Covid-19 : les personnes déjà contaminées seraient immunisées au moins six mois

Est-on réellement protégé d’une deuxième infection après avoir contracté la Covid-19 ? Si oui, combien de temps est-on immunisé contre la maladie ? Cela concerne-t-il également les personnes asymptomatiques ou ayant souffert d’une forme légère ? Une étude américaine publiée ce lundi 16 novembre 2020 et relayée par le New York Times, s’est penchée sur la question et se montre plutôt rassurante.

Les chercheurs de la Jolla Institute for Immunology de Californie (Etats-Unis) ont analysé les échantillons sanguins de 185 personnes âgées de 19 à 81 ans ayant toutes été malades avec de faibles symptômes, six à huit mois après leur première infection au coronavirus, les malades « avaient encore suffisamment de cellules immunitaires pour repousser le virus et prévenir la maladie ».

Une immunité entre six et huit mois

L’équipe de scientifiques s’est concentrée sur quatre éléments du système immunitaire : les anticorps, les cellules B (qui produisent des anticorps), et deux types de cellules T (qui détruisent les cellules infectées).

Selon leur observations, les anticorps développés contre la Covid-19 resteraient actifs six à huit mois avant de légèrement décliner. De même pour les cellules T qui ne diminuent que très peu. Une baisse si légère de ces cellules suggère qu’elles peuvent persister longtemps dans le corps. Les cellules B augmentent quant à elles, sans que les chercheurs ne sachent l’expliquer, mais elles sont sans influence particulière sur la durée de l’immunité.

Cette longévité exceptionnelle serait essentiellement due à la mémoire immunitaire. « Tout au long de la vie, le système immunitaire garde la mémoire des agressions virales ou bactériennes passées », explique le réseau d’enseignement Canopée dans une vidéo. « Chaque fois qu’un nouvel antigène (une protéine de virus) se présente, certaines cellules immunitaires sont chargées (…) de la conserver dans l’attente d’une future agression. »

Des données encourageantes

Pour Shane Crotty, virologiste et co-auteur de l’étude, « une telle quantité de mémoire immunologique permettrait probablement à la majorité des personnes de ne pas être de nouveau hospitalisées et durement touchées par la maladie pendant des années », rapporte le New York Times.

D’après cette hypothèse, les rares cas constatés de réinfections pourraient donc plutôt être expliqués par d’éventuelles « variations génétiques virales », même si l’ensemble de la communauté scientifique n’a pas encore tranchée le sujet.

En effet, une étude publiée dans Nature en juillet dernier, établissait déjà que les survivants de l’épidémie de SRAS de 2003 portaient « toujours des traces de cellules immunitaires, 17 ans après leur guérison », rappelle le New York Times. Des résultats là-aussi résolument optimistes quant à l’efficacité de la réponse à la Covid-19 qu’une vaccination de masse pourrait apporter. 

Bien que ces éléments ne permettent pas d’assurer avec certitude une durée d’immunité, les chercheurs considèrent que ces éléments pointent dans le sens d’une immunité durable.

« Il n’y a aucun signe qui indique que la mémoire des cellules va soudainement s’effondrer. Cela serait inhabituel. En général, il y a un lent déclin au fil des années », souligne Akiko Iwasaki, immunologue à l’université de Yale dans le New York Times.

Le docteur Bhattacharya se révèle quant à lui encore plus optimiste. « Je ne pense pas que ce soit une prédiction déraisonnable de penser que ces composants à la mémoire immunologique pourraient persister des années », déclare-t-il au journal.

Des anticorps chez 90% des patients

Jusqu’à présent, les scientifiques ignoraient si les patients ayant contracté une forme plutôt mineure de la maladie développeraient une immunité face à celle-ci, or l’étude américaine, s’appuyant uniquement sur des données provenant de malades guéris et ayant peu souffert de la Covid-19, voire ayant été asymptomatiques, vient démontrer que cela est bien le cas.

Selon deux autres études, un patient sur dix présenterait des anticorps lui permettant de faire face à une nouvelle infection.

La première étude a été menée par des chercheurs islandais qui ont publié leurs résultats le  1er septembre dans le New England Journal of Medicine. Les chercheurs ont révélé que neuf personnes sur dix (91,1%) développent des anticorps spécifiques au SARS-CoV-2. Dans cette population, le taux d’anticorps augmente lors des deux premiers mois après l’infection et reste constant jusqu’à quatre mois au moins après la contamination. En outre, le taux d’anticorps le plus élevé a été repéré chez les personnes âgées et les patients hospitalisés. Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont analysé les réponses immunitaires de 30 000 patients dont 1 237 personnes qui ont guéri de la Covid-19, 4 222 cas placés en quarantaine et 23 452 personnes qui n’ont pas été exposés au virus.

Dans la deuxième étude, menée par des chercheurs américains, des résultats similaires ont été observés. Parue le 28 octobre dans la revue Science, elle montre que 90% des personnes infectées développent des anticorps dont le taux reste intact pendant cinq mois après l’infection. Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont comparé 30 000 personnes testées positives à la Covid-19 à 40 000 personnes qui n’ont pas contracté le virus.

Une immunité sans infection chez les enfants

Aussi, deux études récemment publiées suggèrent qu’un enfant sur deux aurait développé une immunité contre le virus sans même avoir été infecté. Celle-ci reposerait donc avant tout sur leurs anticorps. En présence d’adultes infectés, ces derniers se seraient activés en eux pour contrer le virus.

La première étude, publiée le 6 novembre dans la revue Science, estime que 44% des enfants ont développé des anticorps efficaces contre la Covid-19 sans même avoir été infectés. Les chercheurs britanniques avancent que l’exposition à d’autres coronavirus a conduit leur organisme à développer une réponse immunitaire efficace contre le nouveau coronavirus.

« Nos résultats montrent que les enfants sont beaucoup plus susceptibles de développer des anticorps à réaction croisée que les adultes, poursuit Kevin Ng, auteur de l’étude. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pourquoi, mais cela pourrait être dû au fait que les enfants sont plus régulièrement exposés à d’autres coronavirus. »

La seconde étude, présentée le 11 novembre dans la revue Nature Communications, suggère que certains enfants ont développé une réponse immunitaire suite à une exposition chronique au virus de leurs parents.

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