Body language : pour décrypter les émotions et les intentions d'une personne, prêtez attention à ses mains

  • Les mains, garanties de l’authenticité
  • Une retranscription directe de la pensée
  • Comment lire les mains d’une personne ?

Une étude, à paraître dans l’édition janvier 2023 de la revue spécialisée Cognition, argue que “le seul fait de pouvoir voir les mains de quelqu’un fournirait une plus grande précision de reconnaissance émotionnelle que de ne pouvoir voir que son visage, ses bras ou son buste”. 

Car si on a tendance à ne pas leur prêter tant d’attention, en analyse de langage non-verbal, les mains sont centrales. 

“Souvent, on est happé par le pouvoir des yeux et du visage, alors que les mains peuvent en dire beaucoup sur les émotions et les intentions d’une personne”, assure Elodie Laye Mielczareck, sémiologue et spécialiste du body language. 

Les mains, garanties de l’authenticité

L’experte nuance toutefois : on ne voit pas la même chose sur le visage que sur les mains. 

Alors que le visage fait notre identité, nous sommes habitués à décoder ses expressions et tics. Cependant, comme nous savons traduire ses tracés (en apprenant de nos expérience, mais aussi de nos propres réactions), il est aussi plus facile pour nous d’en user pour manipuler notre prochain. 

“Il y a tout un pouvoir de conviction et de persuasion au niveau du visage. Souvenez vous des ‘yeux dans les yeux’ de Jérôme Cahuzac. C’est à la fois un puits de pièges et de vérités. À l’inverse, il est très difficile de faire mentir ses mains”, explicite Elodie Laye Mielczareck.   

Une retranscription directe de la pensée 

Ainsi, d’après la spécialiste, on peut lire au travers d’une personne de manière plus précise et fiable en observant sa posture, sa démarche, mais surtout… ses mains. 

“La manière dont le corps s’active est très parlante. Mais pour nous, c’est plus difficile de se laisser happer parce que la dimension émotionnelle est moins forte. Pourtant, le lien entre nos mains et notre cerveau est très fort, donc la retranscription est authentique”, poursuit-elle. 

L’experte nous explique qu’on peut observer les mains des politiciens pour mieux comprendre leur importance dans la transmission des émotions. « Chez les représentants politiques, les mains sont généralement très en contrôle, on voit des gestes automatiques, scindés. Mais si l’on s’arrête, qu’on prend le temps de regarder, on pourra noter que même quand le discours est contrôlé, les choses nous échappent », dévoile-t-elle.

Egalement, si l’on fait l’expérience de bloquer nos mains alors que l’on parler, notre élocution va s’en retrouver chamboulée. « On va zozoter, buter sur ses mots. C’est au travers du geste que l’on peut permettre à sa pensée de se dérouler », explique la sémiologue et spécialiste du body language. 

Comment lire les mains d’une personne ? 

Mais il existe différents degrés de visibilité de ces émotions et intentions. Celles que l’on arrive le moins à contrôler ? Les « activités d’auto-contact ».

« Ce sont la gestuelle séduction, comme les caresses ou la gestuelle parasite, de gène, comme les micro démangeaisons ou les mains qui viennent protéger le visage, comme si l’on souhaitait faire disparaître des parties de soi-même », décrypte Elodie Laye Mielczareck.  

Puis, il y a la vitesse et la qualité d’exécution du geste. « Il y a beaucoup d’indicateurs qui ne sont pas que liés aux gestes en lui-même, mais on ne peut généralement pas le voir sur le coup. Il faut pouvoir re-regarder une vidéo par exemple », illustre-t-elle. 

Notamment, dans le mensonge, il existe un lien, selon l’experte, entre la manière dont est exécuté le geste et la véracité des propos tenus. « Dans la vraie vie, les mains s’activent avec la parole, ou elles précèdent les mots. Dans un cadre de bluff, comme au poker par exemple, on observe que les gestes viennent après ». 

Si Elodie Laye Mielczareck accorde que les différences culturelles peuvent aussi influer sur la lecture des mouvements de main, elle souligne qu’il s’agit plus d’une « connotation du geste », que de sa traduction d’intentions. « Cette idée du geste lié à l’activité cognitive n’est pas rhétorique, ni culturelle. Elle est universelle », termine-t-elle. 

Source: Lire L’Article Complet