- Faire la différence entre anticipation négative et positive
- De l’importance de s’enthousiasmer des petites choses
- Un mécanisme qui active le système de récompense
- Apprendre à pratiquer le nexting
“Embrasse le moment présent” nous recommande-t-on quand on commence à psychoter ou à philosopher sur notre futur. Si beaucoup s’accordent à dire que profiter de la vie c’est vivre l’instant T, la science et les psychologues tiennent un autre discours. Car anticiper serait, en fait, l’une des clés de notre équilibre psychique.
Selon plusieurs études, dont celle publiée dans le Sage Jounals en 2014, l’anticipation positive aurait même des effets sur la diminution du stress et la gestion des humeurs, car elle serait plus satisfaisante que l’action à venir.
Pour rappel, cette faculté de “prendre des décisions en étant capable de prévoir ses conséquences à la fois sur le plan temporel et spatial” va de pair avec notre réflexion, englobant “la capacité de prédire l’impact de nos actes sur notre environnement, sur la suite à donner à nos activités et sur notre comportement”, note The Conversation.
Et quand elle est domptée et utilisée positivement, cette dernière peut faire des merveilles pour soulager notre santé mentale.
« Imaginer de bonnes choses nous fait nous sentir mieux dans le moment présent. Quand elle est positive, elle peut augmenter la motivation, l’optimisme et la patience, tout en diminuant l’irritabilité », explique Simon Rego, psychologue au Montefiore Medical Center, au New York Times.
Faire la différence entre anticipation négative et positive
Mais avant de s’intéresser à ses bienfaits, il convient de différencier les anticipations. “Celle qu’on connaît le plus est l’anticipation négative”, nous indique France Bracard, psychopraticienne.
Celle-ci gangrène généralement notre cerveau, qui n’est pas un grand amateur d’imprévus. “Cela dépend des personnalités, mais souvent, on a plus tendance à imaginer le pire que le meilleur et à être dans l’hyper-vigilance« , souligne la spécialiste.
Se faire des films, se demander “et si ça se passait comme ça ?”, conditionne donc notre cerveau à se préparer au pire. Nous croyant paré.es à l’affront, c’est pourtant du stress que l’on se rajoute en amont d’événements importants. “Beaucoup de personnes en sont la cible avant un départ en vacances”, précise la spécialiste.
Mais parfois il est compliqué de distinguer les deux, tant l’anxiété et l’excitation sont des “émotions sœurs”. “Pensez au moment où vous vous mariez ou que vous avez votre premier enfant. C’est un mélange des deux”, illustre Dr David Waugh au New York Times.
Pourtant, l’anticipation positive a même un nom : le nexting. Mais soyez sans crainte, si vous êtes adepte de son opposé, les spécialistes indiquent qu’il n’y a pas de fatalité. Ces habitudes peuvent être facilement réversibles. La recherche suggère que « lorsque vous réévaluez les choses anxieuses comme excitantes, cela vous fait vous sentir mieux à leur sujet”, poursuit le médecin.
De l’importance de s’enthousiasmer des petites choses
Mais nul besoin d’attendre ces évènements marquants pour bénéficier des bienfaits de l’anticipation. Espérer les petits plaisirs peut aussi adoucir notre quotidien et remplacer le stress par une excitation.
« À la fin de chaque journée, écrivez une chose pour laquelle vous êtes excité pour demain. Peut-être que c’est un nouveau livre ou des beignets ou un colis que vous attendez, » conseille Carrie Wyland, psychologue à l’Université Tulane (Nouvelle-Orléans), toujours auprès du journal américain.
Au-delà de calmer des appréhensions plus grandes, ce sont des exemples concrets qui prouvent à notre cerveau qu’attendre pour récolter des bénéfices est toujours récompensé.
“En voyage ça fonctionne très bien, on pense aux visites qu’on va faire, aux restaurants qu’on va découvrir… Ça aide à apprécier encore plus et à inhiber la peur de l’imprévu”, complète France Bracard.
Un mécanisme qui active le système de récompense
Cette habitude bien-être n’est pas sans rappeler le processus de visualisation repris par la loi de l’attraction ou les messages subliminaux. En s’imaginant dans une situation future, on conditionne notre cerveau à “pré-vivre la chose”, à la connoter positivement et peut-être même, à la manifester.
Mais au-delà de sa fonction “magique” questionnable, c’est surtout un outil qui permet de nous fixer des objectifs pour faire aboutir une volonté anticipée (apprentissage d’une langue, d’un instrument, d’un sport…).
Et parfois, abîmée par la démotivation, l’anticipation a besoin d’un coup de pouce. La récompense rentre alors en jeu. « Il y a des situations qui nécessitent un objet d’anticipation. Disons que vous avez une présentation de travail qui vous rend nerveux. Si vous avez également une nouvelle tenue que vous avez hâte de porter, vous allez l’attendre davantage », explique Dr Rego.
Apprendre à pratiquer le nexting
Et cette mécanique est accessible à tous. tes. Elle peut être mise en place avec juste un peu de gymnastique cognitive. D’autant plus que le cerveau excelle dans la simulation et que la clé de l’anticipation positive est l’imagerie mentale.
Dans son ouvrage Les 4 saisons de la bonne humeur (Ed. JC Lattès), Michel Lejoyeux donne un guide au nexting – qui n’est pas inné, rappelle l’écrivain.
“Pour commencer à travailler votre anticipation positive et votre production d’images, choisissez le thème qui vous correspond le mieux entre le travail, les vacances, l’amour ou l’amitié. La séquence que vous allez visualiser doit être colorée, vivante. Vous y tiendrez un rôle important et sympathique. En imaginant vos vacances, courant sur une plage de soleil, vous allez vous surprendre. Très vite, vous y êtes vraiment. Vous transpirez et arrivez à entendre la mer au milieu de votre salon”, illustre-t-il.
Une méthode qui peut paraître simpliste mais qui a été testée par la science. Dans une étude de 2010, une équipe de chercheurs néo-zélandais compare les niveaux d’endorphine de deux groupes. Le premier va partir en vacances dans un futur proche et le second non. Mais les deux doivent anticiper ce voyage, qu’il existe ou pas.
Le résultat est sans appel : après l’anticipation, tous présentaient des niveaux d’hormone du bonheur élevés. Et, à son retour de vacances, le premier groupe ne présentait pas un niveau d’endorphine différent de l’autre (ils étaient juste plus relaxés).
Ainsi, pratiquer le nexting ne se cantonne pas seulement aux choses qu’on anticipe dans la réalité. Prévoir et ressentir une situation aurait le même effet que la vivre. « C’est un des moyens les moins connus pour déstresser. Pourtant, quand l’anticipation est intégrée comme une réaction habituelle, elle peut faire des miracles sur notre santé mentale », conclut l’étude.
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