L’objectif de ce nouveau prix littéraire est, selon Roselyne Bachelot, de rapprocher « deux mondes considérés à tort comme éloignés ». Un « Goncourt des détenus » a été lancé lundi par les ministres de la Culture, et de la Justice, Éric Dupond-Moretti, à la maison d’arrêt d’Aix-Luynes dans les Bouches-du-Rhône.
« Les quinze ouvrages sélectionnés par l’académie Goncourt seront proposés à la délibération et aux votes des personnes détenues dans 30 établissements pénitentiaires qui se seront portés candidats. Le 15 décembre prochain, le lauréat sera dévoilé », a expliqué Roselyne Bachelot. La ministre a également rappelé « le lien intime » entre certains « chefs-d’œuvre de la littérature et le drame de la détention ». Elle a cité notamment l’écrivain Jean Genet, incarcéré entre autres pour avoir volé des livres.
L’Académie Goncourt « est ravie »
« C’est un projet ambitieux » qui a « pour but de faire s’intéresser les détenus à la littérature » pour mieux « les réinsérer dans le corps social », a complété le garde des Sceaux. « L’Académie Goncourt est ravie de pouvoir s’associer à ce projet, calqué sur le Goncourt des Lycéens qui existe depuis 1988 », a pour sa part salué son secrétaire général, Philippe Claudel.
Le Centre national du livre a précisé qu’il financerait « l’achat des ouvrages » et « assurera également leur acheminement » vers les centres de détention. Les détenus font partie des publics visés par cet établissement public, qui avait financé 20 « porteurs de projets » en faveur de la lecture en 2021.
Promouvoir la culture en prison
Lors de leur déplacement à Luynes, les deux ministres ont également signé un nouveau protocole pour promouvoir la culture en prison. Le premier avait été signé en 1986 par Robert Badinter et Jack Lang, et le dernier datait de 2009. « Le nouveau protocole réaffirme la volonté d’offrir aux détenus une vraie programmation culturelle, avec la possibilité d’y prendre part et de s’exprimer artistiquement », a expliqué Roselyne Bachelot. « Il s’attache à favoriser l’offre culturelle pour les mineurs, réaffirme l’importance de la formation culturelle des personnels pénitentiaires, des intervenants et des personnes détenues », a-t-elle ajouté. « Il pose également la volonté de tisser des liens plus étroits entre le dedans et le dehors et inscrit la nécessité d’équiper tous les établissements pénitentiaires d’espaces adaptés aux pratiques culturelles : lieux de diffusion de films, de spectacles… ».
Pour Éric Dupond-Moretti, « la culture est un vecteur de revalorisation personnelle, d’insertion scolaire, professionnelle, sociale. Elle peut être considérée comme un élément qui donne du sens à la peine dans une perspective de prévention de la récidive ». En outre, « la participation à des activités culturelles en prison, l’implication notamment dans la lecture et l’écriture » peuvent, avec un bon comportement en détention, également favoriser des réductions de peines.
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