exemple. Résultat, il a fallu trois semaines pour récupérer l’ensemble des pièces du dossier et être en mesure d’acheter de l’ether. On a bien fait de s’y prendre tôt.
L’heure de la création du NFT a enfin sonné. Il était temps. Je rejoins Aurélien Capdecomme dans une réunion virtuelle avec partage d’écran pour faire naître le jeton de 20 Minutes. On a le choix entre plusieurs plateformes pour la création du NFT, dont les deux plus connues sont
OpenSea et
Rarible.
Si OpenSea est la plus utilisée, notamment pour les NFT qui font partie de séries, comme les CryptoKitties, on se tourne plutôt vers Rarible qui accepte des documents plus lourds et de meilleure qualité. Manque de bol, les plateformes n’acceptent pas le format PDF. Or, le supplément numérique Les folles années 2020 est évidemment un PDF. En désespoir de cause, on empile les six pages en haute définition dans un seul et même document au format jpg (voir la photo ci-dessus) et nous entrons toutes les informations (titre, description, propriété). Un dernier click sur le bouton « create », on paie les frais, on signe la transaction avec le wallet, et le NFT est né. Je découvre avec joie que Rarible est OpenSea sont liés, le NFT est accessible sur les deux plateformes
ici et
ici. La rapidité de l’exercice est un peu déconcertante après trois mois de galères.
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En conclusion: le monde des crypto-arts est hermétique. Il est difficile -voire impossible- de s’aventurer seul dans cet univers virtuel et c’est assez rageant de se sentir aussi désœuvré. Mais, ce n’est que le début. « Dans les années 1990, le Web était compliqué à utiliser, il fallait s’y connaître et au fur et à mesure il s’est simplifié, relativise Manuel Valente. Les NFT ont explosé il y a un an. Faire des interfaces, c’est la dernière roue du carrosse, il faut le temps que ça se développe ». Dans cinq ans, on créera peut-être des NFT comme on poste des photos sur Instagram, qui sait. D’ici là,
rendez-vous le 19 octobre chez
Piasa pour voir une vente de NFT IRL.
Dans le prochain épisode, on vous raconte comment les NFT ont tué le game dans l’art contemporain. A la semaine prochaine chers crypto-addicts.
Toutes les informations au sujet de la vente aux enchères ici.
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