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Ce n’est pas en remplissant l’agenda de son enfant d’un maximum d’activités qu’on éveille son intérêt. Bien au contraire. Et si on ralentissait un peu le rythme pour lui laisser le temps de s’émerveiller ? Le point avec Catherine L’Ecuyer, chercheuse en sciences de l’éducation et psychologie.
L’initier aux langues étrangères dès le berceau, développer son oreille musicale par des séances d’éveil, arpenter les grands musées en poussette pour lui donner le goût de l’art, les parents d’aujourd’hui cherchent à stimuler la curiosité de leur bambin de plus en plus tôt. Pourtant cette course à l’éveil serait contreproductive. « L’enfant a en lui un désir de connaître« , explique Catherine L’Ecuyer, chercheuse en sciences de l’éducation et psychologie et auteur de « Cultiver l’émerveillement« , aux éditions Eyrolles. S’intéresser à tout ce qui est interdit comme les prises de courant, donner libre cours à son imagination devant les nuages qui passent, poser une avalanche de pourquoi, la curiosité de l’enfant est innée.
Penser qu’enrichir son environnement permettrait de stimuler sa soif d’apprendre vient d’une erreur d’interprétation. Dans son livre « Cultiver l’émerveillement« , Catherine l’Ecuyer explique que ce malentendu vient de plusieurs études. Des chercheurs ont remarqué qu’un rat entraîné en laboratoire à interagir est plus compétent en matière de résolution de problème qu’un rat isolé dans une cage. Une autre expérience comparant un groupe de rats vivant en cage et un autre entouré de jouets, de tunnels… montrait une augmentation de la taille du cortex cérébral dans le deuxième groupe. D’où cette conclusion un peu trop rapide que la présence d’un environnement enrichi était une condition sine qua non de l’apprentissage.
Pour Catherine l’Ecuyer, cela montre que le cerveau est malléable. Mais pas qu’il faut enrichir à tout prix son environnement. « Au contraire, certaines études montrent que la surstimulation peut engendrer des troubles chez l’enfant, tels que l’inattention, l’impulsivité, la diminution du vocabulaire ou la perte d’intérêt à apprendre« , note l’auteur. La surconsommation étouffe ce désir naturel, cet « émerveillement » un terme utilisé par la spécialiste de l’éducation emprunté aux philosophes grecs. Face aux stimuli, l’enfant devient passif, puis s’ennuie. « Il n’a même plus l’opportunité de désirer quelque chose, il est blasé« , constate Catherine l’Ecuyer. Comment lui redonner cette soif d’apprendre ?
Se reconnecter à la nature
« La nature peut redonner la faculté de s’émerveiller à quiconque l’a perdue« , constate l’experte en éducation. Planter une graine et patienter jusqu’à ce que les premières tiges poussent, voir croître les fruits sur un arbre, réaliser une mangeoire à oiseaux, grimper aux arbres, fabriquer des cabanes, s’émerveiller devant le déplacement d’une chenille ou jouer dans les graviers, la nature est l’école des plaisirs simples et de la lenteur. « Des études ont montré que s’amuser dans un environnement naturel réduit les symptômes du déficit d’attention chez certains enfants« , précise Catherine l’Ecuyer.
Respecter son rythme
« L’enfant a son propre rythme« , explique Catherine L’Ecuyer. Rythme de sommeil, d’alimentation mais aussi d’apprentissage. Dans la vie quotidienne, les parents ont tendance à presser leur bambin : se lever, s’habiller, partir à l’école. Or l’enfant vit dans le présent, il ne pense pas en terme d’horaire et cette course perpétuelle ne lui permet plus de vivre chaque instant avec émerveillement. Pour respecter le rythme propre de l’enfant, il est nécessaire d’être disponible pour mieux le comprendre et ainsi s’adapter à ses besoins de base. Comme guetter ses signes de fatigue par exemple pour le mettre au lit quand il en a besoin.
Eviter de brûler les étapes de son développement
Quelle fierté le parent éprouve quand il peut s’enorgueillir d’un enfant qui réussit une prouesse qui n’est pas de son âge. Pourtant, chaque étape de développement est importante. Brûler les étapes, c’est lui faire perdre son besoin de jouer, donner un coup d’arrêt à son imagination et à l’élan naturel pour tout ce qui l’entoure.
Réapprivoiser le silence
Stimuli visuels rapides, ambiances sonores bruyantes, difficile de se retrouver dans un endroit calme quand les écrans sont allumés en permanence. Or le silence est nécessaire à la réflexion et à l’apprentissage. « Face à trop de stimulation, l’enfant a du mal à intérioriser ce qu’il apprend, à approfondir ses connaissances, à se montrer attentif aux besoins des autres« , explique la spécialiste. « Il est primordial d’aménager des espaces calmes pour l’enfant, d’éviter les éléments qui ne respectent pas son rythme et qui pourraient l’étourdir : un spectacle, une ambiance musicale intense… Autrement dit, l’environnement préparé doit offrir un bon équilibre entre silence, parole, images et sons.«
A lire : Cultiver l’émerveillement et la curiosité naturelle de nos enfants, Catherine L’Ecuyer, éditions Eyrolles
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