Black Panther : tout ce qu'il faut savoir sur les costumes du film | Vogue Paris

Rencontre avec Ruth E. Carter, la costumière qui se cache derrière les créations incroyables de “Black Panther”.

Black Panther réalisé par Ryan Coogler a été le carton de l'année 2018. Les raisons de ce succès ? Une vision différente du super-héros classique, un univers wakandais bercé de multiples influences africaines mais aussi des costumes uniques en leur genre. 

Rencontre avec Ruth E. Carter, la costumière qui se cache derrière ces créations qui mêlent détails traditionnels et pièces futuristes.

© Crédit – Marvel Studios

"J’ai l’impression d’avoir fait des costumes de super-héros toute ma vie", confie la costumière Ruth E. Carter à Vogue UK, dont l’incroyable carrière l’a amenée à travailler sur plus de films et séries historiques afro-américains que n’importe quel autre designer de costumes. "Malcom X était un super-héros. Tina Turner était une super-héroïne. Martin Luther King était un super-héros."

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Pour son dernier projet – le film Black Panther, tiré de l’univers Marvel – Carter a supervisé une équipe de plus de 100 acheteurs en Afrique du Sud, au Nigeria, et en Corée du Sud, auxquels s’ajoutent des créateurs de bijoux, des fabricants de moules, des forgerons, des peintres, et des couturiers sur le plateau d’Atlanta et dans les studios de L.A. – tous dédiés à donner vie au royaume imaginaire de Wakanda.

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"J’ai sélectionné des éléments de tribus indigènes et les ai intégrés dans un modèle futuriste", explique Carter en référence aux costumes avant-gardistes profondément enracinés dans la tradition africaine. "Etant donné que la culture pensée par [le réalisateur] Ryan Coogler est unique, j’ai pu mélanger des éléments de plusieurs tribus africaines – y compris la couleur rouge, la forme du triangle, les colliers spirale, et le perlage – sans m’inquiéter des questions d’appropriation culturelle."

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"Je n’aime pas voir des représentations de peuples africains irréalistes, ou qui véhiculent une image erronée de ce qu’est l’Afrique – une image plus sombre, négative", poursuit Carter, qui a été nominée pour un Oscar de la meilleure création de costumes pour son travail dans Amistad et dans Malcom X. En plus d’être une aventure fantastique et un régal pour les yeux, Black Panther devrait, elle l’espère, donner aux spectateurs un peu de "contexte réel" sur l’Afrique du Sud, et un sentiment d’espoir dans une société souffrant d’un manque de parité.

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Par exemple, les marques en chevron sur l’armure des guerrières connues sous le nom des Doja Milaje, imite la géométrie et l’imagerie sacrées présentes sur des œuvres d’art africaines. Les ouvrages de perles sont une indication du statut marital, tandis que les petits talismans sur la tunique des combattantes – une statuette de fertilité, un morceau de jade, ou d’améthyste – sont des symboles représentant les compétences et la spiritualité de leur porteur. "J’ai imaginé qu’il existait des artisans wakandais spéciaux chargés de créer les armures des Dora Milaje", précise Carter. "Quand une femme atteint un certain niveau de combat, les artisans lui fabriquent une armure sur mesure et la présentent lors d’une cérémonie."

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La teinte vive de la tunique des Dora Milaje vient des rouges vifs que la costumière a vus pendant ses voyages en Afrique du Sud. "J’ai voulu renforcer la teinte du rouge, pour que quatre guerrières côte à côte donnent l’impression d’être dix, grâce à la force et l’intensité de la couleur." Le riche cuir, paré d’attaches et de liens solides formant une seconde peau texturée pour les guerrières, a été méticuleusement travaillé selon une technique séculaire qu’elle a découverte pendant ses recherches.

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Au milieu des commandes artisanales – les costumes de Nakia, le personnage interprété par Lupita Nyong’o, ont dû être peints à la main avec différentes nuances de vert pour rappeler la couleur de sa tribu de la Rivière – il y a aussi eu des innovations dignes de super-héroïnes. "Prenez la reine Ramonda, jouée par Angela Bassett", raconte Carter. "C’est la cheffe d’une nation visionnaire qui possède la meilleure technologie du monde ; il lui fallait donc un costume grandiose." Son manteau a été conçu avec des fibres spéciales assemblées dans la plus grande imprimante 3D du monde, en Belgique. Sa couronne, une autre prouesse de tissage technologique, "devait être parfaitement cylindrique, de sorte qu’elle contraste avec les uniformes faits main de ses forces armées, et qu’elle ressorte pour sa perfection d’une grande pureté."

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Si ça ne tenait qu’à Carter, elle et sa centaine d’équipiers auraient passé encore plus de temps dans les ateliers. "Il n’y avait pas assez de temps, il n’y a jamais assez de temps", explique-t-elle. Le délai était en effet serré : elle a commencé les recherches en juin 2016, le tournage a débuté en janvier 2017, et a été bouclé en mai 2017. "Beaucoup de choses n’avaient encore jamais été faites, et se trouvaient au stade de prototypes", poursuit-elle, alors que "les fermoirs et attaches sur lesquels on s’est pris la tête pour gagner en authenticité auraient en fait pu être réalisés avec du velcro."

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Membre de l’Académie depuis plus de 25 ans, Carter sait que de telles questions sur les matériaux peuvent faire toute la différence. Si les prédictions de l’industrie sont justes et qu’elle est nominée pour un Oscar en 2019, elle pourrait devenir la première femme à remporter l’Oscar de la meilleure création de costumes pour un film de super-héros. "Dans le climat actuel, les super-héros donnent de l’espoir aux gens", songe-t-elle. Ajoutons aussi que si Carter se voit décerner le prix, elle sera la première femme afro-américaine à remporter un Oscar pour une représentation cinématographique d’un super-héros noir. Et ça, ça ne serait pas rien.

L'article original est à retrouver sur le site du Vogue UK

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