C’est ce qui s’appelle faire un « flop »… Alors qu’elles étaient destinées à protéger un réservoir d’eau à ciel ouvert de l’évaporation, de petites balles de plastique se sont en fait révélées bien plus nuisibles que prévu pour la ressource en eau. Un projet prometteur qui, finalement, en vient à couler à pic.
Les origines de l’initiative remontent à 2015. Cette année-là, pas moins de 96 millions de petites sphères flottantes en plastique sont disséminées à la surface d’une étendue d’eau artificielle de Los Angeles, aux États-Unis. L’objectif des initiateurs de ce projet novateur était alors d’éviter l’évaporation de millions de mètres cubes d’eau. Un but largement atteint avec un résultat total de près d’1,7 millions de mètres cubes épargnés d’un envol dans l’atmosphère entre août 2015 et mars 2017. Prometteur, a priori, mais en réalité bien moins bénéfique pour l’environnement.
Comme le montrent les résultats d’une étude, publiée en 2018 dans la revue Nature Sustainability, les concepteurs du projet ont omis de prendre en compte des paramètres pourtant cruciaux : les coûts environnementaux liés à la production des petites balles de plastique. Un poids écologique finalement bien plus élevé que les bénéfices apportés par ces sphères synthétiques, selon les calculs effectués par des chercheurs de l’Imperial College de Londres, du MIT et de l’Université de Twente, aux Pays-Bas.
Un bilan négatif
En prenant en compte toute l’eau utilisée pour extraire le pétrole, le gaz naturel ou encore produire l’électricité nécessaire à la fabrication des balles en plastique, les scientifiques sont parvenus à une estimation de la consommation totale de 2,9 millions de mètres cubes du précieux or bleu. Ce projet destiné à la préservation des ressources se révèle donc finalement déficitaire à hauteur d’un peu plus d’un million de mètres cubes.
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Un volume loin d’être une goutte d’eau dans l’océan d’une ressource devenue de plus en plus difficile à gérer… Outre la surconsommation insoupçonnée, mais désormais avérée liée à la fabrication des balles de plastique, c’est avant tout le déplacement des conséquences environnementales que les scientifiques pointent du doigt.
Une critique des solutions d’ingénierie
« Nous sommes très bons pour élaborer des solutions technologiques à court terme, mais nous négligeons souvent les conséquences secondaires et à long terme de nos solutions, déplore Kaveh Madani, environnementaliste à l’Imperial College de Londres. C’est de cette façon que la communauté des ingénieurs a toujours résolu les problèmes : en résolvant un problème quelque part et en créant un nouveau ailleurs. »
Autre problème soulevé par les scientifiques : les effets néfastes des sphères de plastique sur la température de l’eau et sur la prolifération bactérienne au sein du liquide. Autant de paramètres qui pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la vie aquatique.
Au-delà de l’échec, des espoirs d’améliorations à venir
Aussi peu concluant qu’il soit, cet essai n’en demeure pas moins bénéfique pour l’avancement des connaissances scientifiques sur ce type de méthode de protection de la ressource en eau, comme le concèdent les chercheurs à l’origine de l’étude critique du projet.
« Nous ne sommes pas en train de dire que les balles pare-soleil sont mauvaises, et ne doivent pas être utilisées, nous soulignons simplement le fait que les coûts environnementaux de ces sphères doivent être pris en compte en association avec leurs bénéfices », préconise finalement Kaveh Madani. Un « flop », qui pourrait permettre l’émergence de projets plus aboutis, et donc finalement à ces petites balles de plastique de sortir, un jour, « la tête de l’eau ».
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