La découverte est de taille. Dans un communiqué, publié le 25 janvier 2023, l’Institut Pasteur – avec la collaboration de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, l’Inserm au sein de l’Institut Imagine, l’Université Paris Cité, l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA) – révèle avoir découvert un nouveau virus impliqué dans au moins un cas d’hépatite idiopathique (quand il est impossible d’en déterminer la cause, NDLR).
“La patiente avait une hépatite chronique inexpliquée, avec peu de symptômes (…) Nous avons pu avoir accès à de nombreux échantillons sur plusieurs années, ce qui nous a permis d’identifier ce nouveau virus, qui était pour le moins inattendu”, a expliqué Marc Eloit, dernier auteur de l’étude, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur et Professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), dans le communiqué.
Comme précisé dans l’étude parue dans la revue Emerging Infectious Diseases (février 2023), ce virus – de la famille des circovirus – a provisoirement été baptisé « HCirV-1 » pour « Human Circovirus 1 ». Connus des scientifiques depuis les années 1960, ces circovirus n’avaient jusqu’alors été identifiés que chez les animaux.
Un virus découvert lors d’un suivi de double-greffe
Une chose est sûre : aucun des scientifiques impliqués dans cette découverte ne s’attendaient à une telle trouvaille en tentant de soigner cette femme de 61 ans. Greffée du cœur et des poumons 17 ans auparavant, cette dernière avait été diagnostiquée d’une hépatite cytolytique (qui se traduit par la mort des cellules hépatiques, NDLR) asymptomatique en novembre 2021, sans qu’aucun médecin ne puisse l’expliquer. Elle était également sous traitement immunosuppresseur, est-il précisé dans l’étude.
La biopsie hépatique a permis d’exclure des virus couramment associés à l’hépatite chronique, comme l’herpès simplex, le varicelle-zona (VZV), le VIH ou le cytomégalovirus (CMV). Les chercheur.euse.s disent ensuite avoir effectué un séquençage « à la recherche de séquences microbiennes » à comparer avec celles de microbes connus. Et c’est ainsi qu’ils auraient identifié la présence du HCirV-1, sans concurrence avec aucun autre virus ou bactérie.
« Les résultats ont montré que le génome viral du HCirV-1 était indétectable dans les échantillons de sang de 2017 à 2019, puis que sa concentration atteint un pic en septembre 2021 », expliquent les scientifiques, précisant que « 2 à 3% des cellules du foie » de la patiente étaient infectées. « Une fois que ce virus a utilisé les ressources de la cellule hépatique pour se multiplier, il la détruit ».
La perspective de nouveaux traitements ?
Cette découverte a permis à cette femme de guérir. En novembre 2022, et après un traitement antiviral, « l’état clinique du patient était stable, et nous avons noté une guérison complète de la cytolyse« , se félicitent les scientifiques. Mais elle pourrait également ouvrir la porte à de nouvelles manières de traiter certaines hépatites auto-immunes.
« Pour adapter le traitement et le suivi des patients, il est essentiel pour nous de connaître la cause de l’hépatite, et notamment de savoir si elle est virale. L’identification de ce nouveau virus pathogène pour l’Homme et la mise au point d’un test réalisable par tout laboratoire hospitalier fournit un nouvel outil de diagnostic et de suivi des patients atteints d’hépatites« , enjoint Anne Jamet, du service de microbiologie clinique de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, affiliée à l’Inserm, et co-auteure de l’étude.
L’enjeu est aussi de comprendre comment ce type de virus, qui touche habituellement les porcs ou les oiseaux découvert en 1964, a pu être transmis à l’Homme pour la première fois. « La patiente a signalé un contact avec 2 chats, tous deux en contact avec des oiseaux et des rongeurs », indiquent-ils, notant que le test était négatif chez ces deux félins.
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