« Bardo », fausse chronique mais vrai portrait d’Alejandro González Iñárritu

  • Alejandro González Iñárritu livre un film somme impressionnant avec « Bardo ».
  • On y suit un documentariste mexicain célèbre retournant au pays après avoir longtemps vécu aux Etats-Unis.
  • Cette fresque évolue entre intimité et spectaculaire pour évoquer le mal-être d’un artiste déraciné.

Info ou intox ? Vrai ou faux ? C’est lui ou pas ? Ce sont les questions que le spectateur se pose immédiatement devant Bardo, fausse chronique de quelques vérités d’Alejandro González Iñárritu, disponible dès vendredi sur Netflix. Le héros du film, joué par Daniel Giménez Cacho, est un documentariste mexicain installé aux Etats-Unis. Il revient dans pays natal pour y recevoir un prix et ressemble comme deux gouttes d’eau au réalisateur de Babel, Birdman ou The Revenant, qui signe ce long métrage après sept ans loin des plateaux.

« Cette ressemblance physique n’est évidemment pas un hasard, confie Alejandro González Iñárritu à 20 Minutes. Je ne nie pas que Bardo parle de moi et a donc un côté narcissique. » Avec autant d’humour que de poésie, le cinéaste plonge le spectateur dans son « bardo » (état de conscience intermédiaire dans la religion bouddhiste) pour une fresque de près de trois heures où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde.

Entre deux pays et deux cultures

« Grâce à Netflix, j’ai eu la liberté et le budget nécessaire pour ce projet très personnel, insiste le cinéaste. Je suis persuadé que mes questionnements peuvent parler à bien des gens qui comme moi se sentent parfois comme des axolotls sortis de l’eau. » Cet adorable batracien rose qui ressemble à un Pokémon vivant est l’un des emblèmes d’une œuvre foisonnante découverte cette année à la Mostra de Venise. Le réalisateur offre une promenade variée dans un univers onirique où le héros retrouve ses racines mais aussi un ancien collègue revanchard tout en devant composer avec ses enfants cherchant leur identité entre deux pays et deux civilisations.

Une scène douloureuse face à un agent d’immigration refusant d’admettre la nationalité américaine du héros souligne ce malaise autant qu’un talk-show où il est pris à partie devant les caméras. « J’ai tout exagéré mais ce que vit le protagoniste correspond à mon ressenti, » insiste le réalisateur. On a l’impression de plonger dans le cerveau de cet homme brillant pour un rêve éveillé visuellement époustouflant. « Je me suis tout autorisé même les plus grands délires », reconnaît le réalisateur. Il a bien fait : réalité et fiction s’entremêlent pour ce Bardo qui fait figure de film somme confirmant le génie de son auteur.

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