Je vous parle d’un temps que les moins de vingt-ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, la France des Trente Glorieuses s’engageait dans une petite révolution, pas uniquement sur le pavé. Les intérieurs connaissaient eux aussi leur grand chamboulement ! L’un d’eux s’appelait « Togo ». Prénom rigolo pour un canapé dont l’allure avait tout à voir avec un hymne à la paresse et une invitation à vivre autrement. Si certaines idées et meubles de l’époque ont été rangés au rayon « passés de mode », ce canapé révolutionnaire conçu par Michel Ducaroy en 1973 chez l’éditeur si français Ligne Roset est resté lui une « bête de mode ». On vous explique pourquoi son charme opère encore sur nos intérieurs et nos âmes nostalgiques 50 ans après sa création.
Le canapé « Togo » pour s’offrir une madeleine de Proust dans le décor
Impossible de ne pas le constater : la déco n’échappe pas, elle non plus, à la vague du « c’était mieux avant ». Dans cette passion pour les détails d’antan, il y a les inconditionnels « pour » et les « contre », fatalement, mais il y a surtout notre compte en banque et notre amour pour les brocantes en ligne qui nous permettent, en quelques clics seulement, de retrouver des pièces cultes de notre enfance, et ce à des prix raisonnables. Chiner de son canapé un canapé « Togo » vintage est donc monnaie courante. Car si vous avez toujours voulu vivre dans un film français des années 70 façon Claude et Georges Pompidou, période « refaisons faire notre palais par Pierre Paulin », le canapé « Togo » devra s’ajouter à la liste de vos indispensables vintage. Une vraie madeleine de Proust venue d’un temps soi-disant « heureux ».
Le canapé « Togo » pour se la jouer démocrate et précurseur
Vous avez quelques doutes quant au qualificatif de « précurseur » pour qualifier un canapé qui date du siècle dernier ? On persiste et signe. Parce que neuf ou chiné, placé dans votre salon ou dans votre chambre, le « Togo » ne laissera personne de marbre comme lors de sa présentation au Salon des Arts Ménagers au Palais de la Défense à Paris en 1973. Il intriguera les moins curieux et enchantera les plus « open-minded ». Parce qu’il fallait l’être, ouvert d’esprit en 1973 pour décider d’installer au cœur de son salon, pièce maîtresse de la maison, ce canapé pensé comme un énorme « siège-coussin » par Michel Ducaroy. Ce dernier reçu lors de ce salon, le prix René-Gabriel, prix qui récompensait depuis 1950 un designer ayant réalisé un « mobilier innovant et démocrate », comprenez « démocratiquement accessible », c’est-à-dire affichant un bon rapport qualité-prix.
Le canapé « Togo » pour étaler sa culture design
Oui, oui soyons un brin prétentieux, voulez-vous. Affichez son « Togo » c’est afficher dans son décor une certaine idée du design à la française. L’aventure (familiale) Ligne Roset a débuté en 1860, dans une petite forêt des Alpes, avec Antoine Roset qui fit au départ succès grâce à sa petite fabrique de cannes pour ombrelles. Les ombrelles de ces dames passèrent de mode, et Antoine Roset eut la riche idée de reconvertir ses tours à bois en des pieds et barreaux de chaises. L’ancêtre de Ligne Roset était né. C’est dans la France de l’après-guerre que l’entreprise, spécialisée dans le mobilier pour collectivités, connaît sa croissance exponentielle. Jean Roset (petit-fils d’Antoine) capte l’air du temps, les prémisses d’un nouveau monde et les désirs qui vont avec. Il profite de l’explosion créatrice de la fin des années 60 pour réorienter l’entreprise sur la sphère privée. Il commence alors à travailler avec de nombreux designers avant-gardistes. Il rencontre l’un d’eux en 1960 : Michel Ducaroy sera le fer de lance de cette (r)évolution design, il hérite de la tête du département design de la société. Les mœurs évoluent, la famille se libère d’un univers domestique tiré à quatre épingles et un brin ennuyeuse, les nouveaux matériaux rivalisent de qualité (ouate, plastique, mousse…) et les techniques de fabrication ne cessent de se moderniser. Tous les détails d’une époque formidable se mettent en place pour donner naissance à la star de la maison Roset : le « Togo », que Ducaroy décrivait comme « un tube de dentifrice replié sur lui-même comme un tuyau de poêle et fermé aux deux bouts ». Depuis, 1973, ce canapé à la silhouette légendaire n’a jamais cessé d’être fabriqué dans les ateliers de Briord, village situé dans le Bugey. Autant best-seller de la marque que du design français, ce canapé 100 % nostalgie fait figure de preuve – aux côtés d’autres meubles cultes designés par des français comme Le Corbusier, Paulin, Perriand en tête – que le design français rivalisaient haut la main avec les « cultissimes » design scandinave et italien.
