Au Festival de La Rochelle, Arte ne laisse que des miettes à la concurrence

  • Le Festival de la fiction de La Rochelle (Charente-Maritime) s’est tenu du 12 au 17 septembre 2023.
  • Le jury présidé par Audrey Fleurot a attribué six trophées à deux téléfilms d’Arte, A la joie et Loulou. France TV Slash repart avec les prix des meilleures séries de moins de vingt minutes (Océan : Faire famille) et 26 minutes (Parlement).
  • Le thème de la parentalité parcourait un grand nombre de fictions françaises en compétition cette année.

Un bulldozer nommé Arte. La chaîne franco-allemande était en compétition avec quatre unitaires, des téléfilms de 90 minutes, au Festival de la fiction de La Rochelle, qui s’est conclu dimanche. Elle est repartie de Charente-Maritime avec six des neuf trophées auxquels elle pouvait prétendre. A savoir les prix du jeune espoir féminin (Amel Charif), de la meilleure interprétation masculine (Pablo Pauly) et de la meilleure réalisation (Jérôme Bonnell) pour A la joie. Et ceux du meilleur scénario, du jeune espoir masculin (Oussama Kheddam) et de la meilleure interprétation féminine (Louise Massin) pour Loulou.

Le trophée du meilleur unitaire est allé à Drone Games d’Olivier Abbou, prochainement mis en ligne sur Amazon Prime Video. Celui de la meilleure série 52 minutes a été décerné à Follow, un thriller de 13e Rue où la community manager de la préfecture de police enquête sur un serial killer sévissant à Paris.

Les collégiens votent YouTube

Le jury présidé par Audrey Fleurot, et dans lequel figuraient notamment les comédiens Medi Sadoun et Constance Labbé, a donc snobé les propositions des chaînes aux plus fortes audiences. Même les scolaires votant pour le prix des collégiens ont porté leurs suffrages vers les histoires très courtes (2 minutes par épisode) des Glands ne savent pas sauter visibles sur… YouTube.

M6 peut se consoler avec le prix de la meilleure musique attribué à Philippe Jakko pour Les Espions de la terreur, une mini-série, aussi efficace qu’exigeante, en quatre épisodes, sur la traque des responsables des attentats de novembre 2015.

France Télévisions peut dire merci à sa plateforme France TV Slash. C’est grâce à elle que le service public a glané deux récompenses : celle de la meilleure série de moins de vingt minutes pour la fiction documentaire Océan : Faire famille et celle de la meilleure série 26 minutes pour la saison 3 de Parlement, plongée drolatique dans les arcanes de l’institution européenne.

TF1 presque bredouille

En revanche, rien pour la mini-série Tout cela je te le donnerai – réactualisation des grandes sagas familiales – ni pour les trois unitaires concourant sous la bannière France 2. Un destin inattendu, librement inspiré de l’aventure de sa réalisatrice, Sonia Rolland, à l’élection de Miss France 2000, L’enchanteur, retraçant la supercherie de Romain Gary – campé par Charles Berling – et de son alter ego Emile Ajar, et Droit de regard, mettant en scène une mère de famille sur le point de perdre la vue, sont repartis du Festival sans rien. Trop consensuels, peut-être, pour un jury qui s’est borné à concentrer la majorité des trophées attribués autour de deux fictions aux écritures plus inattendues.

Le groupe TF1, lui, est reparti bredouille ou presque : Les Combattantes, mini-série diffusée l’an passé sur la première chaîne, a reçu le Prix Télé Loisirs de la meilleure fiction à l’issue du vote des internautes. Il présentait en avant-première La Tribu, dramédie sur les aléas d’une famille recomposée, adaptée d’un format suédois, bientôt programmé sur TF1 et Benoît Gênant Officiel, série en plusieurs épisodes de 26 minutes, dont le rôle-titre est interprété par Artus, attendue sur TMC.

Au cas où il y aurait blessure d’orgueil, les chaînes historiques devront attendre les diffusions respectives de ces nouveautés pour se réconforter – la majorité devrait finir par trouver leur public.

« Qu’est-ce qu’être une bonne mère ? »

Téléspectateurs et téléspectatrices peuvent s’attendre à voir la thématique de la parentalité déclinée dans tous les registres. Qu’est-ce qu’être un bon père ? et, surtout, Qu’est-ce qu’être une bonne mère ? étaient les questions qui taraudaient, explicitement ou non, un bon paquet des fictions en compétition à La Rochelle.

La multiprimée Loulou, suite et déclinaison en téléfilm de la Web-série humoristique du même titre, met en scène une mère célibataire s’échinant à reconquérir l’attention et le respect de son jeune fils. Sous un intitulé volontairement provocateur, Mère indigne (France TV Slash) aborde la question de la charge mentale et de la pression sociale exercée sur les mamans célibataires en suivant une femme fraîchement divorcée – jouée par Anne-Elisabeth Blateau – dans sa tentative d’être une « super mom ». Dans Droit de regard, en plus de devoir se préparer à la cécité à laquelle elle est condamnée, Alexandra (Camille Goudeau) doit prouver qu’elle est capable de continuer à élever seule ses enfants.

Côté papas, Les enchantés, adaptation très libre des Demeurées de Jeanne Benameur, narre, tel un conte cruel, le destin d’une petite fille et de son père, porteur d’un léger handicap mental. Dans La fille qu’on appelle, adaptation fidèle du roman de Tanguy Viel, le père de l’héroïne comprend quant à lui tardivement la situation d’emprise dans laquelle sa fille se trouve… Et dans La Tribu de TF1, un partout la balle au centre, père et mère doivent s’adapter à la nouvelle donne de leur famille recomposée. Bref, d’une chaîne à l’autre, ce sera un peu « parents, mode d’emploi ».

Fictions internationales

Dix fictions francophones étrangères, cinq fictions européennes et quatre formats courts étrangers étaient également en compétition à La Rochelle. Le jury a salué deux créations québécoises, A propos d’Antoine (Prix de la meilleure œuvre francophone) et Géolocaliser l’amour (Prix du meilleur format court étranger) et la série danoise Carmen Curlers.

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