“On peut estimer que 2,06 millions de personnes de plus de 18 ans sont atteintes d’une affection post-Covid19 en France”, atteste une étude de Santé Publique France rendue publique jeudi 21 juillet 2022.
Selon un communiqué de la Haute autorité de santé (HAS) datant de février 2021, on parle de Covid long quand les patients « ont présenté une forme symptomatique de Covid-19 et présentent un ou plusieurs symptômes initiaux, 4 semaines après le début de la maladie et qu’aucun de ces symptômes ne peut être expliqué par un autre diagnostic”.
Mais si les études se multiplient afin d’expliquer les causes et les conséquences de cette pathologie et de mieux accompagner les malades, beaucoup d’interrogations gravitent encore autour des maux caractéristiques du Covid long, tant ses formes semblent plurielles.
C’est en ce sens qu’une équipe de chercheur.euses américain.es a tenté de recenser les symptômes les plus communs afin de faciliter le diagnostic. Leurs résultats ont été publiés le 8 juillet 2022, dans la revue Scientific Reports.
Covid long : maux de tête, fatigue et troubles digestifs en tête de liste
Dans un dossier consultable sur son site internet, la HAS recense les symptômes reconnus de la forme persistante du Covid-19. Elle y cite des douleurs thoraciques, la dyspnée (une gêne respiratoire constante), des manifestations neurologiques ou encore des lésions cutanées.
Afin d’affiner ces « familles de maux », les scientifiques américains ont étudié un échantillon de plus de 8000 personnes.
“Les participants ont été interrogées un mois avant, autour du moment de l’infection et 12 semaines après l’infection”, explicitent les chercheurs.
Parmi les personnes ayant déclaré la maladie, 23% (soit près d’une personne sur 4), présentaient toujours des symptômes, trois mois après être tombées malades.
Ces « 308 Covid long » ont ainsi listé les symptômes suivants comme les plus couramment ressentis : les maux de tête (22 %), le nez qui coule (19 %), les douleurs abdominales (18 %), la fatigue extrême (17 %) et les diarrhées (13 %).
Covid-19 : certains symptômes favoriseraient l’apparition d’une forme persistante
Mais l’équipe américaine s’est également penchée sur l’idée que certains maux du Sars-Cov-2 pouvaient avoir une incidence sur le développement d’un Covid long.
Ainsi, les patients qui ont signalé des maux de gorge, des maux de tête et une perte de cheveux après un test positif étaient plus susceptibles de présenter des symptômes persistants des mois plus tard.
« Notre hypothèse est que cette perte de cheveux reflète un stress extrême, potentiellement une réaction à une forte fièvre ou à des médicaments. C’est donc une indication de la gravité de la maladie », interprètent les chercheurs dans leur étude.
« Les symptômes évoluent à mesure que la maladie s’éternise »
Si les travaux de recherches les plus récents ont évoqué un risque plus élevé pour les femmes de développer une forme persistante du Covid-19, et que « la prévalence de l’affection post-COVID-19 est plus élevée chez les femmes, chez les actifs et chez les sujets ayant été hospitalisés », note Santé publique France, l’étude américaine ne trouve pas de « population à risque » dans son échantillon.
Voilà pourquoi, si ces premiers résultats sont importants, ils doivent être complétés par des études de plus grande envergure. « Nos résultats ne couvrent que la première année de la pandémie et ne tiennent pas compte de deux développements majeurs : les vaccins et les variants », préviennent-t-ils.
« Les auteurs ont fait un effort louable pour identifier les facteurs associés au Covid long, cependant, ces facteurs doivent être confirmés au sein d’échantillons plus importants. L’étude n’a pas abordé bon nombre des symptômes que les malades décrivent comme les plus inquiétants, tels les dysfonctionnements cognitifs » , a nuancé Hannah Davis, co-fondatrice du Patient-Led Research (un groupe de recherche sur la maladie), auprès du Los Angeles Times.
« Les symptômes évoluent à mesure que la maladie s’éternise et peuvent varier considérablement d’un patient à l’autre. La fluidité du Covid long rend difficile l’évaluation de sa prévalence. À l’heure actuelle, la définition varie énormément d’une étude à l’autre, ce qui entraîne encore trop d’estimations », a réagi de son côté Jana Hirschtick, épidémiologiste à l’Université du Michigan.
Une absence de « critères diagnostiques stricts » qui pèsent lourd sur les malades en quête d’un traitement.
« Aujourd’hui, le Covid long est considéré comme un ‘diagnostic d’exclusion’, qui n’est donné qu’après que toutes les autres possibilités valables ont été exclues. Je connais des gens qui souffrent depuis 2 ans et demi. Il y a urgence« , pointe Melissa Pinto, professeure à l’Université d’Irvine, également au micro du média américain.
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