On pensait la période « ingrate » derrière nous et pourtant… De plus en plus de femmes âgées de 25 ans et plus rejouent la guerre des boutons. Comment éradiquer cette maladie de peau récurrente ? Des dermatologues et des gynécologues se sont penchés sur la question. Ils nous donnent leurs explications et les solutions potentielles pour en venir à bout.
L’acné de l’adulte, pas si rare
Selon les études 41% à 54% des femmes seraient concernées avec plusieurs cas de figure : acné persistante depuis l’adolescence, acné tardive apparue pour la première fois à l’âge adulte ou rechute d’acné disparue après l’adolescence puis réapparue à l’âge adulte. Cette acné « adulte » est d’ailleurs bien particulière : elle n’est pas localisée aux mêmes endroits qu’à l’adolescence. Elle siège sur la zone U du visage (menton, mâchoire, cou). Elle est inflammatoire, avec des boutons rouges, des microkystes, des papules, des nodules, des points noirs, et laisse des marques cicatricielles, des taches pigmentaires.
Mais cette acné ne laisse pas que des traces physiques. Une étude récente prouve qu’elle a un impact important sur la qualité de vie. En effet, 75% des femmes concernées sont embarrassées voire honteuses, face à une maladie qu’elles pensaient réservée aux ados. Les médecins ont d’ailleurs trouvé un lien significatif entre signes de dépression et acné.
Déséquilibre hormonal, environnement, génétique : des causes multiples
L’origine est toujours une hyperséborrhée associée à une mauvaise qualité du sébum (disséborrhée) qui favorise ensuite l’inflammation. La bactérie responsable (Cutibactérium acnes) prolifère. La disséborrhée est responsable d’une fragilisation de la peau en partie à cause d’un déficit en vitamine E.
Mais les raisons de ce dysfonctionnement sont nombreuses. La génétique en est une : il y a des familles d’acnéiques de mère ou père en fille. Plus fréquent, un déséquilibre hormonal récurrent avec des poussées au moment des règles par exemple. Le stress, le tabac, le soleil, et des cosmétiques mal adaptés peuvent aussi favoriser des crises.
Primo : un bilan gynéco
L’acné étant souvent liée à des déséquilibres hormonaux il est indispensable de consulter son gynécologue pour savoir si la formule de sa pilule est bien adaptée. En effet certaines pilules contiennent un progestatif « à climat androgénique », cela signifie que leurs actifs se fixent sur les récepteurs aux androgènes de la glande sébacée ce qui stimule la production de sébum.
Enfin la fameuse « Diane »™ est un traitement hormonal de l’acné tout à fait légitime : il est constitué d’une partie oestrogénique (l’éthinyloestradiol), et d’acétate de cyprotérone qui est un progestatif ayant des propriétés anti androgène donc efficace contre l’acné. D’ailleurs, Diane ™ n’est pas prescrite en tant que pilule contraceptive mais joue également ce rôle de contraception.
Côté traitements : l’union fait la force
« La prise en charge de ces femmes est compliquée, » précise le Dr Michèle Sayag, Directrice de la Stratégie Médicale Bioderma. « Elles ont multiplié les traitements et, déçues, les ont arrêtés, souvent trop tôt. »
Aussi, on commence toujours par un traitement local, crème, lotion ou gel à base de Péroxyde de Benzoyle qui est surtout anti inflammatoire et souvent mal toléré par les peaux plus sensibles de l’adulte. Des soins formulés avec de l’adapalène moins agressif que la vitamine A acide (trétinoïne) et que l’érythromycine (peu efficace) est aussi souvent prescrit.
En cas d’échec des traitements locaux il est légitime de passer à un traitement oral : antibiotiques (cyclines, gluconate de zinc) sous forme de cures, et seulement en dernier ressort à l’Isotrétinoïde à des doses bien tolérées (dont le fameux Roaccutane). Attention, ce type de traitement doit être associé à une contraception efficace à cause de risques de malformation fœtale. Le problème reste que ces traitements qui doivent être poursuivis de 3 à 6 mois ne sont pas forcément efficaces après une seule cure et découragent souvent les patientes.
Dernière nouveauté au rayon des traitements anti-acné : la luminothérapie à la maison. La marque Neutrogena est la première à avoir lancé un masque de luminothérapie à utiliser à domicile, qui émet de la lumière bleue pour cibler les bactéries, et de la lumière rouge pour réduire l’inflammation de la peau. On le pose sur le visage durant 10 mn chaque jour durant 12 semaines. Dès la première semaine l’acné est moins inflammatoire et en 12 semaines l’apparence de la peau est plus nette, le teint plus clair.
Bien choisir ses cosmétiques
Toutes celles qui souffrent de boutons inflammatoires ont tendance à choisir des produits trop agressifs dans l’espoir de les faire disparaître. Problème, ces derniers risquent de mettre la peau à vif en détruisant son film protecteur naturel. D’où l’importance de choisir des cosmétiques spécifiques qui ne décapent pas la peau pour autant.
Incontournables : les anti-oxydants, comme la vitamine E par exemple pour empêcher le sébum de s’oxyder et les points noirs d’apparaître. Utiles aussi les kératolytiques à faible concentration pour agir en douceur (AHA, BHA, acide salicylique), les molécules diminuant la sensibilité de la peau (extraits de réglisse…) et non négociables, des hydratants et émollients efficaces (céramides, glycérine, bétaïne, glycols) indispensables à un épiderme hypersensibilisé. À l’heure de la toilette même exigence de douceur avec des eaux micellaires ou des gels moussants dédiés dans toutes les lignes anti acné.
Et pour le maquillage on scrute les étiquettes à la recherche de fonds de teint et de poudre non comédogène.
Enfin, on n’oublie pas d’appliquer une protection solaire au moindre rayon de soleil !
En cabinet dermato : des soins ciblés radicaux
Si l’acné est sévère, récidivante, le dermatologue va conseiller un nettoyage de peau en cabinet : incision des microkystes et association possible avec un peeling aux AHA. Il existe également un traitement au laser (Sebacia LightSheer) : on enduit le visage d’une lotion qui contient des microparticules d’or. Celles ci vont s’accumuler à l’intérieur de la glande sébacée.
Un quart d’heure plus tard on cible le rayon laser sur ces glandes. Celles-ci sont détruites car les microparticules d’or servent de cible au laser. À raison de trois séances espacées d’une semaine on constate après six mois qu’il n’y pas eu de récidive et que l’acné est réduite de 70% environ.
Merci à Michèle Sayag, Directrice de la Stratégie Médicale, Bioderma
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