Covid-19 et "hypoxie heureuse" : quel est ce mystérieux symptôme de la maladie ?

Une étude américaine a observé que certains patients touchés par la Covid-19 avaient une saturation en oxygène très basse sans manifester de signes d’une détresse respiratoire. Cet étrange phénomène est connu sous le nom de « l’hypoxie heureuse » et il n’est pas sans conséquences sur la santé.

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La Covid-19 peut se manifester par la toux, de la fièvre, des maux de tête ou encore des pertes du goût et de l’odorat. Dans les cas les plus graves, certains patients sont touchés par une détresse respiratoire. Ils présentent alors une hypoxie, autrement dit une saturation en oxygène particulièrement basse, ce qui les rend généralement incohérents, comateux, voire inconscients. Leur état de santé est alors critique. Mais certains patients touchés par la Covid-19 ayant une saturation en oxygène très basse se plaignent simplement d’une gêne respiratoire. C’est ce que certains ont surnommé l’« hypoxie heureuse ».

Qu’est-ce que l’hypoxie ?

L’hypoxie désigne un manque d’apport en oxygène. L’oxygène va dans les poumons par le biais de l’air que l’on inspire. Il passe dans la circulation sanguine et se fixe sur les globules rouges avant d’être transporté dans le reste de l’organisme et d’alimenter les organes vitaux comme le cerveau, le coeur ou encore les muscles. Lorsque l’apport en oxygène est faible, cela se caractérise notamment par une saturation en oxygène – qui correspond à la quantité d’oxygène qui circule dans le sang – très basse.

« Hypoxie silencieuse » : une manifestation mystérieuse du Covid-19

Mais dans certains cas, un phénomène mystérieux, mis notamment en lumière par la revue scientifique américaine Science, se produit : des patients atteints de Covid-19 ayant une saturation en oxygène très faible se présentent à l’hôpital en se plaignant simplement d’une gêne respiratoire. C’est ce que certains ont surnommé l’« hypoxie heureuse », une expression inappropriée au vu de la gravité de la situation. Le bon terme pour décrire ce phénomène est « hypoxie silencieuse ».

Sur CNN, le Dr Richard Levitan, un médecin urgentiste américain, explique qu’il a vu des patients se présenter avec des niveaux d’oxygène sanguin si bas qu’ils auraient dû être inconscients. La saturation normale en oxygène se situe entre 95% et100 %. Lorsqu’elle est en deçà de 90%, elle est considérée comme anormale.

Certains des patients pris en charge par le Dr Richard Levitan avaient une saturation en oxygène à 50%. « Leurs radios des poumons étaient affreuses, leur (taux d’) oxygène était terrible, et pourtant ils étaient complètement réveillés et alertes sur leur téléphone portable. Ils ont tous dit qu’ils étaient un peu malades depuis des jours et que ce n’est que récemment qu’ils avaient remarqué soit un essoufflement, soit de la fatigue, soit autre chose », a-t-il expliqué.

Un phénomène à l’origine de potentiels dégâts sur l’organisme

Comment expliquer que ces patients ne se rendent absolument pas compte que leur état de santé se soit autant dégradé ? « Nous n’observerions pas ce phénomène dans le cadre d’une grippe ou d’une pneumonie communautaire. C’est beaucoup plus profond et un exemple de mécanisme physiologique très anormal qui se déroule sous nos yeux (…) Nous ne comprenons tout simplement pas », explique le Dr Mike Charlesworth, anesthésiste à l’hôpital Wythenshawe de Manchester, au Guardian.

Certains médecins supposent que lorsque les patients atteints de Covid-19 développent une gêne respiratoire, le corps accélère la respiration pour compenser, tandis que les niveaux d’oxygène dans le sang continuent de baisser. L’organisme s’adapte alors à ce changement, comme il s’adapte à la haute altitude.

Bien qu’elle soit silencieuse, cette hypoxie peut créer des dégâts sur les poumons, mais aussi sur d’autres organes tels que le cœur, les reins et le cerveau. Comment l’éviter ? Certains médecins suggèrent que fournir un oxymètre de pouls – qui permet de prendre la saturation en oxygène sur le bout du doigt – aux patients testés positifs au Covid-19 pourrait être une solution. Mais elle a ses limites, car ils ne savent pas si une détection précoce de cette hypoxie suffirait à éviter les dégâts causés sur l’organisme.

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