Covid-19 : le virus ne disparaîtra sans doute jamais, selon un microbiologiste

Selon le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui s’était exprimé lors d’un point presse en septembre 2022, « nous n’avons jamais été dans une meilleure position pour mettre fin à la pandémie ». Une prévision plus qu’ambitieuse selon certain.e.s expert.e.s.

Au travers d’un entretien accordé à Sud Ouest, Philippe Sansonetti, microbiologiste à l’Institut Pasteur, se montre presque alarmiste. Le virus de la Covid-19 cocherait « toutes les mauvaises cases », et la probabilité qu’il soit un jour éradiqué serait faible. « Ce que les experts anticipent plutôt, c’est une transformation progressive de la pandémie en un virus endémique », complète le média.

« Même si ça nous arrange tous de croire cela, on n’a aucune raison de penser qu’il [le virus] va devenir plus sympathique », renchérit Étienne Simon-Lorière, directeur de l’unité génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur, aussi interrogé par Sud Ouest.

Trop de liberté laissée au virus

Sans être complètement un mythe, la fin de la pandémie a peu de chance d’être définitive, comme ce fut le cas avec la variole en 1980. En septembre déjà, l’OMS alertait sur le fait que « des lacunes dans la surveillance, les tests, le séquençage et la vaccination continuent à créer les conditions idéales pour l’émergence d’un nouveau variant préoccupant qui pourrait causer une mortalité significative ».

Des prédictions alarmantes qu’Étienne Simon-Lorière corrobore en précisant que comme « on laisse aujourd’hui beaucoup trop circuler le virus », les mutations ont le temps de se créer et de rendre le virus potentiellement plus pernicieux et dangereux. 

D’autant que depuis l’apparition du SARS, du SRAS et du MERS, les expert.e.s ont retrouvé « une bonne dizaine de coronavirus chez des chauves-souris qui pourraient potentiellement infecter l’Homme », ajoute Arnaud Fontanet, spécialiste des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, dans l’article de Sud Ouest.

Le SARS-CoV-2, bientôt un virus endémique ?

Philippe Sansonetti rappelle que l’éradication d’un virus est un phénomène rare. Il rappelle que la dernière fois qu’un syndrome respiratoire a pu être définitivement combattu, c’était en 2003 avec le SRAS, grâce à « des mesures d’isolement et de quarantaine ».

« Pour éradiquer un virus, il faut que la maladie soit cliniquement visible, qu’il n’y ait pas de réservoir animal, et disposer d’un vaccin très efficace, qui protège à vie », explique le microbiologiste. 

Ce qui n’est pas le cas pour le virus de la Covid-19, et pour plusieurs raisons : d’abord, parce que la proportion de malades asymptomatiques nuit aux mesures d’isolement, aussi parce qu’en passant d’animal en animal, le virus pourrait réinfecter indéfiniment les humains et d’autre part, parce que les vaccins sont moins efficaces contre les réinfections que contre les formes graves de la maladie.

Tant de facteurs qui font de la fin de la pandémie une utopie, affirment les experts. Le virus de la Covid-19 devrait alors continuer à circuler et provoquer « des résurgences régulières de la maladie », comme c’est le cas aujourd’hui avec la grippe ou la rougeole, détaille Sud Ouest. 

Selon Arnaud Fontanet, « beaucoup peut et doit être fait au début d’une épidémie », et le chercheur regrette que les différents gouvernements soient aujourd’hui « encore dans la réaction, pas dans l’anticipation ». Il illustre le propos en prenant pour exemple le Danemark, qui a pu sortir « plus vite » de l’épidémie en confinant très tôt en 2020.

  • Covid-19 : comment se transmet le virus ?
  • Covid-19, grippe, bronchiolite : quelles directives avant les fêtes pour contrer la triple épidémie ?

Source: Lire L’Article Complet