Bientôt tous soignés grâce à notre portable ?

Les smartphones sont si répandus qu’ils sont en passe de devenir des auxiliaires de notre santé. Demain, ils aideront à personnaliser nos soins.

Avec le Pr Boris Hansel, endocrinologue

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Plus de doute : la santé de demain sera numérique ! C’est en tout cas le sens de nombreux travaux menés en France et dans le monde. D’ailleurs, ce futur s’ébauche déjà. Votre smartphone contient très probablement au moins une application santé. Un iPhone mesure ainsi la distance parcourue à pied, le nombre d’étages montés, notre équilibre ou le niveau sonore de nos écouteurs : autant de paramètres qui influent sur notre état général. Mais les outils à venir promettent davantage de précisions et de personnalisation. On parle même désormais de thérapie digitale ou DTx pour désigner notamment les applications mobiles et les dispositifs connectés destinés à prévenir, gérer ou traiter un trouble ou une maladie. Smartphone et stéthoscope, même combat ?

Un jumeau numérique pour tester ses traitements

Si la personnalisation des soins est au cœur des travaux de recherche, c’est que le sujet est crucial. Chaque année, de 10 000 à 30 000 personnes meurent à la suite d’une erreur médicamenteuse. Et on estime que parmi ces décès, un tiers tient à un manque de finesse dans les prescriptions. Une solution ? Un « jumeau numérique ». Autrement dit une application qui simulerait l’action de médicaments chez un patient, tout en tenant compte d’un maximum de ses paramètres : poids, taille, mais aussi mutations génétiques, état de la fonction rénale… « Nous cherchons à voir aussi dans quelle mesure le ressenti du patient, forcément subjectif, pourrait être pris en compte pour affiner ce jumeau numérique, explique Fabien Astic, cofondateur de la start-up ExactCure qui travaille sur ce projet. On peut aussi imaginer y intégrer les mesures prises par des objets connectés comme la température ou le rythme cardiaque. » À terme, la start-up ambitionne de modéliser ainsi les interactions entre trois, quatre, voire davantage de médicaments. Pour obtenir, avant la prise, des simulations médicamenteuses quasi individualisées.

Du suivi médical à distance

Et si, demain, notre médecin gardait un œil sur nous en permanence ? Là encore, de nombreuses start-up envisagent l’option grâce à la technologie numérique. Dans le domaine, les projets fusent. Globalement, ils cherchent à répondre à trois types de besoins : la facilitation d’accès aux experts via la télémédecine par exemple, mais aussi la prévention et la mesure de données au quotidien. Côté prévention, par exemple, des études montrent l’intérêt d’un outil d’analyse du sommeil auprès des personnes ayant déjà fait une tentative de suicide. L’altération du sommeil entraîne en effet davantage de passages à l’acte. Si de tels troubles étaient mesurés à travers l’un des nombreux produits connectés déjà existants, un auxiliaire médical pourrait rapidement réagir. Appeler la personne pour renouer un lien, vérifier son état psychique et émotionnel peut éviter le passage à l’acte.

De la prévention par le biais des objets connectés

Dans un autre secteur, la télésurveillance en oncologie devrait permettre, d’ici une dizaine d’années, de prédire une récidive en fonction des données mesurées. « Beaucoup de données peuvent déjà être récupérées par des outils connectés au smartphone, rappelle Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat (Paris) et coordinateur d’essais cliniques en santé connectée. Demain, ces informations pourraient être partagées en temps réel avec le médecin pour ajuster, mettre en place un traitement ou alerter. Le poids, par exemple, peut être un indicateur très important pour savoir si un patient, insuffisant cardiaque, risque une complication grave comme la décompensation. » Pour Boris Hansel, la technologie n’est pas le verrou majeur à l’éclosion de ces techniques. Mais il reste à convaincre les praticiens, déjà surchargés, de s’approprier et de prescrire de telles solutions…

Des diagnostics grâce à l’intelligence artificielle

Depuis la pandémie, la téléconsultation s’est démocratisée. Mais certains imaginent déjà que le parcours patient pourrait être transféré dans un monde totalement dématérialisé, nommé le métaverse. « Ce monde parallèle regroupera à la fois de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et des jumeaux numériques, décrit le professeur Boris Hansel. Ce serait une transformation de la médecine. À partir de nos données, le diagnostic serait largement établi par l’intelligence artificielle. Les méthodes d’analyse seraient différentes de ce qui se fait en face-à-face. » Pour l’heure, les travaux sont encore balbutiants et les freins nombreux. Irons-nous, via notre smartphone et des lunettes connectées, consulter des algorithmes et des professionnels du monde entier en version pixélisée ? C’est en tout cas ce qu’ambitionnent les géants du numérique.

Notre armoire à pharmacie sous surveillance

Tout juste lancées, des applications (mises au point par la start-up ExactCure) permettent gratuitement à chacun de s’y retrouver dans ses médicaments. Les deux sont considérées comme des dispositifs médicaux.

• Med&moi, créée avec le soutien d’UPSA, propose de gérer son armoire à pharmacie familiale, d’apporter des conseils personnalisés et de simuler une posologie pour une automédication responsable.

• ExaMed est une première version d’un jumeau numérique destiné aux patients atteints de maladie chronique ou en poly-médication. Il aide à éviter les erreurs de dosage, enregistre l’historique des médicaments absorbés, envoie des rappels de prise, en connexion avec des professionnels de santé.

Une future appli dédiée aux urgences

Chaque année, 69 millions d’appels d’urgence sont passés en France. En cas grave, le délai de réactivité de ce service est primordial et chaque minute compte. La start-up HighWind développe une application permettant aux victimes d’envoyer facilement des informations cruciales aux secours : les coordonnées GPS, la photo des blessures, celle des lieux pour être mieux repérées, ainsi que des données sur elle-même. Objectif : aider à mieux qualifier le degré d’urgence et optimiser la réponse des secours.

Merci à notre expert, Pr Boris Hansel, endocrinologue et présentateur de la chaîne santé PuMS (Pour une meilleure santé) sur YouTube

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