- La championne refuse de porter un nouveau kimono jamais testé
- Teddy Riner autorisé à porter son propre kimono : le double standard qui ne passe pas
« Pourquoi ne suis-je pas traitée de la même manière que Teddy ? », a lâché la championne de judo Clarisse Agbegnenou, au sortir du Grand Slam de Tel Aviv, vendredi 17 février 2023, au micro de France Info.
Alors que ce rendez-vous devait marquer son grand retour à la compétition, après une grossesse (sa fille a 8 mois, ndlr) et plusieurs blessures, la championne de judo, médaillée olympique en 2020, s’est heurtée à sa propre fédération pour avoir refusé de porter le kimono de la marque officiellement sponsor de la FFJ. En réaction à ce refus ? La championne a dû faire face à ses concurrentes sans son entraîneur fédéral.
“Je suis vraiment dépassée par la situation. Je suis outrée du manque de respect qu’on m’octroie. Je suis une sportive, je veux défendre mes titres, revenir à la compétition, montrer que tout est possible. Et ce qui m’en empêche, c’est ma propre fédération. C’est très grave”, a-t-elle déclaré comme le relaie Sud Ouest.
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La tricolore a été éliminée en quarts de finale, puis en repêchages dans la catégorie des mi-moyen (moins de 63 kg). “Certes ce n’est pas le résultat que j’aurais voulu […] mais c’est comme ça que l’on apprend ! […] Il y a malgré tout pas mal de points dont je suis extrêmement fière : retour après une grossesse, avec ma fille de 8 mois, un retour dans ma catégorie, retour de blessure, et des péripéties inutiles..!! Je suis là et de retour !”, a-t-elle déclaré via un post Instagram.
La championne refuse de porter un nouveau kimono jamais testé
Par “péripéties inutiles”, la judoka revient donc sur cette affaire de “kimono-gate” qui a fait plus parler d’elle ce week-end, que son retour tant attendu à la compétition.
“Le blocage provient de dissensions entourant la signature d’une convention entre Agbegnenou et la FFJDA. Ce document détermine les droits et obligations qui lient les sportifs de haut niveau et leur fédération. Il régit notamment la pratique compétitive, le suivi médical, le droit à l’image, la formation des athlètes et… leur équipement. Or, depuis trois ans, Clarisse Agbegnenou n’est plus engagée par aucune convention. À son arrivée à la tête de la Fédération française de judo, en novembre 2020, Stéphane Nomis rompt la convention établie par son prédécesseur en attendant de fixer les termes d’un nouvel accord avec Agbegnenou. Mais la championne, partie en congé maternité après son titre olympique, est alors loin des tatamis. L’affaire traîne… avant de rebondir, lundi 13 février”, résume Le Monde.
Or, entre-temps, le 1er janvier 2022, la FFJ a signé un contrat Adidas, faisant de la marque à trois bandes, l’équipementier officiel des judokas tricolores. À quelques jours du retour officiel de la championne à la compétition, celle-ci refuse de signer à la va-vite la nouvelle convention, et de fait, de porter les nouveaux kimonos qu’elle n’a par ailleurs jamais testés.
Résultat, elle concourt avec son propre kimono (Mizuno, son équipementier) et la Fédération Française décide de la priver de la présence de son entraîneur fédéral. « Clarisse a combattu avec un kimono qui n’était pas le kimono officiel. Elle n’avait pas le droit de mettre ce kimono », a expliqué Stéphane Nomis, le président de la Fédération, à l’AFP relayé par France Bleu. « On ne peut pas aller sur un tapis avec nos coaches payés par la Fédération, avec des partenaires qui ne sont pas les nôtres, ce n’est pas entendable », a-t-il ajouté.
Teddy Riner autorisé à porter son propre kimono : le double standard qui ne passe pas
Derrière cette histoire, un problème de communication et d’agenda, mais surtout une exception (pour le champion Teddy Riner, ndlr) qui dérange.
Car outre les soucis de signature de convention résumés plus haut, et la non-prise en compte de l’absence de Clarisse Agbegnenou des tatamis du fait de son congé maternité qui a retardé la possibilité de trouver un accord entre les deux parties, ce qui a ulcéré la championne, c’est qu’une exception a été trouvée pour un autre champion, Teddy Riner, qui a le droit de porter un kimono de sa marque.
“C’est une injustice. Teddy a le droit de combattre avec le kimono qu’il veut alors que c’est différent pour moi. Je dois obéir et exécuter les règles que l’on me donne. On ne traite pas les gens de la même façon. Je trouve ça très dommage”, a-t-elle confié à France Info, relevant le sexisme d’un tel double-standard.
Un manque d’égalité dont le président de la fédération se dédouane : “Teddy Riner a lui été autorisé à porter son propre kimono, de sa marque, parce qu’il a trouvé un accord avec l’équipementier de l’équipe de France, a expliqué Stéphane Nomis. Adidas juge que la marque de Teddy Riner ne lui fait pas concurrence, contrairement à Mizuno”.
Des explications qui ne convainquent pas vraiment la championne sur le retour qui s’est senti abandonnée par sa fédération, estimant que celle-ci “n’a plus confiance” en elle, “sinon il ne m’aurait pas privée de coach et saboté mon retour”, relaie France Bleu.
Déçue, Clarisse Agbegnenou n’en reste pas moins combative, et plus motivée que jamais à tout faire pour remonter sur la première marche du podium. Et d’engager pour cela de nouvelles discussions avec sa fédération, qui semble prête elle-aussi, à trouver une solution pour apaiser la relation.
“Nous, c’est notre grande championne », a réaffirmé le président de la Fédération, Stéphane Nomis en répétant qu’il a « envie de trouver un accord » avec la judoka.
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