Assurance-vie : 5 conseils pour choisir le bon contrat

Ce n’est pas un hasard si ce placement reste le chouchou des Français, malgré la baisse des rendements. Et un incomparable outil de transmission.

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Malgré l’érosion des rendements des fonds en euros, l’assurance-vie demeure l’un des meilleurs placements, notamment pour ses atouts fiscaux : les gains sont peu imposés, surtout après huit ans, et les fonds transmis en cas de décès sont toujours exonérés ou peu taxés. Enfin, les contrats n’ont pas de plafond – à l’inverse du livret A ou du PEA – et donnent accès à un large univers d’investissement : fonds en euros, fonds actions français ou internationaux, supports immobiliers. Imbattable, donc, à condition, plus que jamais, de bien choisir son contrat : compte tenu de la baisse des performances, les frais pratiqués par certains établissements effacent d’entrée quatre ans de gains !

Examinez le rendement du fonds en euros

Votre conseiller bancaire propose le contrat maison ? Demandez l’historique des performances du « fonds en euros ». Ces supports, majoritairement investis dans des obligations peu risquées, restent la meilleure option pour placer son argent avec une garantie en capital et un rendement supérieur à l’inflation (80% des 1 700 milliards d’euros d’encours de l’assurance-vie y sont placés). Avec la baisse continue des taux d’intérêt, leur performance a ralenti pour s’établir en moyenne en 2020 autour de 1,1%* après frais de gestion (soit 0,3% net d’inflation), contre 1,46% en 2019 (0,4% de mieux que l’inflation) et 1,8 % en 2018 et 2017 (c’était 5,8% en 1996). Mais certains d’entre eux ont encore rapporté 1,5% voire davantage l’an dernier, battant toujours largement les livrets. En revanche, si le fonds en euros du contrat proposé est régulièrement en queue de peloton, fuyez car au fil des années, l’écart de performance se creuse : sur huit ans, les meilleurs fonds en euros ont rapporté 20 à 25% nets de frais et prélèvements sociaux, contre 6,5% à 11% pour les pires, avec un bonnet d’âne pour certains contrats des Caisses d’épargne, d’Allianz, de La Banque Postale ou du Crédit agricole.

Vérifiez les conditions d’accès au fonds en euros

Fin 2020, 34% de la collecte se faisait sur d’autres supports que le fonds en euros, contre 25% en 2019. Explication ? Fini l’époque où l’on pouvait toujours faire un gros versement – par exemple après la vente d’une résidence secondaire – pour alimenter à 100% son fonds en euros. « Aujourd’hui, la majorité des contrats obligent à verser 5% à 50% sur des « unités de compte » (fonds d’actions, immobiliers, etc.). Et de nombreux établissements incitent leurs clients à diversifier leur mise en dopant la rémunération du fonds en euros pour ceux qui investissent une part significative autrement », note Nicolas Cagi-Nicolau, directeur général d’Investisseur Privé. Parmi les contrats dotés d’un bon fonds en euros et permettant d’y verser au moins 30 000 euros sans condition, citons le Contrat Afer, Boursorama Vie, Evo »lution Vie (assurancevie.com), Dynavie (Monceau Assurances), RES Multisupport (MACSF), Multeo (GMF), Multi Vie (Macif), Winalto (Maaf), Garance Épargne ou les contrats de la Carac.

Assurance-vie : analysez et négociez les frais

À l’exception des contrats en ligne, les contrats dotés d’un bon fonds en euros prévoient des frais sur versements. Ces derniers varient de 0,5% (Afer), 1% (BNP Paribas, MACSF), 2% (GMF, Capma & Capmi, Maaf) – ce qui reste acceptable si le fonds en euros est bon – jusqu’à 4,5% (AG2R La Mondiale) voire 4,85% (Axa), ce qui devient exorbitant. « Avec une performance de 1%, cela « mange » d’office quatre ans de gains », met en garde Laure Prenat, directrice générale de Panorabanques.com. « D’autant plus dommageable que le capital investi sur le fonds en euros n’est garanti qu’à hauteur des versements nets de frais : si vous deviez retirer en urgence votre épargne après quelques mois, vous seriez perdant. » À défaut d’opter pour un contrat internet, sachez que ces frais peuvent être négociés, surtout pour des sommes importantes (si vous souscrivez via un conseiller en gestion de patrimoine indépendant, il négociera pour vous). « Renseignez-vous aussi sur les frais de gestion annuels : la moyenne est de 0,7% pour les fonds en euros et de 0,8% pour les autres, avec des pics à plus de 1% », poursuit Laure Prenat. Ceux qui changent souvent de supports au sein de leur contrat surveilleront aussi les frais d’arbitrage, qui oscillent de 0% à 1% (0,5% restant le maximum acceptable).