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Le canapé « Togo » pour une assise maxi confortable
La beauté légendaire du « Togo » n’est pas un mythe. A vrai dire, il fait partie de cette catégorie de meubles cultes qui plaisent ou déplaisent au premier regard. On l’aime ou on le déteste, phénomène qui confère une certaine valeur supérieure à l’objet en question. Mais au-delà de sa silhouette avantageuse – que certains esprits inspirés perçoivent comme un nourrisson tout fripé, oui, oui, oui ! – le « Togo » doit son succès à son géniteur qui l’a « dessiné pour durer ». A travers cette création qui révolutionna le salon de l’époque seventies, Michel Ducaroy a mis en pratique son passage aux Beaux-Art de Lyon, section sculpture. Ce canapé a été littéralement sculpté pour épouser les formes du corps, pour que les corps s’y prélassent et s’y détendent en plein chamboulement post-soixante-huitard. Cette assise d’un seul bloc explore également les possibilités formelles quasi sans limites offertes par les matériaux incroyables d’alors. Entièrement constitué de mousses de trois densités différentes, le « Togo » se dote d’une élasticité à toutes épreuves notamment grâce à une housse généreusement matelassé de ouate. Un système, qui 45 ans plus tard, lui vaut le culte de canapé au confort absolu.
Le canapé « Togo » pour mixer les styles
Le « Togo » a beau avoir débarqué dans la galaxie du mobilier français en 1973, il n’en est pas moins toujours incroyablement moderne. Sa silhouette exceptionnelle se plie à tous nos désirs et sait s’inviter comme aucune autre dans une ribambelle de décors. Classique, rock, minimaliste, urbain, le « Togo » revêt toutes les identités de la plus classique à la plus fantaisiste. Certainement parce qu’il doit son origine à une époque qui ouvrait la porte à tous les possibles. Si on l’aime tant encore 45 ans plus tard c’est qu’il s’inscrit à merveille dans la recherche d’un intérieur qui reflète notre singularité. Démocratique et international, ce best-seller mondial – cocorico ! – a été vendu dans 72 pays. La recette de Ligne Roset au travers des dernières années à porter ses fruits. L’enseigne a décliné son assise culte en 899 coloris cuirs et tissus, en version canapé et fauteuil et est allé jusqu’à imaginer une version pour bambin. Deux générations se sont déjà lovées dans son assise, moelleuse et plissée, et la prochaine risque d’en faire tout autant…
Le canapé « Togo » pour être complètement tendance
Si le légendaire canapé de Michel Ducaroy fait encore partie du décor en 2023 ce n’est pas seulement dû à ses formes intemporelles. Sa silhouette plissée continue de se réinventer en évoluant au fil des tendances couleurs et matières. Aux côtés du « Togo » jaune pour un salon moderne ou du « Togo » en cuir pour un salon style industriel, on trouvera désormais un futur hit déco : le « Togo » en velours côtelé version terracotta ou vert artichaut pour un salon seventies et complètement dans l’air du temps !
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