Des vacances gâchées, c’est rageant, mais c’est pire si vous y êtes de votre portefeuille. Rassurez-vous, de nombreuses garanties vous protègent.
Vous l’attendiez depuis des mois, vous aviez déjà dans votre valise la dernière édition de plusieurs guides, prévu l’arrosage des plantes, la garde des chats et patatras, la tuile. Une terrifiante rage de dents le jour du départ et adieu le joli séjour sur la Costa Brava (Catalogne). Et c’est le moment où vous regrettez de ne pas avoir souscrit une assurance voyage… qui peut s’avérer inutile parce que vous êtes souvent déjà protégé, mais vous ne le savez pas. Soit par les garanties de votre carte bancaire (lire encadré), soit grâce aux textes réglementaires existants. Que ce soit pour votre transport comme pour votre séjour.
78 % : C’est le pourcentage de Français qui prévoient de partir en vacances cet été (Baromètre Europ Assistance 2023)
Le transport
Cas le plus courant : le retard ou l’annulation du voyage. Quand ils relèvent de la responsabilité du transporteur, il assume par exemple les frais de logement et de restauration si besoin. Voici cependant les principales différences entre les moyens de transport.
Pour l’avion, à partir de 3 heures de retard, la compagnie doit verser une indemnité forfaitaire de 250 à 600 euros à chaque passager. Si l’annulation d’un vol intervient moins de quatorze jours avant le départ, les voyageurs ont droit soit à un remboursement, soit à un billet pour un autre vol.
Mais ces dispositions ne concernent que les vols au départ d’un pays européen ou les compagnies européennes. Si vous avez pris un aller-retour pour Marrakech avec Air France, par exemple, vous relevez de ce règlement. Si vous partez avec Royal Air Maroc et que votre avion de retour est annulé, c’est la réglementation marocaine qui s’applique.
Le train se conforme aussi à des règles européennes, mais la SNCF offre des garanties plus généreuses. Ainsi elle rembourse 25 % du billet pour un retard entre 30 minutes et 2 heures, 50 % entre 2 et 3 heures et 75 % au-delà.
Pour le car, le système d’indemnisation est moins performant. Il faut au moins 2 heures de retard au départ pour obtenir un remboursement ou un réacheminement.
La perte, le vol ou la détérioration des bagages sont indemnisables s’ils sont en soute, donc dans l’avion ou le car. Tous les effets personnels qui sont avec vous sont sous votre responsabilité, le train ne verse ainsi aucune compensation.
« Si le transporteur refuse de vous indemniser, ou ne répond pas dans les deux mois à votre demande, il faut saisir le médiateur dont les coordonnées sont communiquées par la compagnie. Mais l’avis de ce médiateur est seulement consultatif, même si les transporteurs le suivent en général », explique Anne-Sophie Trcera, directrice juridique à la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).
Le séjour
Si vous passez par un voyagiste, vous pouvez souscrire son assurance ou vérifier que votre carte bancaire vous apporte les garanties nécessaires. Cependant, l’agence de voyages est responsable du bon déroulement du séjour. Vous tombez malade pendant vos vacances, que ce soit en France ou à l’étranger, toutes les formules couvrent les frais de rapatriement au plus près de chez vous. Selon la disponibilité des hôpitaux ou cliniques. Un organisme comme Europ Assistance en organise 7 000 par an.
Sachez que vous ne pouvez pas vous enrichir avec une assurance, elle rembourse ou indemnise des dommages en totalité ou en complément d’autres organismes comme la Sécurité sociale.
Carte multifonction
En plus de sa fonction de paiement, votre carte bancaire prévoit une assurance pour vous et votre famille, dont la couverture et les plafonds de remboursement diffèrent selon sa catégorie et selon les banques. Ainsi la Visa Classic (45 euros par an environ) garantit le rapatriement pour raisons médicales mais, contrairement à la Premier (130 euros par an en moyenne), elle ne couvre pas les cas d’annulation de voyage. À vous de vérifier votre contrat auprès de votre conseiller avant de partir. L’assurance voyage, pour sa part, ne couvre qu’un déplacement à la fois, à la différence de la carte.
3 questions à Jeanne Depond : “Nous refusons 70 % des demandes”
©Jeanne Depond
Cofondatrice avec Li Cai du site Lyanne.fr qui aide à la négociation entre assurés et assureurs.
France Dimanche : Est-il utile de prendre une assurance voyage ?
Jeanne Depond : Si vous disposez d’une carte bancaire Premium et que vous effectuez des séjours de moins de 90 jours en Europe, non.
FD : Les cas d’annulation sont les plus fréquents, comment sont-ils couverts par les assurances ?
JD : Pour être remboursé, il faut annuler pour un événement imprévu, un virus, un accident, le décès d’un proche, et non pas parce que vous n’avez plus envie de voyager, parce que vous avez trouvé un voyage moins cher ou même pour une maladie chronique.
FD : Comment aidez-vous les particuliers ?
JD : Quand certains clients ont du mal à se faire entendre de leur assureur, nous pouvons nous charger de leur dossier, moyennant 49 euros et 15 % de l’indemnisation reçue. Mais nous refusons 70 % des demandes, injustifiées.
Béatrix GRÉGOIRE
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