Athlète, mondaine et fortunée : qui est la princesse de Dubaï réfugiée à Londres ?

Réfugiée dans son somptueux appartement londonien depuis le 3 juillet, la princesse Haya Bint al Hussein, épouse de l’émir de Dubaï, dit craindre pour sa vie. À 45 ans, cette cavalière émérite, mondaine et fortunée comparaît depuis le 12 novembre devant la Haute Cour de Londres pour obtenir la garde exclusive de ses enfants.

Ce sera à la justice londonienne de trancher. La princesse Haya Bint al Hussein, épouse de l’émir de Dubaï, comparaît depuis ce mardi 12 novembre devant la Haute Cour pour obtenir la garde exclusive de ses deux enfants. Dans un tailleur rose bonbon, la demi-sœur du roi de Jordanie est arrivée ce mercredi 13 novembre accompagnée de son avocate, la baronne Fiona Shackleton. À 63 ans, cette ténor du barreau est célèbre pour avoir défendu le prince Charles lors de son divorce avec Lady Diana. Le Cheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum, quant à lui, est défendu par une autre avocate de renom : Lady Helen Ward, qui compte parmi ses clients le réalisateur Guy Richie.

La princesse Haya Bint al Hussein se rend à la Haute Cour de Londres en compagnie de son avocate, la baronne Fiona Shackleton. (Londres, le 13 novembre 2019.)

Après Cheikha Latifa, fille de l’émir de Dubaï, la princesse Haya Bint al Hussein avait décidé de mettre les voiles au début du mois de juillet. La princesse dubaïote, demi-sœur du roi de Jordanie, se serait d’abord enfuie en Allemagne avant de se réfugier à Londres le 3 juillet, d’où elle aurait entamé les démarches pour divorcer. La princesse de 45 ans, épouse de l’émir de Dubaï Mohammed ben Rached al-Maktoum, «craindrait pour sa vie», comme le rapportait alors la BBC. Le 30 juillet, la fille du défunt roi Hussein de Jordanie a demandé à être placée sous une ordonnance de protection contre des brutalités et réclamé la garde de ses enfants, lors d’une audience à laquelle seule la presse britannique a été autorisée à assister.

Lire aussi » L’épouse de l’émir de Dubaï devant la justice contre un mariage forcé

À plusieurs milliers de kilomètres de là, son époux fulmine. «Vous avez trahi la plus précieuse des confiances», «vous n’occupez plus aucune place pour moi», «je n’en ai cure que vous soyez morte ou vivante», tempêtait Cheikh Mohammed dans un message publié sur les réseaux sociaux le 22 juin. Longtemps très uni, le couple se déchire sans qu’on en connaisse bien les raisons. Toujours est-il que la princesse Haya, une mondaine ambitieuse et sportive, s’est envolée. Emportant avec elle ses deux enfants de 7 et 11 ans et une quarantaine de millions d’euros, de quoi assurer ses arrières. Haya Bint al Hussein se cache maintenant dans son luxueux appartement de Kensington Palace Gardens, terrifiée à l’idée d’être enlevée.

« Des étoiles dans les yeux »

Rien n’annonçait un tel scandale. Depuis leur mariage en 2004 et jusqu’à tout récemment, l’émir de Dubaï et sa sixième épouse s’affichent en couple solide. La princesse Haya a «des étoiles dans les yeux lorsqu’elle parle de son mari, et son admiration pour lui et pour ses enfants est palpable», écrit une journaliste du magazine Emirates Woman en 2017. Le compte Instagram de la princesse regorge de photos de son mari, de quatorze ans son aîné. Le glacial émir y apparaît en père de famille aimant.

Lire aussi » Latifa, la princesse émiratie qui voulait fuir sa famille, toujours introuvable un an après

Mais alors, pourquoi cette fuite ? «Elle s’est apparemment sentie en insécurité», expliquait au Figaro Radha Stirling, directrice de Détenu à Dubaï, une organisation britannique qui défend les victimes d’arrestation arbitraires dans la région. C’est le scandale de l’évasion de Cheikha Latifa qui aurait brisé l’harmonie du couple royal. «Des sources proches de la princesse Haya ont déclaré qu’elle a récemment découvert des faits troublants derrière le mystérieux retour à Dubaï de la cheikha», écrit ainsi la BBC. Cette dernière a tenté de s’enfuir en bateau il y a un an. Un projet d’évasion rocambolesque et avorté : Latifa a été interceptée en mer et ramenée chez elle. Plusieurs ONG affirment qu’elle est maintenue prisonnière. À l’époque, la princesse Haya joint sa voix à celle de son époux et jure que Latifa va bien et est en sécurité.

