Dans un communiqué diffusé mardi 22 février 2022, la CGT a annoncé que l’un de ces cadres est visé par une plainte pour « viol, agression sexuelle, torture et acte de barbarie ». Seule autre information partagée par le syndicat à ce moment là : l’homme accusé a été suspendu de tous ses mandats nationaux, « le temps qu’une décision de justice soit rendue ».
Ce lundi 28 février, Le Parisien révèle qu’il s’agit en fait de l’un des portes-paroles de la CGT, Benjamin Amar, habitué des plateaux TV. La plaignante serait quant à elle une militante cégétiste du Val-de-Marne, et dénoncerait des faits qui datent d’il y a quelques mois.
L’affaire semblait connue depuis des mois dans les couloirs de la CGT. Le secrétaire général du syndicat, Philippe Martinez, a d’ailleurs pris la décision de convoquer Benjamin Amar, le 21 février dernier, rapporte le quotidien. Soit la veille de sa suspension et du jour où la plainte a été rendue publique.
Une suspension qui divise
La CGT a justifié cette suspension immédiate affirmant que ses valeurs « sont incompatibles avec toute forme de violence sexiste et/ou sexuelle », cite Le Parisien. « Si la CGT est attachée la présomption d’innocence, elle l’est tout autant à la présomption de sincérité« , continue le communiqué.
Une décision ferme qui ne fait pas l’unanimité. Cédric Quintin, secrétaire de l’Union Départementale CGT-Val de Marne, souhaitait « dénoncer le communiqué confédéral [partagé par le CGT la semaine dernière, ndlr] qui est particulièrement abject et jette littéralement en pâture un camarade et ses proches ». Il n’a pas donné suite aux sollicitations de nos confrères pour s’en expliquer.
Au sein du syndicat, certains affirment leur surprise alors que d’autres confient qu’ils s’y attendaient. « C’est un camarade extrêmement engagé, un caillou dans la chaussure de nombreux patrons. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, ni vu de comportement inapproprié. Mais je suis une femme, et il y a une victime… », explique une responsable au Parisien.
On savait tous que cette affaire allait sortir un jour ou l’autre, la question était juste quand.
Des militantes dénoncent des « dragues très lourdes » de la part de Benjamin Amar. C’est le cas de Marie (les prénoms ont été modifiés à la demande des témoins) : « cet homme a un problème : sa braguette ».
Elle poursuit : « on savait tous que cette affaire allait sortir un jour ou l’autre, la question était juste quand« . Mais rajoute qu’elle « n’est ni juge, ni flic. C’est du pénal et c’est à la justice de trancher. »
Une autre militante, Nathalie, révèle un comportement « insistant et borderline avec les femmes« . Et même une position d’autorité par rapport à elles. « J’en ai fait les frais moi-même », assure-t-elle, « mais j’ai su dire stop quand ça allait trop loin. Ce qui n’a pas pu être le cas pour d’autres femmes, parfois en situation de vulnérabilité. Benjamin avait réussi à les sortir de cette mauvaise passe. Ensuite, elles lui devaient tout. »
Benjamin Amar conteste les faits
D’après les informations du quotidien, Benjamin Amar n’a pas encore été entendu par la police et ne connaîtrait pas détails des faits qui lui sont reprochés.
« Il ignore le contenu de la plainte, la teneur des faits qui lui sont reprochés et qui en est à l’origine. Il est comme un aveugle dans un couloir sombre », a spécifié son avocat Me Jérôme Karsenti. Le suspect conteste les accusations qu’il a qualifié d' »infamantes et ignominieuses ». Elles sont « à l’opposé de tout ce que j’ai toujours porté dans ma vie », affirme l’accusé.
Benjamin Amar a rejoint la CGT dans les années 2000. En parallèle de son implication syndicaliste, il est professeur d’histoire-géographie au lycée Gutenberg à Créteil. L’établissement n’a, pour le moment, pris aucune mesure.
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