Les pièges des voleurs sont de plus en plus ingénieux. Voici comment les repérer et s’en défendre.
Une puce et 86 x 54 mm. Un morceau de plastique, clé de votre compte en banque, malheureusement loin d’être inviolable. Selon la Banque de France, la fraude à la carte de crédit a représenté 464 millions d’euros en 2021. Le détournement des données bancaires est responsable de 78 % des cas. « La principale cause est la fuite massive d’informations suite au piratage d’un grand groupe », souligne Michel Guillaud, président de France Conso Banque. Ainsi des hackers ont-ils réussi à exploiter des failles de Facebook pour récolter les données de 500 millions d’utilisateurs en 2018.
Vicieux
Plus pernicieux, le phishing ou hameçonnage, où vous êtes à la fois victime et « acteur ». « Quelqu’un se faisant passer pour un conseiller de votre banque vous appelle pour vous signaler des opérations anormales sur votre compte. Pour les annuler, il vous demande le code confidentiel de votre espace client. Il mise sur l’urgence et votre panique, et ça marche. Le pire, c’est qu’il vous téléphone avec le numéro de votre agence qu’il a réussi à usurper », commente Julie Vanhille, secrétaire générale de l’Adeic. Ou encore, vous recevez un mail, un SMS vous demandant de cliquer sur un lien ou de répéter un code. Ce qui suffit à ouvrir en grand la porte aux voleurs. D’autant plus vicieux que, parfois, avec le lien du mail, vous êtes redirigé vers un site pirate qui a l’apparence de celui de votre banque, où vous fournissez en toute bonne foi les renseignements dont les hackers ont besoin.
Le vol ou la perte de la carte ne sont à l’origine que de 18 % des infractions, sans doute à cause du réflexe de l’opposition de plus en plus répandu et rapide. Il suffit d’appeler le 0892 705 705, ouvert 24 h / 24 et 7 jours / 7. Si vous êtes victime d’une fraude, vous pouvez contacter le service de police Info Escroqueries au 0805 805 817 et vous devez vous adresser à votre agence qui dispose d’un délai d’un mois pour vous rembourser. Vous êtes cependant soumis à une franchise de 50 euros si le voleur a pu utiliser votre code secret de retrait. Dans 65 % des cas, vous êtes renfloué rapidement, selon France Conso Banque. Restent cependant 35 % d’insatisfaits. « Les banques essaient de jouer sur le cas de “négligence grave” admis par la loi, notamment dans les affaires de phishing », explique Michel Guillaud. Par exemple, si le mail reçu avait une adresse illisible ou était bourré de fautes d’orthographe. « La balade du client de service en service peut durer longtemps en sachant que le médiateur de la banque a trois mois pour répondre et que son avis est purement consultatif. Notre tiercé des pires établissements est La Banque Postale, LCL et la BNP », ajoute-t-il.
Le mieux est de s’adresser à une association de consommateurs pour défendre votre dossier en cas de litige. Et si vous voulez porter plainte, bien que ce ne soit pas obligatoire, vous pouvez le faire en ligne sur la plateforme THESEE.
Ne négligez aucun recours.
Les moyens pour sécuriser
Comment se protéger contre des voleurs toujours plus inventifs ? Les banques, responsables de la sécurité de leurs moyens de paiement, ont tenté plusieurs parades : la double authentification pour les achats en ligne (deux codes dont un envoyé par téléphone), le cryptogramme dynamique, qui peut changer toutes les heures… Olivier Gayraud, juriste à la CLCV (Consommation logement cadre de vie), est partisan de la carte virtuelle. « Elle est sur votre téléphone et son numéro, qui n’est pas celui de votre carte physique, change à chaque achat. Dommage que tous les établissements bancaires ne la proposent pas. » Michel Guillaud (France Conso Banque) prône plutôt l’utilisation de l’intelligence artificielle, la carte à débit immédiat pour repérer rapidement des prélèvements frauduleux et un plafond de dépenses adapté aux ressources de chacun.
3 questions à Isabelle Landreau
Avocate et administratrice de l’AFCDP, qui nous parle de la protection des données personnelles dont s’occupe son association.
France Dimanche : Comment se protéger contre la fraude à la carte bancaire ?
Isabelle Landreau : Avec la carte physique, le moyen le plus efficace est la biométrie : on reconnaît le propriétaire à l’empreinte de son pouce.
FD : Que peuvent faire les banques ?
IL : Toutes devraient instaurer des tests réguliers pour bloquer les cyberattaques des gangs mafieux qui changent de forme tous les six mois et qu’on met 362 jours à détecter. Les données bancaires se revendent parfois sur le marché noir d’Internet au prix moyen de 60 euros l’une.
FD : Quels conseils pouvez-vous donner aux clients ?
IL : On sait que les particuliers sont à l’origine de 80 % des fraudes. Il faut avoir une bonne hygiène numérique, en changeant tous les six mois son mot de passe, qui doit être compliqué. Et, surtout, ne jamais communiquer par téléphone, par mail ou par SMS ses codes confidentiels.
Béatrix GRÉGOIRE
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