Dans ce petit village de Corrèze, l’ensemble des bâtiments est en grès rouge, coiffé de lauze bleue. Si l’été, une ruée de visiteurs l’investit, la fin de l’automne offre un moment propice pour s’y attarder.
Au coucher du soleil, ce village de 480 âmes, étape sur la Voie de Rocamadour, une des variantes du Chemin de Compostelle, flamboie de mille feux. Sur ses murs cramoisis s’attardent les derniers rayons de l’automne. Pourtant Collonges-la-Rouge ne s’est pas toujours appelé comme cela. Si aujourd’hui le lien paraît évident entre le nom de la commune et la couleur de ses façades, autrefois ces dernières étaient recouvertes d’un crépi à la chaux.
Il faut attendre 1969 pour que soit opéré le décrépissage qui, depuis lors, laisse apparaître le grès rouge – dû à la présence d’oxyde de fer. Situé sur la faille de Meyssac qui sépare le grès du calcaire et niché sur les collines limousines, ce joli bourg où l’on déambule dans les ruelles étroites et pavées est le premier à avoir été labellisé « Plus beau village de France » en 1982 – il en reste l’emblème. On en parle comme d’un rubis dans un écrin de verdure.
Les tours du pouvoir
Entre châtaigniers et noyers, le village se découvre à pied. Au détour d’une ruelle apparaissent le castel de Benges, puis ceux de Vassinhac et de Maussac. La halle où s’échangeaient jusqu’en 1897 les huiles et les vins abrite aussi un four à pain réactivé chaque été au cours de la fête du pain et pendant les Journées du patrimoine. Ce qui frappe à Collonges, ce sont ses 25 tours et tourelles : au XVe siècle, apogée de la prospérité du bourg, les habitants riches et influents – commerçants et magistrats – rivalisaient entre eux en faisant édifier des tours qui témoignaient de l’opulence et de l’importance sociale de leur propriétaire. La plus célèbre de ces anciennes demeures est la maison de la Sirène – sculptée sur la porte – qui abrite un musée des traditions populaires. Plus loin, dans une cour, le moulin à noix.
Art médiéval
©Romann Ramshorn
Trônant sur la place, l’église Saint-Pierre accueille quelque 600 000 visiteurs par an. Son magnifique tympan, typique de l’art médiéval, retrace l’ascension du Christ. C’est la seule touche blanche du village, car les sculpteurs de l’époque préféraient travailler le calcaire, plutôt que la roche de grès locale, jugée trop friable.
Et aussi…
3 questions à… Étienne Dessus de Cérou
©DC
Vice-président de l’association des Amis de Collonges et adjoint au maire de la ville.
France Dimanche : Quelle est la plus belle balade à faire ?
Étienne Dessus de Cérou : Territoire vallonné et arboré, les environs de Collonges invitent à la randonnée. De nombreux sentiers sont du reste balisés. Pour les aînés, le chemin des Lavoirs, relativement plat, permet de goûter les couleurs automnales et de traverser les espaces encore habités par les chevaux, les bovins, les ovins et les caprins. Plus ardue, la rando de la chaise du Diable fait gravir la colline de grès permien dont la pierre extraite a donné ses couleurs aux maisons du bourg. C’est aussi l’itinéraire privilégié pour découvrir les champignons et pour embrasser la vue sur la vallée de la Dordogne. Enfin, parfois sur la chaise, le diable est là, comme quoi, il ne se cache pas toujours dans les détails !
Quels sont les incontournables du bourg ?
Ce sont ses monuments remarquables, vingt-sept sont classés. La Maison de la sirène s’offre tout d’abord aux regards des visiteurs puis, passant par une porte donnant accès au périmètre de l’ancien prieuré, on découvrira l’église et son exceptionnel clocher à gâbles [pignons aigus, typiques du Limousin, ndlr], la petite chapelle des Pénitents, puis de multiples petits castels Renaissance, dont celui de Vassignac, ouvert au public.
Quel est le but de votre association ?
L’association des Amis de Collonges fêtera son centenaire en 2027. Créée à l’occasion de la restauration de la petite chapelle des Pénitents qui était à l’abandon et en ruine, elle n’a cessé depuis lors de travailler à la sauvegarde de l’exceptionnel patrimoine architectural du bourg. Elle exploite deux bâtiments communaux emblématiques, la maison de la Sirène, petit musée à visiter, et la chapelle des Pénitents, en accès libre tout au long de l’année. Son effort actuel porte sur le projet de réhabilitation de l’église Saint-Pierre, monument historique classé depuis 1905.
La bonne table
©Grégory ROHART
Pour goûter les spécialités du terroir (canard confit, esturgeon, clafoutis de tomates), l’arrêt au restaurant Le Maraîcher s’impose. Installé dans une grange superbement rénovée, située en contrebas de l’église du village, ce lieu ouvert toute l’année propose notamment ses légumes et ses herbes aromatiques, en provenance directe du potager adjacent, et ses vins, viandes, poissons et fromages, sélectionnés en circuit court, à moins de 100 kilomètres. Il est bien sûr labellisé en agriculture bio.
• Le Maraîcher, Antoine et Laurence Hartmann, place de l’Église, 19500 Collonges. Tél. 07 69 99 55 80.
Entrée, plat, dessert : 29 €.
Alicia COMET
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