Covid-19 : l’OMS estime qu’il faut "approfondir" la thèse d’une fuite du virus depuis un laboratoire en Chine

« Il manque encore des données clés pour comprendre comment la pandémie de Covid-19 a commencé », argue d’entrée la SAGO, le groupe consultatif scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur les origines des nouveaux agents pathogènes.

Si près de deux ans et demi se sont écoulés depuis l’émergence du SARS-COV-2, peu (voire pas) de réponses ont été apportées quant à sa source. Voilà pourquoi le groupe – qui « conseille l’OMS sur les aspects techniques et scientifiques relatifs aux origines des agents pathogènes émergents et réémergents à potentiel épidémique et pandémique », selon l’institution – publie ses premiers travaux de recherches.

Dans un rapport préliminaire, publié le 9 juin 2022, le groupe de scientifiques internationaux dresse la liste des possibles causes de la pandémie. Ils insistent sur un besoin « vital » de coopération de la Chine, alors qu’ils jugent que la thèse d’une fuite de laboratoire, en 2019, doit être « approfondie ».

Depuis le début de la crise du Covid-19, plusieurs scientifiques ont partagé – notamment sur les réseaux sociaux – la théorie selon laquelle une « fuite », à l’Institut de virologie de Wuhan, pouvait être à l’origine de la crise sanitaire.

Bien que ce nouveau rapport précise qu’il ne s’agit là que d’une liste de recommandation, aucune nouvelle donnée n’ayant été mise à disposition du groupe de travail afin de leur permettre de dresser des conclusions plus concrètes, il presse le pays de collaborer rapidement.

La SAGO préconise « des investigations complémentaires » en Chine 

En mars 2021, un premier rapport, initié par un groupe mixte de scientifiques internationaux et chinois avait provoqué un tollé, en écartant dès ses prémisses, la piste du « lab leak ».

Alors que les conclusions avaient privilégié l’hypothèse d’un « animal intermédiaire » qui aurait pu passer le virus à l’homme, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait partagé sa déception quant à cette évaluation pas « suffisamment approfondie » de la théorie des fuites de laboratoire et exprimé sa frustration face au « faible niveau d’accès accordé au mission d’officiels chinois », rappelle l’Express.

Dans son tout nouveau rapport, la SAGO préconise donc « des investigations complémentaires [qui] doivent être menées auprès du personnel des laboratoires chargé de gérer et mettre en œuvre la biosûreté et la biosécurité dans les laboratoires : ceux situés à proximité de l’épidémie originale de COVID-19 travaillant avec des virus de type SRAS à Wuhan, en Chine et potentiellement avec ceux situés dans le monde où les premiers cas de COVID-19 ont été rétrospectivement détectés avant 2020″.

« Cela donnerait l’occasion au personnel et aux scientifiques de donner leur point de vue sur la possibilité d’un incident de laboratoire« , explicite le rapport.

La thèse de la zoonose reste privilégiée

Malgré tout, aucune nouvelle preuve ne peut être apportée pour infirmer ou confirmer cette hypothèse polémique. « Ce n’est pas parce que nous en parlons que nous pensons que c’est l’explication », a tenu à appuyer Marietjie Venter, présidente de SAGO, lors d’un point presse Zoom, comme le rapporte le Washington Post.

Les chercheurs ont ainsi rappelé (dans le rapport) que, pour le moment, la piste privilégiée restait celle de la « transmission zoonotique ». « Les zoonoses sont des maladies dont le pathogène, bactérie, virus ou parasite, peut être transmis de l’animal à l’Homme et inversement », précise l’ANSES.

« À ce stade, les preuves les plus solides concernent toujours la transmission zoonotique. Cependant, les virus précurseurs qui ont été identifiés chez les chauves-souris ne sont certainement pas assez proches pour être le virus qui s’est propagé aux humains, » a cependant nuancé Marietjie Venter.

La Chine évoque une « manipulation politique »

La Chine n’a pas tardé à répondre aux sollicitations de l’OMS, qu’elle qualifie de « manipulation politique », selon les dires du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, lors d’un point de presse donné vendredi 10 juin 2022.

« La théorie des fuites de laboratoire est un mensonge concocté par les forces anti-chinoises à des fins politiques, qui n’a rien à voir avec la science », a-t-il déclaré, comme le relate The Guardian.

« Nous avons toujours soutenu et participé au traçage mondial des virus basé sur la science, mais nous nous sommes fermement opposés à toute forme de manipulation politique », a-t-il répété, avant d’affirmer que tout cela était une « mascarade » organisée par Washington, qui développait le coronavirus « comme arme biologique ».

Si le dialogue semble être compromis, les scientifiques de la SAGO appuie sur l’importance de faire rapidement la lumière sur les origines de la pandémie.

« Plus cela prend de temps, plus cela devient difficile », s’est alarmée l’épidémiologiste Maria Van Kerkhove, auprès du quotidien britannique. « Nous le devons à nous-mêmes, nous le devons aux millions de personnes qui sont mortes et aux milliards de personnes qui ont été infectées », a-t-elle martelé.

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