Prenez en compte le nombre de fonds proposés

« Préférez un contrat qui ne se limite pas aux fonds « maison » », conseille Nicolas Cagi-Nicolau (les banques ont tendance à proposer surtout des fonds de leurs filiales, chargés en frais et pas toujours performants). Dans l’idéal, un contrat donne accès à tous les gestionnaires reconnus (BlackRock, Carmignac, DNCA, Lazard Frères, State Street…). Pour les épargnants qui privilégient une enveloppe simple et arbitrent peu, cinq à quinze bons supports suffisent toutefois. Exemples de multisupports simples avec des frais raisonnables et un bon fonds en euros ? Garance Épargne, RES Multisupport (MACSF), le Contrat Afer, Actépargne2 (La France Mutualiste), Assurance Vie Responsable et Solidaire (Maif), Carac Profiléo, Vivépargne 2 (AG2R La Mondiale), Multi Vie (Macif), Multéo (GMF) ou encore Winalto (Maaf). Vous souhaitez davantage de fonds ? Si vous pouvez arbitrer depuis votre ordinateur, les contrats en ligne restent les plus performants (Bforbank Vie, ING Direct Vie, Linxea Avenir, Boursorama Vie, Fortuneo Vie, Solid’R Vie), avec des centaines de fonds sans frais d’entrée ni d’arbitrage. Précision ? Qui dit « unité de compte » ne dit pas forcément prise de risque : certaines sont investies en obligations ou actions peu risquées, et en immobilier. « De plus en plus de contrats donnent accès à des supports immobiliers comme les SCPI, OPCI ou SCI, qui servent 3 à 5% de rendement annuel ; les SCPI ont rapporté 6,08% sur les trente dernières années, 4,40% en 2019 et autour de 4% en 2020 », explique Jonathan Dhiver, fondateur de Meilleurescpi.com. Intéressée ? Vérifiez que le contrat en propose (certains en référencent jusqu’à une trentaine, comme Linxea Avenir), que leurs gestionnaires sont réputés (Sofidy, Perial, Paref Gestion, La Française AM, Amundi…) et que les frais de souscription n’excèdent pas 5 à 8%.

Services et garanties : faites le tri

Avant de souscrire, posez ces questions. À quelle fréquence et comment sont envoyés les relevés de compte ? Quel délai et quel formalisme pour les versements et « rachats » (retraits) ? Quelle mise minimale à chaque versement ? Certains contrats prévoient encore des versements périodiques avec un échéancier mais, le plus souvent, versements et retraits sont libres (on peut aussi les programmer), sans formalités (une lettre ou un mail suffisent), l’argent atterrissant généralement sur notre compte en quinze jours. Peut-on arbitrer depuis son ordinateur ? Avec un conseiller ? Peut-on avoir de l’aide pour modifier la clause bénéficiaire ? Côté garanties, de nombreux conseillers incitent à souscrire la « garantie plancher », qui couvre les moins-values en cas de décès de l’assuré, et permet aux bénéficiaires de toucher un capital minimum, souvent égal au montant des versements moins les frais d’entrée. « Une option séduisante mais coûteuse – jusqu’à 400 euros annuels pour 10 000 euros de pertes couvertes – et inutile si on prend peu de risques (on est déjà couvert par la garantie du fonds en euros). Enfin, selon les contrats, elle ne protège plus après 70 ou 75 ans », met en garde Christophe Decaix, conseiller en gestion de patrimoine chez 2B Patrimoine.

* À l’heure où nous mettions sous presse, toutes les compagnies n’avaient pas publié leur rendement 2020.

Merci à Laure Prenat, directrice générale de Panorabanques.com ; Nicolas Cagi-Nicolau, directeur général d’Investisseur Privé ; Christophe Decaix, conseiller en gestion de patrimoine chez 2B Patrimoine ; Jonathan Dhiver, fondateur de Meilleurescpi.com.

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