En octobre 2022, une étude publiée dans la revue Jama Neurology avançait qu’un « entraînement mental ciblant la régulation du stress et de l’attention – comme par exemple la méditation en pleine conscience –, s’est révélé un outil bénéfique dans la gestion des aspects cognitifs et émotionnels propres au vieillissement, en particulier pour réduire le stress, l’anxiété et la dépression ».
En partant de l’idée démontrée que « les émotions négatives, l’anxiété et la dépression favorisent l’apparition de maladies neurodégénératives et de démence », des neuroscientifiques de l’université de Genève (Suisse) ont ainsi voulu mesurer les conséquences que ces émotions pouvaient avoir sur notre cerveau et surtout, si ces dernières pouvaient être limitées.
Les résultats de leurs recherches, publiées dans la revue Nature Aging le 12 janvier 2023 arguent que la bonne gestion des émotions serait centrale pour prévenir le vieillissement pathologique.
Pour le Vidal, Dr Christophe Trivalle, gériatre, définissait ce dernier comme « le vieillissement avec différentes pathologies qui s’accumulent au cours du temps et qui vont entraîner une dépendance ».
Des modèles d’activité cérébrale différents selon les âges
Pour parvenir à ce constat, l’équipe suisse a mené deux expériences auprès de deux échantillons différents. Les chercheurs ont d’abord comparé un groupe composé de 27 personnes âgées de 65 ans et plus avec un groupe de 29 personnes âgées d’environ 25 ans. « Les personnes âgées présentent généralement un schéma d’activité cérébrale et de connectivité différent de celui des personnes plus jeunes« , explicite Sebastian Baez Lugo, chercheur et premier auteur des travaux à Science Daily. Les neuroscientifiques ont ensuite répété la même expérience avec 127 personnes âgées.
Ils ont montré à l’ensemble de l’échantillon de courts clips télévisés montrant des personnes en état de souffrance émotionnelle – lors d’une catastrophe naturelle par exemple – ainsi que des vidéos au contenu émotionnel neutre, afin d’observer les activités cérébrales grâce à l’IRM fonctionnelle.
« Notre objectif était de déterminer la trace cérébrale qu’imprime le visionnage de scènes émotionnelles afin d’évaluer la réaction du cerveau, surtout ses mécanismes de récupération. Et en particulier chez les personnes âgées, afin d’identifier d’éventuelles différences entre le vieillissement normal et pathologique », poursuit Sebastian Baez Lugo.
Grâce à l’imagerie cérébrale, les chercheurs ont bien observé « des différences dans le modèle d’activité cérébrale et de connectivité entre les personnes âgées et les jeunes ». La différence était plus notable dans le niveau d’activation du réseau en mode par défaut. Comme le rapporte Health News, « il s’agit d’un réseau cérébral fortement activé à l’état de repos, et dont l’activité est fréquemment perturbée par la dépression ou l’anxiété, suggérant qu’il est impliqué dans la régulation des émotions ».
Une mauvaise gestion des émotions favorise l’apparition de maladies neurodégénératives
« Chez les adultes plus âgés, le cortex cingulaire postérieur qui traite la mémoire autobiographique montre une augmentation de ses connexions avec l’amygdale, qui traite d’importants stimuli émotionnels. Ces connexions sont plus fortes chez les sujets avec des scores d’anxiété élevés ou avec des pensées négatives », explique Sebastian Baez Lugo. D’après les scientifiques, c’est cette connectivité importante qui pourrait indiquer « une déviation du phénomène de vieillissement normal ».
« Comme le cortex cingulaire postérieur est l’une des régions les plus touchées par la démence, notre étude suggère que la présence de ce symptôme indiquant une mauvaise gestion des émotions négatives pourrait augmenter le risque de maladie neurodégénérative.
La démence n’est pas une maladie spécifique mais un terme général désignant la perte de mémoire, de langage, de résolution de problèmes et d’autres capacités de réflexion, et ce n’est pas une partie normale du vieillissement. Le type de démence le plus courant est la maladie d’Alzheimer », rappelle Science Daily.
La méditation et l’apprentissage d’une langue étrangère pour contrer ces effets ?
Dans le but de savoir si l’impact des émotions négatives sur le vieillissement pathologique peut être limité, l’équipe suisse mène actuellement une étude interventionnelle de 18 mois, observant les effets de la méditation et de l’apprentissage d’une langue étrangère pour contrer le phénomène.
« Afin d’affiner encore nos résultats, nous comparerons également les effets de deux types de méditation : la pleine conscience, qui consiste à s’ancrer dans le présent pour se concentrer sur ses propres ressentis, et la méditation dite ‘compassionnelle’, qui vise à augmenter activement les émotions positives envers les autres », précise l’étude.
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