Mondanités hippiques

En 2016, le couple royal était invité à une course hippique en l’honneur des 90 ans de la reine d’Angleterre. (Londres, le 4 juin 2016).

Fille de feu le roi Hussein de Jordanie, et demi-sœur de l’actuel souverain, la princesse Haya est née à Amman, la capitale jordanienne. De sa mère la reine Alia, décédée alors qu’elle n’avait que trois ans, elle a hérité de la nationalité britannique. À 11 ans, elle s’envole au Royaume-Uni. Elle est scolarisée à Bristol, puis dans le Dorset, avant d’étudier l’économie, la philosophie et les sciences politiques à Oxford. La jeune princesse se met aussi à l’équitation, et s’impose aussitôt comme une cavalière exceptionnelle. À 13 ans, elle est la première femme à représenter la Jordanie dans les compétitions internationales de saut d’obstacles, puis la première athlète professionnelle de son pays en 2000. Cette année-là, elle représente Amman aux Jeux olympiques de Sydney, puis aux Jeux équestres mondiaux deux ans plus tard. Elle est aussi la première Jordanienne à passer un permis poids lourds… pour transporter ses chevaux.

Haya Bint al Hussein partage la passion des équidés avec son mari. Amateur d’endurance, l’émir de Dubaï a été champion du monde de la discipline en 2012, et possède plus de 700 chevaux d’endurance, répartis dans des haras dans le monde entier. Mais Cheikh Mohammed est surtout le fondateur des prestigieuses écuries Godolphin, installées près de Londres, et l’un des plus importants investisseurs de Newmarket, le centre névralgique des courses équestres du Royaume-Uni. Pendant des années, le couple royal fréquente la haute société britannique et les courses hippiques du Royal Ascot. Cheikh Mohammed et Haya y côtoient la reine d’Angleterre, mais aussi le prince Charles et la duchesse de Cornouailles, dont la princesse est proche. Des liens qui pourraient mettre la famille royale britannique dans une posture difficile maintenant que le scandale éclate.

En vidéo, le journaliste Georges Malbrunot revient sur la fuite de la princesse

Leadership, conflits d’intérêt et venin de vipère

Haya Bint al Hussein n’est pas qu’une athlète émérite, elle aussi une chef reconnue. La princesse a créé plusieurs ONG humanitaires et ses engagements lui ont valu de nombreux prix, notamment décernés par les Nations Unies. En 2006, elle devient la première présidente non-européenne de la Fédération équestre internationale (FEI), poste qu’elle occupera huit ans. La moderne princesse y révolutionne la communication, donne une nouvelle aura à l’équitation et défend la discipline auprès du Comité international olympique, dont elle devient membre en 2007. Mais plusieurs scandales entachent sa présidence. En 2011 et 2012, de nombreux pur-sang meurent lors de courses d’endurance. À l’époque, un vétérinaire affirme qu’un cocktail explosif a été administré aux animaux en intraveineuse, comme le raconte Le Monde : vodka, antalgique et venin de vipère ou de crapaud. Des substances indétectables, mais fatales. Difficile de ne pas voir de conflits d’intérêt entre cette affaire et le goût immodéré de son époux pour l’endurance. D’autant plus que Cheikh Mohammed régente quasiment le marché des pur-sang, en achetant et vendant les animaux de ses écuries d’exception.

Pendant que certains chevaux meurent en course, d’autres ne passent pas les tests antidopage. Entre 2010 et 2012, 41 chevaux sont contrôlés positifs. La plupart d’entre eux concourent en endurance, discipline poutant minoritaire, et les cavaliers concernés sont presque tous issus du Moyen-Orient, Émirats arabes unis en tête. Pour calmer la grogne, la princesse Haya délègue la gestion de cette discipline à ses vice-présidents, et annonce son intention de ne pas briguer de troisième mandat. La FEI s’apprêtait pourtant à modifier ses statuts pour qu’elle puisse rester. À n’en pas douter, la mondaine princesse aurait adoré garder son poste. Les chevaux «m’ont donné le vrai sens de la vie, racontait-elle au Point après sa nomination à la tête de la FEI. Le courage, l’humilité, la confiance en soi». Visiblement, elle en a eu assez pour s’enfuir à Londres.

Cet article initialement publié le 3 juillet 2019 a été mis à jour.

Source: Lire L’Article Complet