Covid-19 : la majorité des contaminations a-t-elle vraiment lieu au travail et dans les établissements scolaires ?

« 60% des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université ». C’est ce qu’a déclaré Jean-Luc Mélenchon le 14 octobre dernier après l’annonce du couvre-feu par le président de la République. Qu’en est-il vraiment ? On fait le point.

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Le 14 octobre dernier, Emmanuel Macron a annoncé l’instauration d’un couvre-feu dans les villes classées en zones d’alerte maximale, à savoir l’Ile-de-France, Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Saint-Etienne, Rouen, Montpellier et Toulouse.

Une décision qui n’a pas fait l’unanimité et qui a notamment été critiquée par Jean-Luc Mélenchon : « 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie », a écrit le député des Bouches-du-Rhône.

60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h.

Mais #Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h.

Bienvenue en Absurdie.#macron20h #CouvreFeu #COVID19france

L’entourage de Jean-Luc Mélenchon a expliqué à l’AFP Factuel que ces chiffres étaient tirés des « seules données fiables, c’est-à-dire celles concernant les clusters » du point épidémiologique du 8 octobre de Sante Publique France. Mais qu’en est-il vraiment ?

Covid-19 : de nombreux cas positifs ne sont reliés à aucun cluster

Le bilan de Santé Publique France du 8 octobre dernier révèle effectivement qu’entre le 9 mai et le 5 octobre, un nombre important de clusters ont été identifiés au sein des entreprises (25%) et des établissements scolaires (21%). On parle de cluster ou de foyer de contamination lorsqu’au moins trois cas de Covid-19 on été recensés dans une période de sept jours. 46% des clusters viennent ainsi d’entreprises et d’établissements scolaires, et ce chiffre passe à 55,3% si l’on prend en compte les foyers de contamination en cours d’investigation. Des données qui se rapprochent de celles évoquées par Jean-Luc Mélenchon.

Mais le député des Bouches-du-Rhône parle du nombre de contaminations dans ces lieux, tandis que les chiffres annoncés par Santé Publique France sont relatifs aux clusters. Or, ces derniers ne sont pas représentatifs du nombre de contaminations total dans l’Hexagone, car de nombreuses personnes testées positives à la Covid-19 ne sont reliées à aucun cluster. « 60 % des clusters, ça signifie 10 % des contaminations identifiées. Vous confondez clusters et diagnostics », avait d’ailleurs répondu le ministre de la Santé Olivier Véran à Jean-Luc Mélenchon.

60 % des clusters, ça signifie 10 % des contaminations identifiées. Vous confondez clusters et diagnostics. Dommage de polémiquer à l’heure où nous voulons préserver l’éducation, sauvegarder les emplois, et lutter efficacement contre cette épidémie dans l’intérêt des Français. https://t.co/CWw5JFQpNZ

Covid-19 : 34.767 cas recensés au sein de clusters, contre 513.266 au total

Au total, seulement 34.767 cas de Covid-19 ont été recensés au sein des 3.207 clusters identifiés en France entre le 9 mai et le 5 octobre. Or, pas moins de 513.266 cas de Covid-19 ont été répertoriés entre le 13 mai et le 7 octobre. « 34.767 cas, c’est peu… On a donc une minorité de cas qui sont rattaché à un cluster. De quoi relativiser ce tableau, qui n’en est pas totalement inintéressant, mais qui n’est pas non plus la boussole qui doit guider toute notre politique sanitaire », a commenté sur Twitter le Pr. Maxime Gignon, chef du pôle Préventions, Risques, Information Médicale et Épidémiologie au CHU d’Amiens.

34 767 cas, c’est peu… On a donc une minorité de cas qui sont rattaché à un cluster. De quoi relativiser ce tableau, qui n’en est pas totalement ininteressant, mais qui n’est pas non plus la boussole qui doit guider toute notre politique sanitaire. -7

L’épidémiologiste a ensuite dressé le constat suivant : « Toutes sur-interprétations de ce tableau ne peut être que fausses. Ayons conscience des biais intrinséques aux indicateurs dont nous disposons. Il n’y a pas d’indicateur parfait. Méfiez-vous de ceux qui les instrumentalisent ».

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